Alsace : l’art roman en Alsace
9.1. Histoire
La fondation de Marmoutier est entourée de légende. Deux figures se dégagent des premiers temps de son existence : Léobard, le premier abbé, et Maur le restaurateur. La prospérité du monastère venait de la « Marca Aquileiensis », vaste domaine de terres riches et de forêts. On doubla ce nom savant par celui de « Mauri Monasterium ». Marmoutier reste la plus ancienne fondation monastique d'Alsace.
Vers 590 Childebert II autorise Léobard à s'installer sur une terre du fisc. Vers 724 Thierry IV confirme à Maur la donation et accorde des privilèges. En 740 Marmoutier fait partie des édifices « pirmiens » avec Murbach, Neuwiller, Schutten et Gengenbach. En 814 Benoît d'Aniane passe au monastère et le réforme. L'abbaye est exempte de fournir un contingent militaire. Puis des associations sont créées avec La Reichenau. En 828 un incendie ravage l'abbaye. Drogon, évêque de Metz, la rétablit et en prend possession.
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L’abbatiale de Marmoutier vue de la route de Reutenbourg |
En 975 l’évêque Erchambauld consacre l'église et l'abbaye hélas au bord de la ruine, car les évêques de Metz ne laissent aux moines que la portion congrue des bénéfices des terres. En 1115, Richwin, prieur, fonde un monastère destiné à des bénédictines (Sindelsberg), puis un prieuré dans le domaine vosgien de l'abbaye (Saint Quirin). Entre 1132 et 1146 l'abbé Meinhard tente de restaurer la fortune immobilière de Marmoutier appauvrie par deux siècles d'inféodations répétées. En 1163 Frédéric Barberousse confirme l'abbaye dans ses possessions et privilèges accordés par l'évêque de Metz. En 1179 une bulle papale confirme l'abbaye dans ses droits : libre élection de l'abbé, droit de sépulture dans le cimetière pour toute personne originaire de la marche, autorisation de chanter l'office en temps d'interdit, droit de prélever 8 chaudrons de sel par an à Moyenvic et Marsal.
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Marmoutier : l’abbatiale : façade romane |
En 1220, après les luttes entre Philippe de Souabe et Otton IV et les exactions des avoués, Henri de Veringen, évêque de Strasbourg incorpore à l'abbaye les revenus de l'église supérieure de Marmoutier. 1225 marque le début de la construction de l'église abbatiale ; l’œuvre sera poursuivie sous les abbés Otton (1224-1245), Jean (1253-1288) et Conrad (1288-1301). Aux XIV-XVèmes surgissent de grosses difficultés financières. Malgré l'incorporation à l'abbaye des revenus de Westhoffen, Zeinheim, Sindelsberg (dissous en 1488), Duntzenheim, rien n'arrête le désastre : en 1512 il n'y a pas d'abbé et les dettes s'élèvent à 6 000 florins. La ruine arrive en 1525 avec la guerre des paysans, puis l'occupation par les reîtres de Mansfeld en 1621.
Le renouveau commence en 1705 par le rachat de la marche, l'érection de nouveaux bâtiments (1737-1751) et celle du chœur des moines (1761-1769). La Révolution interrompt brutalement cet essor:la communauté est dispersée, les bâtiments vendus, mais la façade est sauvée.
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