L’impressionnisme en France est précédé entre 1820 et 1850 par de magnifiques mouvements picturaux : le romantisme, avec le grand Delacroix, mais aussi Géricault, Gros, Isabey, Pierre Narcisse Guérin… le réalisme avec Courbet, Millet ou Daumier… Courbet et Delacroix sont les premiers modèles dont tous les impressionnistes vont s'inspirer à leurs débuts.
 | Eugène Delacroix : nature morte au homard. Huile sur toile, 80,5 x 106,5 cm. Paris, Musée du Louvre |
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 | Théodore Géricault : le radeau de la Méduse. 1818-1819. Huile sur toile, 491 x 716 cm. Paris, Musée du Louvre |
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 | Pierre Narcisse Guérin : Le retour de Marcus Sextus. 1799. Huile sur toile, 217 x 243 cm. Paris, Musée du Louvre |
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 | Honoré Daumier : le massacre de la rue Transnonain, 15 avril 1834. Lithographie |
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 | Jean-François Millet : Paysage d'automne avec un groupe d'oies. 1873. Huile sur toile. New York, Metropolitan Museum of Art |
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 | Gustave Courbet : les casseurs de pierre. 1849. Huile sur toile, 159x259 cm, oeuvre détruite durant la seconde guerre mondiale |
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Puis arrive l’extraordinaire « Ecole de Barbizon » où brillent Daubigny, Rousseau, Troyon et surtout le grand paysagiste Corot. Sous l'influence des paysagistes britanniques Bonington, Constable, Turner, le paysage devient rapidement un genre à part entière dans la peinture française, dont Camille Corot (1796-1875) est le plus illustre des maîtres. Corot a toujours voulu rester étranger au mouvement impressionniste. Mais il est souvent considéré comme le premier impressionniste : « Il y a un seul maître, Corot. Nous ne sommes rien en comparaison, rien. » (Claude Monet, 1897). « Il est toujours le plus grand, il a tout anticipé... » (Edgar Degas, 1883).
 | Richard Parkes Bonington (1802-1828)Â : bout de mer. 1827. Londres, Wallace collection |
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 | Charles-François Daubigny (1817-1878) « La Seine à Bezons, Val d'Oise ». Huile sur toile 37 cm x 57 cm. 1851. Paris, musée d'Orsa |
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 | Théodore Rousseau : Une avenue, forêt de L'Isle-Adam. 1846 à 1849. Huile sur toile, 101 cm x 82 cm. Paris, Musée d’Orsay |
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 | Constant Troyon : l’approche de l’orage. 1849. Huile sur toile |
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 | Camille Corot : le pont à Nantes. 1825. Huile sur toile. Paris, Musée du Louvre |
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 | Camille Corot : Les Chevriers de Castel Gandolfo. 1866. Huile sur toile 59 cm x 78 cm. Caen, musée des Beaux-Arts |
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L’influence de Joseph Mallord William Turner (1775-1851) est un précurseur important : Aquarelliste fécond, il a un œil de coloriste, et plus encore, un œil de visionnaire. Ses images sont éclairées d'une lumière chimérique, mêlant en un vertigineux chaos les éléments déchaînés comme le montre son œuvre maîtresse, « Pluie, vapeur et vitesse » (1844), qui traduit les démons industriels du siècle et anticipe les « Gare Saint-Lazare » de Monet.
 | Joseph Mallord William Turner (1775-1851) : le dernier voyage du téméraire. 1839. Londres National Gallery |
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 | Joseph Mallord William Turner (1775-1851)Â : Pluie, vapeur, vitesse. 1844. Londres, National Gallery |
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L’influence de l’extrême Orient, particulièrement le Japon, sur l’impressionnisme, n’est pas des moindres. Quelques estampes, souvent découvertes fortuitement dans le commerce où elles étaient utilisées pour envelopper la marchandise mais aussi la fondation en 1862 de la boutique de curiosités extrême-orientales des époux Desoye au Palais Royal et surtout des collectionneurs privés comme Samuel Bing ou Félix Bracquemond révèlent aux artistes leur sens profond, celui du sentiment de la fragilité des choses et de l’universel devenir… S’en suit en France une prodigieuse vogue de « japonisme » dont les Goncourt, Degas, Huysmans, Duret se font les admirateurs passionnés ; Manet va, dans son célèbre portrait de Zola jusqu’à représenter une de ces estampes, représentative due l’ « Ukiyo-e », école de la fin du XVIIIè et du début du XIXè, dont Kitagawa Utamaro (1753 - 1806), Katsushika Hokusai (1760-1849) et Ando Utagawa Hiroshige (1797-1858) sont les plus illustres représentants.
