Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
0. Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
La mise en place de la politique exterminationniste
Histoire des Einsatzgruppen
Les méthodes des Einsatzgruppen
Les rapports
Les grands massacres
Les victimes
L’« Aktion 1005 »
Témoignages
Le procès des Einsatzgruppen
Les bourreaux. Biographies
7. L’« Aktion 1005 »
7.1. Origine et objectifs
Sous le nom de code « Aktion 1005 » les Allemands, sur ordre de Himmler, tentent d’effacer toutes les traces des massacres des nazis à l’est. Pour ce faire, il faut ouvrir toutes les fosses communes, en extirper les cadavres et les brûler. Le nom de code tire son origine de l’« Aktenzeichen 1005 », la référence concernant ce projet dans une correspondance entre le chef de la Gestapo SS-Gruppenführer Heinrich Müller et Martin Luther, un fonctionnaire du Ministère des Affaires étrangères. Cette référence servit pour désigner toutes les unités impliquées, qui désormais se nommeront « Sonderkommando 1005 ».
L’« Aktion 1005 » est planifiée au printemps 1942 pour trois raisons :
- Les Alliés ont connaissance des massacres à l’est ;
- A Chelmno, Auschwitz-Birkenau, Maïdaneck, dans les 3 centres de mise à mort de l’« Aktion Reinhard » et dans d’autres lieux, particulièrement les zones d’action des Einsatzgruppen, les cadavres des victimes gisent dans d’immenses fosses communes : à l’été de 1942 ces fosses commencent à gonfler à cause de la décomposition des corps (notamment à Treblinka et à proximité des Bunker I et II de Birkenau) et un liquide noirâtre et putride s’en échappe. L’odeur épouvantable attire des millions de mouches et la vie aux environs devient difficile. De plus, les autorités locales craignent une contamination des nappes phréatiques…
- Les nazis craignent que les générations futures ne comprennent pas ces massacres en masse…
Chacun de ces « Sonderkommandos » comprend plusieurs officiers du SD (« Sicherheitsdienst », Service de sécurité), des hommes de la SIPO (« Sicherheitspolizei », police de sécurité) et des hommes de l’ORPO (« Ordnungspolizei », police d’ordre). Leur travail consiste à surveiller les 100 à 150 Juifs préalablement « sélectionnés » chargés de faire le travail : ouvrir les fosses, en extraire les restes humains, rechercher les éventuels objets de valeur (soit avant, soit après la crémation) et finalement les brûler. Ces Juifs sont exécutés une fois le travail accompli.
7.2. Le travail du kommando
On procède à une phase d’essai entre 1942 et 1943 : les « Sonderkommandos 1005 » s’occupent des centres de mise à mort de Belzec, Treblinka, Sobibor.... Le SS-Standartenführer Paul Blobel, aux ordres directs de Müller supervise l’exhumation et la crémation des cadavres en testant diverses techniques comme par exemple celle de l’alternance d’une couche de bois et d’une couche de corps, ou celle de la crémation sur un immense grill constitué de rails de chemins de fer et de grilles de fer. Dans une seconde phase, de juin 1943 à juillet 1944, les « Sonderkommandos 1005 » ouvrent des centaines de fosses en Pologne, dans les pays Baltes et dans les territoires soviétiques conquis par les Allemands.
Les premières fosses à être ouvertes sont celles du camp de Janowska à Lwow. En août 1943, deux nouvelles unités sont formées à Kiev : le « Sonderkommando 1005-A » et le « Sonderkommando 1005-B ». Le « 1005-A » opère en Ukraine, entre Dniepropetrovsk et Berditchev, notamment à Babi Yar où les 29 et 30 septembre 1941 l’« Einsatzgruppe 4a », celui de Blobel précisément, avait massacré 33.771 Juifs de Kiev : les 18 et 19 août 1943, 40 SS- et SD obligent 327 Juifs détenus du camp de Syrezk, à déterrer les victimes et à les brûler. Puis le Sonderkommando se rend à Berditchev, Belaja Zerkow, Uman et Kamenez-Podolski, où les fosses sont vidées. Puis, comme l’Armée Rouge approche, l’unité est déplacée à Zamosc (District de Lublin) puis à Lodz, pour superviser la déportation du ghetto de Lodz sur Auschwitz.
Le « 1005-B » ouvre les fosses à Dniepropetrovsk, Krivoi Rog et Nikolaiev. Puis il est envoyé à Riga, où il stationne à Salaspils. Dans l’est de la Biélorussie (District militaire) deux « Sonderkommandos 1005 » supplémentaires sont formés : les « Sonderkommandos 7a » et « 7b ». Ils exhument les corps à Gomel, Moghilev, Bobruisk et Vitebsk. Dans l’ouest de la Biélorussie travaille le « Sonderkommando 1005-Mitte », commandé par Max Krahner. Il stationne dans le camp d’extermination de Maly Trostinec près de Minsk, ils exhument et réduisent en cendres entre 40 000 et 50 000 cadavres de Juifs de Minsk et du « Reich ». Puis ils opèrent dans la région de Molodetschno, de Brest-Litovsk, de Pinsk, de Kobrin et de Lomza. Le 16 août 1944 ils sont à Lodz, où ils travaillent en lien avec le « Sonderkommando 1005-A ».
Maly Trostinec : charnier |
Dans bien d’autres villes et régions, de la Baltique à la Yougoslavie, des « Sonderkommandos 1005 » sont localement constitués pour faire disparaître les traces des épouvantables crimes… (Environ 68 000 corps). Beaucoup de membres de ces Sonderkommandos sont finalement transférés en Carinthie (Autriche) pour former l’« Einsatzgruppe Iltis » (Putois) où ils combattent jusqu’à la fin de la guerre les Partisans de Carinthie, d’Italie du Nord et de Yougoslavie du Nord.
Fosse commune en Union Soviétique conquise et nettoyée |
7.3. Les procès du « Sonderkommando 1005 »
7.3.1. Procès de Heilbronn, 1962-1963
Rudolf Theimer est condamné à 4 ans de prison pour meurtre collectif d’au moins 45 Juifs ; exécutions individuelles d’un total de 10 personnes, qui furent déportées au camp de Borek pour y être tuées.
7.3.1.1. Procès de Coblence, 1963-1965
- Chef d’accusation : crimes commis à Minsk, Trostinez, Koidanow, Rakow, Slonim, Sluck : fusillades, gazages dans des camions… Accusation d’avoir brûlé vivants des prisonniers de guerre soviétiques et juifs d’Europe de l’Ouest déportés à Minsk de Rome, d’handicapés mentaux, d’autres civils soviétiques et des agents soviétiques entre 1941 et 1944. Mais aussi de meurtre de 300 hommes, femmes et enfants de Minsk, en représailles de l’attentat contre commissaire général Kube.
- Des peines de prison sont prononcées contre : Franz Stark (prison à vie) ; Georg Albert Wilhelm Heuser (15 ans) ; Artur Fritz Wilke (10 ans) ; Rudolf Schlegel (8 ans) ; Friedrich Merbach (7 ans) ; Johannes Hugo Otto Feder, Wilhelm Kaul, Eberhard Richard Ernst von Toll (4,5 ans) ; Karl Robert Dalheimer, Jakob Herbert Oswald (4 ans) ;
- Arthur Alexander Harder voit son jugement annulé.
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7.3.1.2. Procès de Hamburg, 1968
- Chef d’accusation : meurtres de prisonniers juifs et non juifs faisant partie des « Sonderkommandos 1005 » opérant à Minsk, Maly Trostinec, Pinsk, Smolewitsche, Kobryn, Slonim, Lomza, par fusillage, gazages dans des camions et dynamitage d’un bunker de prisonniers.
- Des peines de prison à vie sont prononcées contre Otto Erich Drews, Otto Hugo Goldapp, Max Hermann Krahner.
7.3.1.3. Procès de Stuttgart, 1969
- Chef d’accusation : (Sonderkommando 1005A, Sonderkommando 1005B) : massacre des Sonderkommandos de Juifs (principalement) et de non juifs ayant exhumé les corps à Babi-Yar, Uman, Kamieniec-Podolski, Nikolaiev, Samocz, Belaja-Zerkow, Woskresenskoje et près de Riga.
- Hans Friedrich Soh est condamné à 4 ans de prison, Fritz Otto Karl Zie à 2,5 ans de prison ;
- Walter Ernst Helfsgott et Fritz Karl Kir sont acquittés.
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