Nazisme : le camp de concentration de Mauthausen (2ième guerre mondiale)
8.10. L’organisation clandestine et tentative de révolte, par M. de Bouard
Michel de Bouard, doyen de la Faculté de Caen, spécialiste du Moyen Age, fut déporté à Mauthausen comme résistant NN (Nacht und Nebel).
Michel de Bouard : « Mauthausen ». Revue d’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale, N° 16-16, juillet septembre 1954.« Dès 1944, le principe et la préparation lointaine d'une action militaire avaient été envisagés ; mais c'est en février 1945 que prit corps l'organisation de combat des Häftlinge. À cette date, les comités nationaux et le Comité international avaient, très efficacement, préparé le terrain. Chacun d'eux fut alors doublé d'un groupe de commandement militaire. Les hommes les plus valides et les plus sûrs furent groupés en petites unités de combat et instruits de la tâche qui leur était dévolue. Quelques pistolets et grenades à main avaient été soustraits du magasin d'armes des SS par des détenus espagnols. D'autres Espagnols, travaillant au garage, avaient fabriqué la clef d'un meuble qu'ils savaient contenir des armes et des munitions. Trois plans d'opérations furent élaborés... »
« Au début de février 1945, dans la nuit du 2 au 3, la révolte du Block 20 nous prouva qu'une action de force pouvait être efficace. Quelques jours plus tôt était arrivé dans cet enfer un groupe d'officiers soviétiques repris après une évasion. Ayant très vite compris qu'ils étaient voués à une mort très prochaine, ils décidèrent de tenter la gageure d'une évasion. En pleine nuit, à la date fixée, un commandement retentit : « Alles raus ! » Il arrivait souvent qu'un SS survint et fit sortir tout le monde dans la cour du Block pour une séance de brimades brutales. Nul ne s'étonna donc. En un clin d'œil, les conjurés étranglèrent le chef de Block et ses acolytes. Deux groupes attaquaient alors les deux miradors, aveuglant les sentinelles avec le jet d'extincteurs à mousse et s'emparaient des mitrailleuses. Pendant ce temps, d'autres jetaient des couvertures sur les barbelés électrifiés et, grâce à cet isolant, commençaient à franchir la redoutable clôture. Immédiatement, les autres miradors avaient ouvert le feu ; nous fûmes éveillés par le crépitement des armes automatiques, le sifflement des balles qui rasaient le toit de nos Blocks et les cris des SS. Quatorze seulement des insurgés, sur quatre cents environ, furent tués au cours de l'opération. Les autres se dispersèrent dans la campagne où, pour se procurer des armes, ils attaquèrent un poste de défense antiaérienne. »
« Aussitôt commença la chasse à l'homme. Tous les SS furent lancés, et tous les chiens, à travers la région. Le lendemain, les kommandos de travail ne purent sortir du camp intérieur, faute de sentinelles pour les accompagner. Pendant deux jours, nous vîmes ramener des cadavres défigurés ; souvent, ils étaient traînés au bout d'une corde attachée aux pieds. Nous en comptâmes plus de trois cents. Mais il semble que quelques-uns des évadés aient pu gagner la montagne. Les hommes demeurés au Block 20 furent exterminés le lendemain matin et le Block désaffecté.  »
« Finalement, dix-sept fugitifs seulement ne furent pas retrouvés. »
Le camp de concentration de Stutthof (Sztutowo)
Le camp de concentration de Flossenbürg
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Esterwegen et les camps de l’Emsland
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