Le ghetto de Bochnia
12. Szebnie
Le camp de travail de Szebnie est situé près de la ville de Jaslo en Galicie orientale. C’est un ancien camp de prisonniers de guerre russes. Tous les Russes y ont péri de faim ou victimes de massacres. Plus tard Szebnie devient un camp de transit qui accueille les Juifs de Galicie lors de la liquidation de leurs ghettos : Przemysl, Rzeszow, Bochnia, Tarnow, Krosno, Mielec, Ropczyce et d'autres encore. Le camp est adapté pour environ 5.000 détenus qui logent dans des baraques de type « Pferdestall » semblables à celles d’Auschwitz. Les baraques sont sales et infestées de poux. Dans le camp existe aussi un Revier. Le camp est entouré d’une double clôture de barbelés avec des miradors et un chemin de ronde pour chiens de garde.
Szebnie possède des ateliers produisant des vêtements, des chaussures, du tissu, des paniers, des nattes de paille tressée… Quelques détenus travaillent dans des ateliers hors du camp. Ils arrivent à passer assez facilement de la nourriture dans le camp pour soulager leurs co-détenus… En général les détenus de Szebnie ne souffrent pas de la faim.
Le commandant du camp, Grzymek, un « Volksdeutsche », hait profondément les juif et à l’habitude de tuer des personnes au hasard. Son second, un certain Kellermann est nettement mieux disposé envers eux. Chaque fois que Grzymek croise une personne qui a le malheur de se trouver sur son chemin, il lui ordonne de se coucher sur le sol et lui loge une balle dans la tête. Un jour, un détenu de Bochnia, au lieu de s’exécuter, lui saute au cou et tente de l’étrangler. Il est aussitôt maîtrisé, puis attaché à une potence les mains liées dans le dos, les pieds à quelques centimètres du sol. Lorsque les os de ses bras se déboîtent, on creuse le sol sous ses pieds pour prolonger son agonie. Celle-ci dure toute une journée, en présence de tous les détenus réunis sur l’Appelplatz… Puis 10 hommes sont pris et abattus, pour l’exemple. Exécuter 10 hommes « pour l’exemple » devient une habitude dans le camp. Cela se fait à chaque tentative d’évasion. Quelques détenus trouvent une parade : lorsqu’un des leurs s’échappent, ils apportent ou font apporter « en contrebande » dans le camp un cadavre de l’extérieur pour «remplacer » l’évadé…
Pendant la liquidation du ghetto Bochnia, quelques parents réussissent à passer leurs petits enfants « en contrebande » à Szebnie en les cachant dans leurs baluchons. Quelques-uns se font prendre et sont immédiatement exécutés, mais quelques autres réussissent. 15 enfants vivent ainsi dans le camp avec leurs parents. Grzymek le découvre et ordonne de crée un « jardin d'enfants ». Ils sont mis dans cette garderie sous la surveillance d’un « précepteur ». Ils sont bien nourris...
Entre septembre et novembre 1943 quelques « Aktionen » ont lieu à Szebnie. Peu de temps après que le groupe de Bochnia soit arrivé dans Szebnie, Grzymek ordonne que tous les détenus remettent or, argent et bijoux et met à leur disposition trois caisses. Ses espérances sont déçues : la récolte est très maigre. Grzymek commence donc à tuer des détenus. En un rien de temps les caisses se remplissent d’argent, de bijoux, de diamants, de dollars et de montres en or. Lors d’une autre « Aktion », le 21 septembre on « ramasse » toutes les personnes âgées, les malade du Revier et les enfants du « jardin d'enfants » pour les exécuter dans la forêt de Tarnowiec. Ils sont 700. En octobre a lieu l’« Aktion » suivante : les Allemands s’en prennent principalement aux femmes. 200 d’entre elles sont prises, mises dans des camions et emmenées hors de la ville. Un petit groupe d’hommes les accompagne. Après leur exécution, ces hommes sont chargés de brûler les cadavres, puis sont abattus à leur tour.
Le camp de Szebnie est liquidé le 7 novembre 1943. Les Allemands procèdent d’abord à la sélection des plus aptes au travail. Puis quelques centaines de personnes sont emmenées dans une forêt voisine pour y être massacrés. Les autres sont menés à la gare où ils sont forcés de se déshabiller. Ils sont chargés nus dans des camions et déportés à Auschwitz Birkenau.
Grzymek a été pris et exécuté après la guerre.
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