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Le ghetto de Zamosc

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10. Témoignages : la déportation d’avril 1942

Un témoin oculaire, David Mekler, raconte :

« Le 11 avril 1942, les SS, et la police montée sont tombés sur le quartier juif de Zamosc comme une bande de sauvages. Ce fut la une surprise totale. Les brutes à cheval ont particulièrement créé la panique ; elles ont déboulé dans les rues, criant et insultant, frappant de tous les côtés avec leurs fouets. Notre communauté était alors forte de 10.000 personnes. En un éclair, sans même réaliser ce qui se passait, une foule de 3.000 hommes, femmes et enfants, est prise au hasard dans les rues et dans les maisons. Ils ont été conduits à la gare et expulsés vers une destination inconnue. Le spectacle qu’offrait le ghetto après que l'attaque, a littéralement rendu les survivants fous. Partout, des corps dans les rues, dans les cours, à l'intérieur des maisons ; bébés jetés du troisième ou quatrième étages gisant écrasée sur les trottoirs… Les juifs eux-mêmes ont dû ramasser et enterrer les morts… »

Parmi les déportés se trouve Moshe Franc, qui à ce moment-là a 13 ans. En même temps que sa mère il a été amené au quai (appelé avant la guerre le « quai de betteraves »), situé entre la vieille et la nouvelle ville, et d'où toutes les déportations ont lieu :

« Les Juifs se tenaient sur la place et gardaient les paquets que chacun avait pris avec lui. Nous avons attendu sur cette place jusque dans la soirée. C'est seulement le soir que les Allemands nous ont menés aux wagons à bestiaux de la mort pour nous forcer à y grimper en semant la terreur. Il avait les coups de feu, les pleurs des enfants et les cris perçants des mères, cris tout le long du chemin. Quiconque ne pouvait marcher, quiconque sortait de la foule, quiconque cachait la tête d'un enfant était abattu froidement. Enfin nous fûmes sur la rampe où attendaient les wagons à bestiaux. Ils ont poussé les Juifs vers le train et est arrivé le moment où j'ai dû entrer dans le wagon. L’homme de la Gestapo m'a poussé vers la voiture. Je n'ai pas pensé. Au lieu de monter à bord du train, je me suis glissé sous le wagon et ai rampé sous le train entre les rails, et j'ai attendu jusqu'à ce que tous les Juifs aient été chargés dans le train. Plus tard j'ai rampé en direction de la rue puis me suis échappé dans la nouvelle ville. Sur le chemin j'ai vu corps après corps. La rue entière était couverte de cadavres de Juifs : l’un tenait toujours son baluchon, un second avait abandonné le sien, un troisième avait un trou dans la poitrine, un quatrième la tête éclatée... »

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