Alsace : l’art roman en Alsace
4. Andlau : sainte Richarde
Histoire
A crypte
Porche et Portail
La frise historiée
4.4. La frise historiée
La frise historiée court tout au long du soubassement qui abrite le porche et étale ses bas reliefs sans discontinuer sur une longueur de 29,50 mètres et une hauteur de 60cm.
4.4.1. Description
Diverses scènes y sont représentées sur cette magnifique frise :
4.4.1.1. Sur la face nord
- Combats et chasses, représentation d'animaux et de monstres (dragon, aigle, centaure...)
- Scène de l'épopée de Théodoric de Ravenne délivrant Sintram de la gueule du dragon, sous les yeux d'Hiltebrand...
- Animaux fabuleux : scorpion, démon cynocéphale, chameau, lion couché à l'angle...
Andlau, abbatiale sainte Richarde : détail de la frise extérieure |
4.4.1.2. Sur la face ouest
- Combats et chasses, représentation d'animaux et de monstres (dragon, aigle, centaure...) Scène de combat (mythique?) entre un ours et un homme, son compagnon trouvant refuge dans un arbre...
- Scènes de chasse : chasse à courre, au griffon, su renard...
- Au dessus du portail, de part et d'autre d'un lion et d'une lionne dévorant un sanglier des scènes de combat : à chaque extrémité une néréide chevauche un poisson ;
- Scène où le démon enserre avec une corde le cou d'un vigneron vendant du vin à une moniale, suivie d'une scène identique où Satan chevauche un banquier changeant la monnaie d'un pèlerin. Allusion sans aucun doute aux fraudes sur les mesures et le change...
- Scènes de préparatifs d'un banquet : boucherie, cuisine (sur 2m mais aujourd'hui disparue), salle des convives...
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Andlau, abbatiale sainte Richarde : chameau de la frise extérieure |
4.4.2. Interprétation et parallèles
4.4.2.1. Interprétation
Les représentations d'animaux ne semblent pas avoir un caractère symbolique, mais évoquent plutôt les régions et contrées lointaines : lion, éléphant, chameau renvoient à l'Asie et à l'Afrique avec ce sous-entendu moral que ce monde lointain est empli d'embûches, de dangers, d'aventures violentes... A ce monde inconnu et hostile le sculpteur va opposer le havre de paix qu'est l'Église, préfiguration de la cité céleste.
4.4.2.2. Les parallèles
On retrouve des sculptures de la même facture à Eichhoffen, Mutzig, Obernai et Issenheim. Les procédés techniques sont identiques à ceux utilisés à Eschau.
L'atelier d'Andlau est issu de celui d'Eschau et la date de création se situe entre 1130 et 1140. L'influence lombarde y est importante : on retrouve des parallèles au portail de Nonantola (Jambages) et à Modène (Atlantes porteurs de rinceaux à médaillons), mais aussi au portail de Walbourg (1124) d'influence Ottonienne.
Mais le « Maître d'Andlau » diffère de l'exemple lombard par le style et le principe de sa composition. L'influence de la miniature est très nette et souvent directe : il faut citer « Geste Danorum », « Biacri Rimur » de provenance nordique, les versions de la « Légende de Théodoric » dont la plus proche est la « Thidrecksaga » islandaise.
En comparant avec Eschau, on distingue pour la première fois à Andlau le désir de s'attaquer au haut relief, quoique le résultat soit très maladroit : le sens de la ronde bosse n'est pas encore bien ancré.
Le « Maître d'Andlau », pour malhabile qu'il soit, s'inspirant des prototypes lombards et des manuscrits a cependant su créer une oeuvre originale grâce à son imagination et à sa manière de conter, trait qui le distingue de ses confrères Alsaciens de l'époque.