Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2ième guerre mondiale)
188. Wegrow
Wegrow est une ville du district de Varsovie à environ 70km à l'est de Varsovie où les Juifs sont présents dès le début du XVIè. La province appartient alors à la Lituanie, et les Juifs s’occupent de commerce et d'affermage d'impôts. Après que la ville ait été incorporée au royaume de Pologne en 1569, la communauté se développe, devient la première dans la région et obtient de nombreux droits et privilèges: de liberté de s'engager dans le commerce et l’artisanat et exemption des impôts municipaux contre un impôt annuel de deux zlotys par ménage et de 6 pour les nouoveaux venus. En 1765 il y a 3.623 Juifs dans le district, dont 581 en ville. La communauté de Wegrow est la sixième en taille du royaume polonais. Celle de Praga à Varsovie dépend d’elle jusqu’à la fin du XVIIIè. Les Juifs de Wegrow sont commerçants (bétail), tailleurs, tisserands, fourreurs, boulangers, charretiers… Ils sont organisés en guildes. Ils pourvoients les armées polonaises et russes. En 1897, la population juive de Wegrow est forte de 5.150 âmes, soit 62% de la population totale. Beaucoup d’entre eux se sont lancés dès 1850 dans les métiers du luxe: bijoutiers, fourreurs, fabricants des marchandises de luxe et d’articles rituels… La communauté est bien organisée, possède une infrastructure sociale et culturelle importante ainsi que divers partis et associations comme le Bund, les Sionistes, le cercle orthodoxe Gur Hasidim... La population juive est de 5.227 membres en 1931.
Au début de la guerre il y a environ 6.000 Juifs à Wegrow. Immédiatement après leur arrivée, les Allemands commettent de nombreuses exactions contre les Juifs et le 23 septembre 1939 le rabbin de Wegrow, Mendel Morgenstern, est torturé à mort. Durant l’année 1940 environ 1.500 Juifs d'autres régions de la Pologne sont amenés à Wegrow, et le nombre de Juifs s’élève à 7.500 personnes au début de 1942. Le 22 septembre 1942, plusieurs milliers de Juifs de Wegrow et des environs sont déportés au camp de la mort de Treblinka, où ils sont gazés. Mais une importante partie de la population parvient à s'échapper dans les forêts environnantes. Presque tous sont attrapés lors des «Judenjagd» qui suivent et sont fusillés sur place par les Allemands et leurs auxiliaires. Les 100 derniers Juifs, qui restés dans un camp de travail local, sont exécutés le 1 mai 1943.
La communauté n'a pas été reconstituée après la guerre.
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