Belzec
10. Témoignages
De la destruction des Juifs, par Goebbels
Description du camp par Stanislaw Kozak
L’extermination, par le SS Alfred Schluch
La nouvelle chambre à gaz, par Rudolf Reder
L’exhumation et la crémation, par le SS Gley
Le rapport Gerstein
Odilo Globocnick, par Breitman
10.3. L’extermination, par le SS Alfred Schluch
SS Karl Alfred Schluch.« Le déchargement des wagons était effectué par une corvée de travail juive sous la direction d'un kapo. Deux ou trois membres du personnel allemand surveillaient les opérations. Les juifs qui pouvaient marcher devaient se rendre au lieu de rassemblement. On leur disait qu'ils allaient être déplacés et qu'ils devaient auparavant être baignés et désinfectés. C'était Wirth, mais aussi son interprète, un kapo juif, qui tenait ces propos. Puis on conduisait les juifs aux baraquements de déshabillage. Dans l'un se déshabillaient les hommes, dans l'autre les femmes et les enfants. Après le déshabillage, les hommes d'une part, les femmes et les enfants d'autre part passaient par le boyau.
Mon poste dans le boyau était au voisinage des baraquements de déshabillage. Wirth m'y avait affecté parce qu'à son avis j'avais une influence tranquillisante sur les juifs. Quand ceux-ci avaient quitté le baraquement de déshabillage, je devais leur montrer le chemin des chambres à gaz. Je crois que je leur facilitais le chemin, car mes attitudes et mes paroles devaient les convaincre qu'ils allaient réellement se baigner. Quand ils furent entrés dans les chambres, les portes furent fermées par Hackenholt ou par les Ukrainiens qui lui étaient affectés. Aussitôt, Hackenholt mettait le moteur en marche. Après cinq à sept minutes, d'après mon évaluation, on regardait à l'intérieur par un judas pour vérifier que tous étaient morts. On ouvrait alors la porte extérieure et on aérait.
Après l'aération de la chambre à gaz arrivait la corvée juive sous le commandement d'un kapo. Les juifs avaient été entassés très serrés dans les chambres. Aussi les corps ne gisaient-ils pas sur le sol : ils étaient enchevêtrés les uns dans les autres, certains penchés en arrière, d'autres en avant, l'un sur le côté, l'autre agenouillé. Une partie des cadavres étaient souillés d'excréments ou d'urine, d'autres de bave. J'ai pu observer que les lèvres et la pointe du nez avaient pris une coloration bleuâtre. Certains avaient les yeux fermés, d'autres les yeux tournés. Une fois retirés des chambres à gaz, les cadavres étaient examinés par un dentiste. Celui-ci enlevait les bagues et arrachait les dents en or. Il jetait les objets de valeur ainsi recueillis dans un carton près de lui. Après cette opération, les cadavres étaient jetés dans les grandes fosses préparées à cet effet. »
