L’impressionnisme (Histoire de l’art)
4.3. Genèse du « mouvement »
Mais l’impressionnisme ne naît pas seulement des rencontres et discussions du café Guerbois, si fécondes fussent-elles. C’est sur le terrain qu’il se mature et s’épanouit peut à peu, au gré des expériences et des recherches picturales des grands artistes, au premier rang desquels se trouve Claude Monet.
En 1858, Monet, après sa rencontre avec Boudin se rend à Paris, où il est attiré par Delacroix et les paysages de Corot et de Daubigny. Il fréquente les cours de l'académie Suisse sous la férule de Gleyre, et y rencontre Camille Pissarro qui à son tour lui fait rencontrer Courbet à la brasserie des Martyrs, où l'on retrouvait aussi. Après son service militaire en Algérie, il renoue avec Boudin en 1862, peint à Sainte Adresse, où il côtoie Jongkind et sensibilise son regard au moindre changement de l'atmosphère.
 | Eugène Boudin : Trouville, grève et rochers. 1860-1865. Huile sur toile, 46 cm x 75 cm. Collection privée |
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 | Claude Monet : la rue de la Bavolle à Honfleur. 1864. Mannheim, Stadische Kunsthalle |
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De retour à l’Académie suisse en novembre 1862, il se lie d’une amitié profonde avec Renoir, Sisley et Bazille, allant peindre avec eux dans la forêt de Fontainebleau, près de Barbizon. Il travaille ensuite sur la côte normande, à Saint Siméon, près de Honfleur, à Ville d’Avray où il réalise le lumineux « Femmes au jardin » (1866, musée d’Orsay, Paris). Systématiquement refusé au Salon, il surmonte le découragement et en été 1869 travaille avec Renoir, à la « Grenouillère » de Bougival, expérience fondamentale pour la genèse du mouvement : les deux tableau réalisé par les amis (Orsay pour Monet, Stockholm pour Renoir) révèle toute la nouveauté de l’impressionnisme naissant : élimination des volumes, évanescence des formes définies, luminosité spontanée témoignent de l'apparition d'une nouvelle méthode pour transposer en peinture l'animation momentanée et éphémère d'une scène, même si les tonalités restent encore intermédiaires, grises et sombres auprès des contrastes que forment les blancs et les bleus intenses.
 | Claude Monet : Femmes au jardin. 1867. Paris, Musée d'Orsay |
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 | Auguste Renoir : la Grenouillère. 1869. Huile sur toile, 81 x 66 cm. Stockholm, Nationalmuseum |
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Parallèlement travaille un peintre que tout promet à un avenir des plus brillants : Frédéric Bazille. Proche de Monet, Renoir, Zola, Manet, il réalise de magnifiques compositions de « peinture claire » en magnifiant la lumière de son Languedoc natal (« Robe rose », « Vue de Castelnau », « Réunion de famille »). En 1870 il réalise surtout un de ses chefs d’œuvre, « l’Atelier », hommage vibrant au groupe du café Guerbois, hommage d’autant plus émouvant que la guerre de 1870 viendra faucher ce jeune talent un beau matin de novembre dans la campagne de Beaune la Rolande…
 | Frédéric Bazille : Réunion de Famille. 1867. Huile sur toile, 152 x 230 cm. Paris, Musée d'Orsay |
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 | Frédéric Bazille : les remparts d’Aigues-Mortes. 1867. Huile sur toile. 55 x 46 cm. Montpellier, Musée Fabre |
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 | Frédéric Bazille : la Vue de village : Castelnau. 1868. Huile sur toile, 130 cm x 89 cm. Montpellier, musée Fabre |
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 | Frédéric Bazille : L'Atelier de la rue La Condamine. 1870. Huile sur toile, 98 cm x 128 cm. Paris, musée d'Orsa |
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Cette guerre de 1870 vient bouleverser l’activité des artistes. Cézanne s’en retourne à l’Estaque, alors que Monet fuit à Londres rejoindre Pissarro, Sisley et le paysagiste Daubigny, qui lui fait rencontrer le jeune et actif marchand Durand-Ruel. Après un court séjour en Hollande, Monet vient s’installe en 1871 pour 6 années à Argenteuil, sur les bords de la Seine.
 | Claude Monet : Londres : le parlement au coucher du soleil. 1903. Huile sur toile. Collection privée |
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 | Claude Monet : Londres, le pont de Waterloo, temps gris. 1900. Huile sur toile, 93 cm x 64 cm. Chicago, Art Institute. |
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 | Claude Monet : Zaandam, Paysage. 1871. Huile sur toile, 73 cm x 48 cm. Paris, Musée d’Orsa |
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 | Camille Pissarro : l'avenue, paysage à Sydenham. 1871. Huile sur toile, 73 cm x 48 cm. Londres, National Gallery |
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Cette période d’Argenteuil est sans doute la plus féconde de l’histoire de l’impressionnisme car Monet, mais aussi Renoir, Caillebotte, Sisley et Pissarro qui viennent le rejoindre durant de longues périodes (en 1872 et 1874) vont y fixer les principes de l’impressionnisme. Manet lui-même quitte en 1873 son séjour d'été de Gennevilliers pour rejoindre ses amis. Les « Régates à Argenteuil » (1872, Orsay) de Monet sons sans doute le tableau le plus représentatif de cette époque.
 | Claude Monet : le pont d’Argenteuil. 1874. Huile sur toile, 89,8 x 81,4 cm. Munich, Neue Pinakothek |
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 | Claude Monet : régates à Argenteuil. 1875. Huile sur toile, 75 x 45 cm. Paris, Musée d'Orsay |
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 | Auguste Renoir : La Seine à Argenteuil. Vers 1873. Huile sur toile, 65 cm x 47 cm. Paris, Musée d’Orsay |
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 | Alfred Sisley : la passerelle d'Argenteuil. 1872. Huile sur toile, 60 cm x 39 cm. Musée d’Orsay |
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 | Gustave Caillebotte : Le bassin à Argenteuil. 1882. Collection particulière |
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Parmi les autres peintres qui travaillent dans la technique impressionniste, il y a Armand Guillaumin (1841-1927), Gustave Caillebotte (1848-1894), l’espagnol de Porto Rico Francisco Oller (1833-1917)… Caillebotte rencontre Degas, Monet et Renoir en 1873, et comme il est assez aisé financièrement, il les aide en 1874 à monter la 1ère exposition des Impressionnistes, avant de devenir coorganisateur et financier de la plupart des suivantes. Gauguin rencontre Pissarro en 1875 et devient son élève, puis participera à partir de 1879 aux expositions impressionnistes. Van Gogh arrivera beaucoup plus tard à Paris, en mars 1886 où il découvrira et intégrera l'impressionnisme.
 | Armand Guillaumin : Soleil couchant à Ivry. 1873. Paris, Musée d'Orsay |
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 | Armand Guillaumin : La Seine à Charenton. 1878. Paris, Musée d'Orsay |
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 | Armand Guillaumin : La baie d'Agay. Vers 1910. Collection particulière |
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 | Gustave Caillebotte : pagayeurs. Washington, National Gallery of Ar |
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 | Gustave Caillebotte : Vue de toits, effet de neige. 1878. Huile sur toile, 64 cm x 82 cm. Paris, musée d'Orsay |
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 | Gustave Caillebotte : Le Pont de l'Europe. 1876. Huile sur toile, 125 cm x 181 cm. Genève, musée du Petit Palais |
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 | Francisco Manuel Oller (1833-1917)Â : Hacienda Aurora, 1898-1899. Museo de Arte de Ponce, Puerto Rico |
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