Art : le Cinquecento – XVIè siècle

Bernard Van Orley (1492-1542) : Marguerite d’Autriche. Huile sur bois. Bruxelles, Musées royaux des Beaux Arts

La richesse économique du pays est due à l'industrie : Anvers est très riche, Amsterdam se développe, mais Bruges décline sous les grands souverains Charles d'Autriche (Charles Quint 1506-1555), Marguerite d'Autriche (1480-1530), Marie de Hongrie (1505-1558).

La fédération des 17 provinces (Capitale Bruxelles) est organisée en 1548. Ce mouvement d'émancipation est lié à la crise religieuse réprimée brutalement par le duc d'Albe (1567-1573). Anvers est mise à sac en 1576. En 1584 la scission se fait entre les dix provinces du sud (Flandres) et la république des Provinces Unies (Hollande), désormais autonome.

Les luttes religieuses sont profondes, le calvinisme progresse (1535-1585), l'Inquisition sévit dès 1559. En Hollande l'iconoclastie et le sac des églises (1566-1572) sépare le pays de la Flandre restée catholique.

Quentin Massys (ou Metsys, 1465-1530) : portrait d'Erasme de Rotterdam.1517, huile, 59 x 46,5 cm. Rome, Galerie Nationale d'Art Antique

L'humanisme se répand avec Jean le Maire à la cour de Malines (1500-1512). Grâce à Érasme de Rotterdam (1467-1536) des cénacles d'humanistes se développent à Louvain (Buysleden, L. de Vivès, Alard d'Amsterdam, J.Lipse), Anvers (Aegidius, C. Plantin), Deventer, Utrecht, Leyde. Poètes (Marnix), savants (Mercator, Ortelius) théoriciens de l'art (V. Aelst, Vredeman de Vriès, C. van Mander), musiciens (R. de Lassus, Sweelinck) abondent.

Audernarde : l’hôtel de ville, 1525-1537

L'italianisme gagne par le décor et les décorateurs (Vredeman de Vries) ; le gothique persiste dans la structure. Puis on réagit vers 1540 contre les excès du décoratif. Le palais de Marguerite d'Autriche à Malines est mi-gothique, mi-renaissance (1517), ainsi que les maisons du Saumon à Malines, celle des Bateliers à Gand, l'hôtel de ville d'Audenarde.

Bruges voit la création et décoration de la façade de l'ancien greffe par Lancelot Blondel et « le greffe du Franc » par Jean Mone. Le palais des Princes - évêques de Liège est composite ainsi que l'hôtel de ville d'Anvers (1565 par Cornelis de Vriendt) qui inspirera l'hôtel de ville de Flossingue (détruit) et le palais de justice de Furnes (1628).

Hendrick de Keyser (1567-1621) : la bourse d'Amsterdam

La renaissance y est plus tardive : hôtel de ville de La Haye (1564) et de Leyde (1597), halle aux Bouchers de Haarlem (1602). Le grand architecte est Hendrick de Keyser (1567-1621) d'Amsterdam (Zuider, Westerkerke, Norderkerke).

Conrad Meit (1480-1550) : tombeau de Philippe de Savoie. 1530, albâtre. Eglise de Brou, Ain

Le gothique persiste longtemps dans l'exubérance monumentale. Mais motifs et formes s'italianisent. Les tombeaux de Brou, dans l'Ain (par L. van Boghem et Conrad Meit) reflètent le goût de la cour de Malines. A Bruges, les mêmes tendances animent Lancelot Blondel (Cheminée du Franc, 1531) et G. Aerts (Greffe du Franc). L'italianisme est assimilé chez Jean Mone de Metz (mort en 1548) qui donne dans le funéraire, et Jacques Duleroeucq (mort en 1584). Avec Cornelis Floris, Anvers opte pour le maniérisme (Hôtel de ville) qui de Flandre passera en Allemagne, Scandinavie et Europe Centrale avec A. Colins (mort en 1612).

Tommaso Vincidor (1493-1536) : tombeau d'Engelbert de Nassau à Breda, 1530

Elle suit, à retardement, la même évolution : Vincidor combine les formes bourguignonnes et italiennes dans le tombeau d'Engelbert de Nassau à Breda (1530), inspirant Jan Terwen Aertsz (Stalles de Dordrecht). Colijn de Nole s'inspire de Floris (Cheminée de l'hôtel de ville de Kampen). Hubert Gerhard et Adriaen de Vries font carrière de bronziers italianisants en Allemagne et à Prague.

Quentin Massys (ou Metsys, 1465-1530) : le changeur de monnaie et son épouse. 1514, 71 x 68 cm, huile sur bois. Paris, musée du Louvre

L’italianisme se manifeste dans l'école Flamande, à Anvers, et dans l'école Hollandaise:

• A Anvers travaillent Quentin Metsys (1465-1530), Joos van Cleve (1485-1540) et le paysagiste Joachim Patenier (1480-1524).
• En Hollande : Jacob Cornelisz d'Amsterdam, Cornelis Engebrechtsz (1468-1533) et son élève Lucas de Leyde (1494-1533)
• L'Humanisme septentrional donne à la renaissance des Pays Bas un cachet très original.

