Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2ième guerre mondiale)
157. Skarzysko-Kamienna
Skarzysko-Kamienna (Kamienna pour les Allemands), est un camp de travail forcé pour des Juifs (Zwangsarbeitslager - Judenlager) dans la ville de ce nom situé dans le district de de Kielce. Le camp appartient à la firma HASAG et l’Officier Egon Dalski, le patron des SS de Skarzysko - Kamienna de 1939 à 1943, est également responsable du camp avant que ne lui succède Paul Geldmacher, sous les ordres du chef de la police et des SS du district de Radom, Herbert Bottcher.
Les Juifs arrivent dans le camp en août 1942, et sont répartis dans trois secteurs de l’usine: Werk A, Werk B et Werk C. Le nombre moyen de prisonniers du camp est de 6.000 détenus. On estime que le nombre total de Juifs ayant passé par le camp se situe entre 25.000 et 30.000, et celui des morts entre 18.000 et 23.000. Les trois camps sont situés près des usines dans lesquelles travaillent les prisonniers à côté des ouvriers polonais libres.
Le camp-usine A (Werk A) est le plus grand. Le camp B (Werk B) est administrativement rattaché au camp A et est dirigé par le même «Lagerälteste». Les prisonniers des camps A et B travaillent à la production de munitions, alors que ceux du camp C sont employés à produire des mines sous marines qu’ils remplissent d’acide picrique (L’acide picrique ou trinitrophénol est une des substances chimiques les plus dangereuses. Elle est explosive et très sensible aux chocs, à la chaleur et à la friction. Elle est toxique par toutes les voies de pénétration dans l’organisme…) C'est de loin le camp le plus dur et le plus meurtrier: la durée de vie moyenne d’un détenu travaillant au camp C est de trois mois… les prisonniers meurent en général d'empoisonnement.
Le rythme de travail moyen est de 12 heures par jour. Les prisonniers ont des quotas de production dépassant de loin leurs capacités de travail. Les hommes et les femmes travaillent ensemble, mais sont logés dans des baraques séparées. Les conditions sanitaires sont lamentables, la nourriture insuffisante et les ouvriers ne disposent pas de vêtemets de rechange. Dans chacun des trois camps sévissent rapidement des épidémies. Régulièrement ont lieu des «Selektionen», et les prisonniers choisis sont liquidés par les «troupes de choc» (Stosstruppe) composée de la police de l’usine. Durant le printemps 1944, quand les Allemands doivent fait face à une pénurie de main d'oeuvre, les conditions de vie dans le camp s’améliorent légèrement. Cependant, vers la fin de 1943 et au début de 1944 des exécutions de masse ont lieu dans le camp C. Les victimes sont amenées des prisons de la Gestapo de la zone de Radom. Peu avant la liquidation du camp en été de 1944, les prisonniers Juifs, sous la surveillance des SS, sont obligés d’exhumer les corps de ces victimes afin de les incinérer.
La résistance s’active dans le cap, particulièrelment celle de la «Zydowska Organizacja Bojowa» (organisation juive de combat), et celle du Bund. Les prisonniers Juifs font principalement de la contrebande d’armes et de munitions pour fournir l'Armia Krajowa (armée secrète polonaise). Deux jours avant la liquidation du camp C une évasion de masse de plusieurs centaines de prisonniers a lieu. La plupart d'entre eux sont rattrapés et tués. En juillet 1944 des «Selektionen» ont lieu dans chacun des trois camps, et environ 600 personnes sont tuées sur place. Les 6.000 prisonniers restant sont transférés à Buchenwald et dans d'autres camps en Allemagne.
Après la guerre, 25 agents de maîtrise allemands du camp de Skarzysko - Kamienna ont été jugés en 1948 à Leipzig. Quatre ont été condamnés à mort, deux à la prison à vie et d'autres à des peines de prison de durée variable. Egon Dalski et beaucoup de ses collaborateurs SS n'ont jamais été pris.
![]() | ![]() | ||
Chapitre précédent | Chapitre suivant |
