L’impressionnisme (Histoire de l’art)
2. Qu’est-ce que l’impressionnisme?
Une constante de l’art et un phénomène d’époque
Une philosophie du changement
La lumière impressionniste
L’apport de la science
L’œil impressionniste
Le renouvellement de la vision
2.2. Une philosophie du changement
C’est Baudelaire qui découvre « l'héroïsme de la vie moderne » et introduit dans la méditation du beau l'idée de « modernité ». C’est lui qui se penche sur la perception du temps en son essence, c'est-à -dire en son écoulement, de sa précarité : ni attendrissant comme le sentiment du passé, ni réconfortant comme celui du futur. Fait de regret et d'espérance, il est essentiellement fuyant, s'arrache incessamment à un passé périmé et s'altère en un avenir incertain, créant un état de profonde mélancolie. Ainsi ce « fuyant mélancolique et héroïque » s’applique aux scènes, aux personnes, aux mœurs, aux costumes de l'actualité, à ses modes, ces manières d'être et ces d'artificielles frivolités saisonnières imposées par la société…
Gustave Courbet : Baudelaire, 1848. Montpellier, Musée Fabre |
Situé ainsi dans le temps, l'artiste ne peut que voir la nature suivre elle aussi le cours du temps : c’est la grande innovation de l'impressionnisme. Il ne s'intéresse qu'aux changements de la nature selon la lumière, le climat, le mois, l'heure, autant d'agents dont l'effet est de flouter ou de dissoudre les contours des choses, d'effacer tout ce qui définit et immobilise. Il est donc logique que l’impressionnisme porte le principal de son attention sur les accidents météorologiques : neiges, brouillards, inondations, et sur les éléments les plus fluides de la nature : l'air, l'eau, les rivières coulant, les flots de la mer déferlant contre les rochers, l'atmosphère, les ciels… l'artiste impressionniste ne veut pas distinguer et signifier des objets, mais il veut en dégager la souveraine et magique énergie « métamorphosante ».
Charles-François Daubigny (1817-1878) : Au bord du Loing, Huile sur toile. Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage |