Nazisme : les Einsatzgruppen (2ième guerre mondiale)
6. Les victimes
Le chiffre exact des victimes est extrêmement difficile à déterminer. Il y eut approximativement 1 500 000 de personnes assassinées par les Einsatzgruppen, en très grande majorité des Juifs. Alors qu'il évaluait ce nombre élevé de victimes, le Juge Michael Musmanno, qui présidait au procès des Einsatzgruppen écrivit :
« Un million de cadavres humains est un concept trop étrange et fantastique pour être appréhendé par un cerveau normal. Comme suggéré précédemment, le choc produit par la mention d'un million de morts n'est aucunement proportionné à son énormité, car pour le cerveau moyen, un million est davantage un symbole qu'une mesure quantitative. Toutefois, si l'on lit en entier les rapports des Einsatzgruppen et si l'on observe les nombres augmenter, s'élever à dix mille, puis à des dizaines de mille, cent mille et au-delà , alors on peut enfin croire que ceci s'est réellement passé : le massacre de sang-froid, prémédité, d'un million d'êtres humains. »
A la fin de l’année 1941 les rapports des Einsatzgruppen donnent les chiffres suivants :
- Einsatzgruppe A : 249 420 Juifs éliminés ;
- Einsatzgruppe B : 45 467 Juifs éliminés ;
- Einsatzgruppe C : 95 000 Juifs éliminés ;
- Einsatzgruppe D : 92 000 Juifs éliminés.
Le nombre total des Juifs tués par toutes les unités s’élève donc fin 1941 à environ 500 000 Juifs. C’est l’Einsatzgruppe A qui a accompli le premier son objectif de destruction systématique des Juifs dans sa zone. Cette phase, définie comme la première vague de mise à mort, est remplacée à partir de l’automne 1941 par une seconde vague beaucoup plus meurtrière, car exterminationniste, à laquelle la Wehrmacht a été associée de beaucoup plus près. Les Einsatzgruppens sont alors subordonnés aux « Höheren SS- und Polizeiführern », les HSSPF et les chefs des Einsatzgruppen sont nommés « Befehlshaber der Sicherheitspolizei » (BdS) avec des pouvoirs accrus.
Cette deuxième phase a en effet pour objectif la destruction complète de la population juive avec la mise à mort des juifs encore restés en vie dans toutes les zones occupées. Elle met en œuvre des forces renforcées et beaucoup plus efficaces que la première vague, et fait de plus en plus appel aux troupes d’auxiliaires « Volksdeutsche » locaux, les « Schutzmannschaften » (Schuma), qui fin 1942 atteignent le chiffre de 47 974 hommes ; il faut y ajouter les « Bandenkampfverbände », troupes en principe chargées de combattre les partisans et comprenant 14 953 Allemands et 238 105 « Ost-Hilfswillige » (Hiwis), « auxiliaires volontaires des pays de l’est »…
Le nombre de victimes de cette deuxième phase se chiffre à au moins 400 000 victimes juives. Soit, avec la première phase, 900 000 victimes Juives. Si on y ajoute les autres victimes Juives des unités antipatisannes, de la Wehrmacht et de l’armée roumaine, le chiffre des victimes Juives massacrées en Union Soviétique (pays baltes compris) avoisine les 1 350 000 personnes.
Massacres et déportations à l'Est, juin-juillet 1942 |
Massacres et déportations à l'Est, janvier 1942 |
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