Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2ième guerre mondiale)
187. Warthegau
«Wartheland» désigne le territoire et l'appareil administratif territorial établi par les Allemands en octobre 1939 dans les territoires polonais annexés par le Reich, et qui existera jusqu’en janvier 1945. Le terme «Warthegau» provient du nom du fleuve «Warta». Jusqu’au 9 janvier 1940 la région se nomme «Reichsgau Posen» et porte sur une surface de 43.942 kilomètres carrés: le Gau comprend la région de Lodz, celle de Posen, une partie de la région de Bydgoszcz, de la Poméranie et de Varsovie. C’est une région peuplée au début de la guerre par environ 4.922.000 habitants, dont 385.000 Juifs et 325.000 «Allemands».
Du 14 septembre au 25 octobre 1939, le responsable de l'administration civile, attachée au commandemant militaire de Posen, est Arthur Greiser qui est nommé par la suite commissaire local de Reich (Reichsstatthalter) et finalement «Gauleiter du Warthegau», nouvelle entité administrative qui remplace le Warthegau. Sous la gestion de Greiser le Warthegau doit devenir l’exemple du développement du national-socialisme. Greiser divise la population en «surhommes» («Ubermenschen») et «sous-hommes» («Untermenschen»), les Allemands faisant evidemment partie du premier groupe, les Polonais, Juifs, et Tziganes au second. En quelques semaines, l'«Ubermensch» s’assure toutes le positions de direction à tous les niveaux de la politique, des affaires et de l'administration économique, accaparant de plus tous les privilèges dans la vie quotidienne.
Durant l’occupation nazie, plus de 70.000 Polonais ont été tués, et d'autres ont été envoyés dans les camps de concentration. Mais les Allemands utilisent toute une batterie de mesures de répression: arrestation des familles, envoi d’un des conjoints dans un camp de travail forcé du Reich, interdiction de mariage, expulsion ; exploitation maximale des capacités au travail, salaires de misère ; rations alimentaires insuffisantes, conditions de vie très dures à cause des nombreuses restrictions, indigence des services sociaux et des services sanitaires… Les Allemands exproprient 95,5% de tous les biens des Polonais ; le système d’éducation et de scolarité est supprimé ; les maisons d'édition et toutes les organisation polonaises sont supprimées ; il est interdit aux Polonais de se rendre aux bibliothèques et d’assister à des événements culturels ; de même leurs sont interdits les piscines, les parcs publics et certains plages ; les enfants n’on pas accès aux parcs de jeux ; l'utilisation de la langue polonaise est restreinte dans des affaires publiques ; et de sérieuses limitations sont imposées à la participation à la vie religieuses et aux cérémonies. Le couvre feu est imposé et les déplacements limités.
Contre les Juifs sont prises de mesures plus radicales encore, particulièrement aux quatre premiers mois de l’occupation: obligation du port de l’étoile jaune, expropriation de la propriété, envoi dans des camps de travail obligatoire, interdiction de changement de domicile sans autorisation officielle, et limitation puis interdiction des transports en commun et des moyens de communication, interdiction de la participation aux activités politiques, culturelles et éducatives, interdiction des cérémonies religieuses officielles. Pendant ces quatre mois, les autorités procèdent aussi à de nombreuses exécutions, particulièrement dans les milieux de l’intelligentsia.
Durant la période suivante, de début 1940 jusqu'en décembre 1941, les Allemands concentrent les Juifs dans 173 camps de travail ou ghettos. De nombreux Juifs meurent de famine, des tortures, des conditions hygiéniques déplorables, de la dureté du travail, d’un manque total de soins… Courant 1940 plusieurs milliers de Juifs sont exterminés lors d’actions brutales et souvent désordonnées.
Dans la troisième phase, en 1942, 1943 et 1944 après la construction du camp d'extermination de Chelmno en décembre 1941 et les décisions de la conférence de Wannsee, la majorité de la population juive du Warthegau est exterminée.
Dans la phase finale, qui s’étend de septembre 1944 à la fin de l’occupation, les exterminations se ralentissent: il n’y a d’une part plus beaucoup de victimes potentielles, et d’autre part celles qui survivent, Juifs, mais aussi Polonais non-juifs sont exploité au maximum pour leurs compétences professionnelles au service du Reich et le la guerre. L’extermination se poursuit, mais par le travail…
Un total de 380.000 Juifs du Warthegau ont été mis à la mort et 5.000 seulement ont réussi à survivre, soit 1,3% de la population juive d'avant-guerre. De même, plusieurs centaines de «bohémiens» habitant le Warthegau ont été assassinés, ainsi que 5.000 Tziganes d’autres régions envoyés à Chelmno pour y être gazés… Au total, durant toute l’occupation, environ 470.000 personnes ont été tuées, dont 20.000 en raison des opérations militaires. Les autorités allemandes ont expulsé plus de 630.000 personnes hors du Warthegau, dont 450.000 ont été déportées dans les camps de travail du Reich. Plus de 25.000 y ont contracté des maladies chroniques et plus de 15.000 en sont revenues handicapées à vie.
Chapitre précédent | Chapitre suivant |