 | Ando Hiroshige Utagawa (1797-1858) : Homme menant sa berque près d’une rive avec des osiers. 1858. Tokyo, Musée National |
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 | Ando Hiroshige Utagawa (1797-1858) : Cent vues célèbres de sites d'Edo, 52ème vue : Le Pont Ohashi et Atake sous une averse soudaine. 37,4x25,6 cm. 1856-1858 |
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 | Ando Hiroshige Utagawa (1797-1858) : Cent vues célèbres de sites d'Edo, 30e vue : Pruneraie à Kameido. 36,3x24,6 cm.1857 |
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 | Katsushika Hokusai (1760-1849) : Pêcheur à Kajikazawa. Tiré des trente-six vues du mont Fuj. Kajikazawa dans la province de Kai, 1831 |
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 | Kitagawa Utamaro (1750-1806)Â : pluie. Triptyque |
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L’Ukiyo-e est la peinture du « monde flottant », du « monde changeant », le monde des femmes, du théâtre et des maisons de plaisir, des lieux en marge où tout est grâce, galanterie, légèreté ; mais aussi le monde extérieur de la rue animée, sous le soleil ou sous la pluie, d'une multitude frémissante de vie, des anecdotes du quotidien ; mais surtout le monde du paysage et de la nature, qui apparaissent sous leurs divers aspects, donc comme la mobilité même. Les maîtres japonais pratiquent l'art des séries : le mont Fuji, des branches d’arbres, des ponts, des vagues, tous mille fois représentés en d'innombrables vues au gré des saisons et des heures, des aléas climatiques, des changements d’atmosphère, mais aussi au gré des découpages arbitraires, des perspectives obliques et angulaires : cet art, mais aussi la philosophie dont il l’inspire et qui est une philosophie de la mutabilité des choses, vont émerveiller de façon décisive les impressionnistes, de Monet à Van Gogh, de Lautrec à Gaugin…
 | Ando Hiroshige Utagawa (1797-1858)Â : Roseau sous la neige et canard sauvage |
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 | Ando Hiroshige Utagawa (1797-1858) : Pont sous la neige à Meguno |
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 | Katsushika Hokusai (1760-1849)Â : Moissonneurs au travail. Leeds Museum & Galleries |
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 | Katsushika Hokusai (1760-1849) : La grande vague de Kanagawa (1831) est la première des 46 estampes composant les « Trente-six vues du mont Fuji », l'une des Å“uvres majeures d'Hokusai |
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 | Katsushika Hokusai (1760-1849) : Ejiri Tago. Tiré des trente-six vues du mont Fuji. 1831 |
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Très proches enfin des impressionnistes sont le hollandais Johan Barth'>Barthold Jongkind (1819-1891) et Eugène Boudin (1824-1898).
Jongkind passe une longue partie de sa vie tumultueuse en Normandie et montre, dans ses huiles et ses aquarelles, une fine et savante connaissance des valeurs et des nuances de la lumière. Il rencontre Monet en 1862 et l’influence grandement. Indépendamment de son caractère propre, l'œuvre de Jongkind se situe entre les œuvres de Corot et de Monet, annonciatrice de la vague impressionniste de la fin du XIXème siècle.
Barth'>Barthold Jongkind : « Le Pont Royal vu du Quai d’Orsay » 1852. Huile sur toile, 27 x 41 cm. Musée Salies Bagnères de Bigorre'> | Johan Barth'>Barthold Jongkind : « Le Pont Royal vu du Quai d'Orsay » 1852. Huile sur toile, 27 x 41 cm. Musée Salies Bagnères de Bigorre |
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Barth'>Barthold Jongkind : la diligence, rue du faubourg Saint Jacques. 1867 . Collection privée'> | Johan Barth'>Barthold Jongkind : la diligence, rue du faubourg Saint Jacques. 1867 . Collection privée |
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Barth'>Barthold Jongkind : l’entrée du port d’Honfleur. Musée de Toledo, Ohio'> | Johan Barth'>Barthold Jongkind : l’entrée du port d’Honfleur. Musée de Toledo, Ohio |
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Barth'>Barthold Jongkind : les bords de l’Isère à Grenoble. 1886. Collection particulière'> | Johan Barth'>Barthold Jongkind : les bords de l’Isère à Grenoble. 1886. Collection particulière |
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Eugène Boudin, qui brosse directement des marines et des plages, créé des ciels immenses et mouvants, dont le lyrisme s'exalte en proportion inverse de la dimension menue, gracieuse et drolatique des personnages qui animent ses plages. La vivacité de sa touche, ses magiques effets de lumière, ses ciels loués par Baudelaire en font un véritable impressionniste avant la lettre. Il rencontre au Havre en 1862 le jeune Claude Monet et l'initie à la peinture en plein air. Boudin exposera même au premier salon des impressionnistes même s’il ne se considère pas comme un innovateur.
 | Eugène Boudin : Trouville, vue générale de la plage. 1890. Huile sur toile, 55,5 x 90 cm. Collection privée |
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 | Eugène Boudin : La Rade de Villefranche, vue du quai de la Marine. 1892. Huile sur toile, 40 x 56 cm. Collection privée |
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 | Eugène Boudin : Antibes, le Fort carré. 1893. Huile sur toile, 46,5 x 66 cm. Collection privée |
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 | Eugène Boudin : Le Port d'Antibes. 1893. Huile sur toile, 46 cm x 66 cm. Paris, musée d'Orsay |
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