Jan Gossaert dit Mabuse(1478-1536), : Baudouin de Bourgogne. Berlin, Staatliche Museen

• Dans le sud, à Malines et Bruxelles : Bernard Van Orley (1491-1541), Jan Gossaert dit Mabuse (1478-1536), le Hollandais Mostaert puis M. Coxcie, disciple de Raphaël.

• Dans le nord, à Utrecht et Middelbourg : Jan van Scorel (1495-1562) est le meilleur romaniste Hollandais. Il est disciple de Mabuse.
• Le maniérisme érudit se traduit chez le brugeois Blondel, l'anversois Jan Matsys (mort en 1575), reflet de l'école de Fontainebleau, l'amsterdamois Lambert Sustris, disciple du Titien. Ce style s'épanouit à Haarlem avec Van Heemskerk (mort en 1574), à Liège avec Lambert Lombard (mort en 1566), issu de Mabuse, à Anvers avec Frans Floris (1516-1570), le frère du sculpteur ; ses élèves et les peintres de Haarlem et Utrecht s'orientent à la fin du siècle vers l'éclectisme : Martin de Vos, A. Francken, Otto Venius, H. Goltzius, C. Cornelisz, A. Bloemaert, et les Hollandais itinérants Fr. Sustris, le fils de Lambert, et B. Spranger.
• Le portrait trouve ses spécialistes avec les Flamands Willem et Adriaen Key, Pietr et Franz I Pourbus, et les Hollandais Dirk Jacobsz, Dirk Barentsz et C. Ketel, créateurs des Dölenstukken ou portrait collectifs. Tous sont éclipsés par Antonis Mor (Antonio Moro, 1519-1576) d'Utrecht, de renommée internationale.

Pietr Brueghel l’Ancien (1525/30-1569) : Dulle Griet (Mad Meg). Vers 1562. Huile sur bois 117 x 162 cm. Anvers, Museum Mayer van den Bergh

Pietr Brueghel dit l'Ancien (1525/30-1569) est formé à Anvers. Il voyage en Italie (Rome, Messine?) en 1552 où il fréquente G. Clovio. Il se lie avec les humanistes Ortelius et Plantin, travaille à Anvers puis Bruxelles.

Ses grandes oeuvres sont : Jeux d'enfants (1560), Triomphe de la mort (1562), Tour de Babel (1563), Dulle Griet (1564), chasseurs dans la neige (1565), Moisson, repas de noce et danse de paysans (1566), le pays de cocagne (1567), la pie sur le gibet, les aveugles (1568).

Son fils Pieter Brueghel dit Brueghel d'Enfer (1563 ?-1638) et son petit fils Pietr Brueghel III (1589-?) imitent sa manière. Son second fils, Jan, surnommé « Bruegel de Velours », né en 1568, se spécialise dans les représentations de paysages et de compositions florales).

L'école d'Anvers produit encore M.van Roymerswacke, J.van Hemessen (mort en 1563), Pietr Aertsen et son neveu Beuckelaer.

Gillis van Coninxloo (1544-1607) : paysage. Huile sur cuivre, 24 x 19 cm. Madrid, musée du Prado

C'est un genre spécialement flamand : H. Met de Bles et J. Grimmer en sont les précurseurs. Suivent les Valckenborgh et G. van Coninxloo passés à Francfort ; les Brill et Brueghel dit de Velours à Rome, J. de Momper et T. Verhaecht, premier maître de Rubens. H. Bol, De Vinckenboons et R. Savery l'introduisent en Hollande.

Van Orley : vitrail du jugement dernier. 1538. Bruxelles, sainte Gudule

Les plus beaux sont au transept de Sainte Gudule à Bruxelles (1537) par Van Orley qui, avec Michel Coxcie fournit les modèles des vitraux de la chapelle du Saint Sacrement de la même église.

Bruxelles est le centre le plus important avec Enghien et Audenarde (spécialisés dans la « verdure ») et Tournai. La manière traditionnelle (Légende de Notre Dame du Sablon, Histoire d'Herkenbald) se modifie après 1516 (Teinture des actes des Apôtres d'après Raphaël) : la composition italienne s'allie avec la précision et la richesse flamandes dans de magnifiques tapisseries : chasse de Maximilien par Van Orley, Vertumne et Pomone, la conquête de Tunis d'après Vermeyen. Après 1550 les tapissiers flamands émigrent en France, Espagne et Italie.

Lucas de Leyde : Adam et Eve Gravure au burin. Université de Liège

Le XVIè est le siècle de la gravure. En Hollande, Lucas de Leyde, disciple de Dürer, l'emporte sur son maître par la délicatesse. En Flandre travaillent Cornelis Metsys, D. Vellert, J. Cock, Jean Vierix, Spranger, Sadeler, H. Goltzius...

Paulus van Vianen : Diane et Actéon. 1613. Amsterdam, Rijskmuseum

• L'art de la médaille est pratiqué dans le goût de Leone Leoni par J. Jonghelinck et Steven Van Herwijck.
• Orfèvrerie : l'aiguière de Charles Quint (1569, Louvre) est le chef d'oeuvre de l'orfèvrerie flamande. Le Hollandais Paulus Van Vianen travaille à Munich et Prague.
• La Céramique flamande se spécialise dans les carreaux de revêtement ou de pavement et produit des plats en majolique.