Le ghetto de Grodno
2. La création du ghetto et la première année
À fin juin 1941 un Judenrat est créé ; il comprend 10 membres et est dirigé par David Brawer, le directeur d'une école locale. Avec l’occupation nazie, les Juifs perdent tous leurs droits civiques. Très rapidement, ils subissent de graves restrictions et interdits, comme partout ailleurs… A partir du 30 juin 1941, le port d'un insigne d'identification devient obligatoire : c’est d’abord un brassard blanc avec une étoile bleue de David, puis, un mois plus tard deux grandes pièces triangulaires jaunes portées sur la manche gauche et dans le dos, côté gauche. Les enfants sont exempts. Quant au travail obligatoire, rendu tel dès l’occupation, il est improvisé au début, puis réglé le 15 octobre 1941 avec la promulgation du premier ordre officiel concernant la zone entière : sont obligés de travailler tous les hommes de 14 à 60 ans et toutes les femmes de 14 à 55 ans.
En novembre 1941, peu de temps après Grodno eut été annexée au district de Bialystok, les Juifs de la ville sont transférés dans deux ghettos, isolés d’environ 2 kilomètres l'un l'autre. Comme partout ailleurs, les secteurs choisis manquent totalement d'hygiène, d'eau et d'électricité ; les routes sont inexistantes et il n’existe aucune infrastructure digne de ce nom pour les occupants. Le ghetto I est établi dans le centre de la vieille ville antique, où sont entassés environ 15.000 juifs sur une superficie d’nviron un demi km². Le ghetto II est installé dans la banlieue de Slobodka, une partie de la ville plus large plus ouverte, avec peu de maisons. Environ 10.000 juifs sont entassés dans ce ghetto plus grand que le ghetto principal mais beaucoup moins équipé. Le premier ghetto est prévu pour les ouvriers « productifs », le second pour les « inaptes au travail ».
La quiétude relative qui caractérise la première année d’existence des ghettos permet au Judenrat de combattre la situation difficile des Juifs en créant un appareil bureaucratique assez efficace, qui devient lui-même, en tant qu’employeur, un moyen de survie pour bien des habitants du ghetto. De plus, Brawer le patron du Judenrat considère l'approvisionnement en nourriture du ghetto comme une priorité absolue. Contrairement à d'autres ghettos en Pologne, personne ne meurt de faim à Grodno. Aussi les occupants du ghetto considèrent que tant qu’ils travaillent pour les Allemands, ils sauvent leur vie. Aussi acceptent-ils presque comme un salut la création d’usines et d’ateliers pour la production d’articles pour l'économie de guerre allemande et pour assurer les besoins de l'armée et du personnel de la Gestapo stationnés à Grodno.
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