Le ghetto de Bochnia
2. La vie dans le ghetto
Le ravitaillement du ghetto dépend entièrement des Allemands qui rationnent dès le début. La nourriture pour les malades et les vieux dépend du travail supplémentaire que produisent les membres de leur famille pour les nourrir. La quantité de nourriture est nettement insuffisante et manque de variété. Rapidement, les Polonais viennent à la barrière du ghetto échanger farine, pain, beurre, lait et d'autres produits alimentaires contre des draps, des manteaux ou des vêtements, articles difficiles à obtenir durant la guerre, de préférence à l'argent liquide. De nombreux Juifs pratiquent la contrebande : ils quittent nuitamment le ghetto et se rendent dans des fermes, où ils achètent viande et victuailles… Activité très onéreuse (il faut soudoyer les gardes polonais) et terriblement risquée : qui est pris est fusillé. La viande est revendue au marché noir à prix exorbitant, donc accessible uniquement aux seuls riches... Ceux des Juifs qui travaillent en dehors du ghetto (« Baukommandos »…) peuvent acheter de la nourriture aux fermiers et l’introduire dans le ghetto. Jusqu'en août 1942 il est relativement facile d'acheter de la nourriture dans le ghetto, et pour celui qui à de l’argent, presque tout y est disponible, naturellement au marché noir : nourriture, savon, bougies et même des articles de luxe comme du champagne ! Un jour par semaine, il est permis aux habitants du ghetto d’apporter leur propre pâte à pain pour toute leur famille. Les échanges sont encore facilités du fait que jusqu’en août 1942, il n’y a aucune restriction d'accès au ghetto pour les non-juifs…
Pour faire face au manque de courant électrique, les gens font flèche de tout bois : pour le chauffage, on utilise les chutes et les copeaux de bois de l’atelier de menuiserie, peu coûteux et largement disponibles ; car évidemment il n’y a ni carburant ni charbon. Un « fourneau à sciure » est « inventé » au ghetto et son utilisation largement diffusée. Pour l’éclairage du logement, on utilise des cristaux de carbure, malgré le danger d’explosion.
À la fin de 1941 un hôpital juif est installé dans la rue Solna Gora. Il contient 45 lits et son directeur est Anatol Gutfreund, le frère du vice-président du Judenrat. Il y a un médecin, 7 infirmières et un cuisinier. Mais il ne possède pas de salle d’opération. En cas d’urgence, on fait appel à un chirurgien polonais qui opère avec les moyens du bord. Les médicaments sont envoyés par le « Joint » de Cracovie. Jusqu'à la première « Aktion » de 1942, l'hôpital de Bochnia soigne aussi de nombreux patients non-Juifs de l'extérieur du ghetto. Le personnel soignant effectue de temps en temps une activité clandestine : les accouchements. Les Allemands en effet interdisent aux femmes d’être enceintes…
Les Juifs de Bochnia font tout pour maintenir une vie « normale » dans de ghetto. Ils fondent une école primaire, Talmud Torah, pour les enfants et environ vingt jeunes hommes étudient dans une yéshiva. Toutes ces activités éducatives cesseront d'exister après août 1942.
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