Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2ième guerre mondiale)
101. Mir
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Mir : la Yeshiva |
Mir est une ville de Biélorussie, dans le district de Novogrudok appartenant à la Pologne de 1918 à 1939. Sa yeshiva (académie rabbinique), fondée en 1815, est un des établissements religieux Juifs les plus célèbres du pays. La veille de la guerre mondiale, la population juive de la ville compte 2.500 membres, soit la moitié de la population totale de la cité.
En septembre 1939 Mir est occupée par l'armée rouge et incorporée à l’Union soviétique. La yeshiva, avec ses cinq cents étudiants, est déplacée à Vilna et par la suite la plupart des étudiants partent pour à Shanghaï.
Le 26 juin 1941, la Wehrmacht entre dans Mir et deux semaines plus tard 19 jeunes Juifs sont exécutés en tant que militants communistes. Le 9 novembre 1941, les Allemands organisent une «Aktion» durant laquelle 1.500 Juifs sont assassinés ; parmi eux la plupart des membres du Judenrat. Après l'Aktion, un ghetto est installé (secteur de l’ancienne forteresse) dans lequel 850 Juifs sont enfermés et un nouveau Judenrat installé. Immédiatement s’organise dans le ghetto un mouvement de résistance clandestine d’environ 80 membres, menée par Shlomo Harhas et Berl Reznik. Son objectif est de se défendre la prochaine fois que les Allemands tentent une «Aktion». Les résistants commencent à accumuler des armes, barres de fer et des haches. Des jeunes filles qui travaillent pour la gendarmerie allemande volent quelques munitions.
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Mémorial des victimes de Mir, dans le cimetière de Nachalat-Itzchak près de Tel-Aviv |
C’est alors qu’apparaît Oswald Rufajzen: Né à Cracovie en 1922 Shmuel Rufajzen est dans sa jeunesse un membre actif du du mouvement sioniste Akiva. Quand la guerre mondiale éclate, Rufajzen s'échappe à Vilna où il rencontre d'autres Sionistes. En 1941, quand les Allemands envahissent la Lituanie, Rufajzen parvient à obtenir de fausses pièces d'identité prouvant qu’il est un un «Volksdeutsche» (Allemand ethnique) appelé Josef Oswald. Rufajzen part pour Mir, où il commence à travailler pour le chef de la police locale. Bientôt, sous le nom d'Oswald, il est nommé adjoint du commandant de la police allemande et traducteur officiel. A Mir, il rencontre Shlomo Harhas et Berl Reznik, deux amis sionistes rencontrés avant guerre à Vilna, qui sont les chefs de la résistance du ghetto de Mir. A l’insu des Allemands, Rufajzen leur apporte sa collaboration, leur fournissant renseignement et armes. Il leur conseille vivement d’abandonner le plan de résistance armée à l’intérieur du ghetto, mais de fuir en forêt pour y continuer la résistance. Le 6 aôut 1942, il prévient ses amis que le ghetto va être liquidé le 13.; ils les prévient aussi que le 9, les forces de police et lui-même seraient en opération contre les partisans hors de Mir, et que ce serait une occasion parfaite pour fuir. A la date prévue, seuls 180 Juifs s’échappent du ghetto et se réfugient en forêt, les autres préférant ne pas bouger. Les Allemands ont des soupçons. Ils arrêtent Rufajzen. Mais il parvient à s’échapper et se réfugie dans un monastère où il se cache durant 16 mois. Les Allemands le pistent et il doit s’enfuir dans la forêt où les partisans le prennent pour un allemand. Heureusement quelques partisans, fuyards du ghetto de Mir, le reconnaissent. Après la guerre, Rufajzen aide à l’identification des collaborateurs locaux de Mir. Il retourne à Cracovie où il se convertit au christianisme. Plus tard, il part en Israêl et entre dans les ordres sous le nom de frère Daniel. Il décède dans le monastère Stella Maris du Mont Carmel en Israël en 1999.
Pour les autres Juifs du ghetto, la liquidation commence effectivement le 13 août. Tous les Juifs de Mir sont rassemblés, emmenés dans la forêt de Yablonovshchina, abattus et enterrés dans les fosses communes préalablement creusées.
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