Au milieu du XIXe siècle, la peinture française est dominée par l'« Académie royale de peinture et de sculpture », créée sous le règne de Louis XIV, qui fixe les règles du bon goût, tant pour les thèmes picturaux que pour les techniques employées. Seuls ont droit de cité les sujets historiques ou religieux, réalisés avec un grand soin du détail et masquant le plus possible les traces du pinceau. Surtout, l’Académie privilégie l’enseignement du dessin, plus simple à définir dans un corps de doctrine bien structuré alors que la couleur, considérée depuis Aristote comme un accident de la lumière, est bien plus difficile à enseigner. Aussi, pour l’Académie, la copie des modèles de la sculpture antique constitue un idéal de beauté. L’enseignement des techniques de la couleur est réservé aux ateliers extérieurs.
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Carolus Duran : Danaé. 1900. Huile sur toile. Musée des Beaux Arts de Bordeaux |
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Ainsi l'enseignement de l'académie repose sur les 5 principes fondateurs :
- Affirmer la primauté du dessin sur la couleur ;
- Approfondir l'étude du nu, de l'anatomie ;
- Privilégier le travail en atelier par rapport au travail en plein air, sur le motif ;
- Réaliser des œuvres « achevées » ;
- Imiter les anciens, imiter la nature.
La cote des œuvres d'art et leur succès se décident au « Salon de Paris », la Mecque internationale de la peinture et exposition officielle de l’Académie, où se bousculent les peintres « officiels », les Léon Bonnat, William Bouguereau, Alexandre Cabanel, Thomas Couture, Henri Gervex, Jean Léon Gérôme, Ernest Meissonnier…
| Léon Gérôme : Le combat de coqs. 1847. Paris, Musée d'Orsay |
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| Henri Gervex : Rolla. 1878. Bordeaux, musée des Beaux Arts |
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| Léon Bonnat : Madame Pasca (1835-1914), artiste dramatique. 1874. Huile sur toile, 132 x 223 cm. Paris, Musée d’Orsay |
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| William Bouguereau : La naissance de Vénus, 1879, 300x218 cm, Musée d’Orsay |
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| Jean Louis Ernest Meissonnier la bataille de Friedland.1875. New York, Metropolitan Museum of Art |
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A partir de 1863, le Salon devient annuel; un jury composé de membres de l'Académie des Beaux-arts et de précédents médaillés du Salon sélectionnent les œuvres exposées. Pour la seule année 1863, 4 000 œuvres sont refusées sur les 5 000 demandes faites par quelque 3 000 artistes. Aussi, l’empereur Napoléon III décide de la création du « Salon des Refusés », qu’il inaugure en 1863. En effet, même si la plupart des impressionnistes obtiennent une première exposition au Salon, (Pissarro et Degas sont acceptés sans discontinuer de 1865 à 1870), ils s’y voient par la suite presque systématiquement refusés. Cézanne, n’exposera qu’une fois au Salon, en 1882…
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Paul Cézanne : L'Estaque, vue du golfe de Marseille. 1878-1879. Huile sur toile, 59,5 cm x 73 cm. Paris, musée d'Orsay |