Les petits ghettos polonais (Nazisme - 2ième guerre mondiale)
172. Stryj
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Stryj : la grand place du marché |
Stryj est une ville de l’oblast de Lvov en Ukraine occidentale. De 1772 à 1918 Stryj fait partie de la Galicie autrichienne puis de la Pologne entre les deux guerres. En septembre 1939 la ville est occupée par les Soviétiques. La ville a une population juive depuis le XVIè siècle, et la veille de la seconde guerre 12.000 Juifs habitent la ville.
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Stryj : plan du ghetto |
Quelques jours après l'invasion allemande de l’Union Soviétique, l’armée rouge évacue la ville qu’elle occupe depuis l’accord Molotov-Ribbentrop. Environ 300 Juifs suivent l’armée soviétique. Les Allemands entrent dans la cité le 2 juillet: c’est l’occasion rêvée pour les nationalistes ukrainiens qui se déchaînent, avec l’aide de la troupe allemande et d’une partie de la population locale: des dizaines de Juifs sont massacrés, plus encore blessés ; de nombreuses maisons et magasins sont saccagés, pillés et incendiés. Les Allemands finissent par imposer le calme, puis s’attaquent au problème Juif avec leur redoutable efficacité: mi août est publiés la série de décrets classiques: port de l’insigne, limitation des déplacements, remise des objets de valeurs, monnaies, bijoux, meubles, interdiction de fréquenter le marché de la ville… suivent les confiscations des appartements et l’enrôlement pour le travail obligatoire.
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Stryj : le site du massacre de septembre 1941 dans la forêt de Holobutow |
L'exécution de certaines de ces mesures est confiée au Judenrat installé en juillet 1941. Des Juifs sont forcé de travailler dans les établissements municipaux, les camps militaires, dans les usines allemandes, sur des chantiers routiers (pavage, réparation de ponts endommagés)... La première «Aktion» a lieu début septembre 1941: les Allemands et leurs aides ukrainiens arrêtent 1.000 Juifs et les rassemblent au commissariat de la police ukrainienne, où ils sont battus. Puis ils sont emmenés dans la forêt de Holobutow, près du village de Rylow, et y sont exécutés. Fin 1941, de nombreux Juifs sont obligés d'évacuer certaines rues de Stryj pour entrer dans un secteur qui devient le ghetto Juif. Ce ghetto reste ouvert dans un premier temps mais est clôturé à la fine de l’année 1942.
En hiver 1941 et au printemps 1942, de nombreux jeunes Juifs sont arrêtés et envoyés dans les camps de travail établis dans la région de Stryj. Ils sont nombreux à y mourir sous le poids du travail, du manque de nourriture ou de maladie, sans compter ceux qui sont tués sur place. En mai 1942 plusieurs centaines de Juifs du ghetto sont arrêtés et expédiés au camp d'extermination de Belzec. Le 13 septembre 192 a lieu une «Grossaktion»: 5.000 Juifs sont réssemblés et envoyés à Belzec. Après cette «Aktion», les Juifs s’efforcent désespérément de trouver un emploi dans les diverses usines de la ville qui travaillent pour les Allemands, espérant un sursis, voire la rédemption… D’autres préparent ses caches ou tentent de fuir en Hongrie.
Les 17 et 18 octobre 1942 a lieu l’ «Aktion» suivante: les Allemands ratissent le ghetto, pillent les maison et rassemblent 2.000 personnes qu’ils envoient à Belzec. Le ghetto est réduit et toute sortie interdite. Les Juifs employés par les entreprises essentielles aux Allemands portent l’insigne «W» les distinguant de tous les autres. Une «Aktion» supplémentaire, du 28 février au 2 mars 1943 élimine 1.000 Juifs qui sont assassinés à même le ghetto ou à proximité de la ville. Une autre «Aktion» démarre le 22 mars et dure plusieurs jours: c’est une véritable «chasse» qui fait 1.000 victimes, attrappées, amenées au cimetière juif et tuées d’une balle dans la nuque.
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Stryj : le mémorial de la forêt de Holobutow |
Les survivants, principalement les «travailleurs», sont enfermés dans le camp de travail installé près des usines de Stryj. Début juin 1943, le ghetto est liquidé, et avec lui le Judenrat. Puis en juillet de 1943 les Juifs des camps de travail sont progressivement liquidés. Vers la fin août, la ville est déclarée «Judenrein». Pendant les mois qui suivent, les Allemands et leurs auxiliaires ukrainiens poursuivent la «Judenjagd» de ceux qui se terrent et qui, découverts, sont exécutés sur place.
Stryj est libérée le 8 août 1944. Plusieurs dizaines de Juifs surgissent de la ville «aryenne» et de la forêt. D’autres reviennent plus tard des camps allemands ou d’Union Soviétique. Mais la plupart d’entre eux quittent la villes pour d’autres horizons: l’occident ou la Palestine et le nouvel état d’Israel.
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