B&S Encyclopédie

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Belzec

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10. TĂ©moignages

De la destruction des Juifs, par Goebbels
Description du camp par Stanislaw Kozak
L’extermination, par le SS Alfred Schluch
La nouvelle chambre Ă  gaz, par Rudolf Reder
L’exhumation et la crémation, par le SS Gley
Le rapport Gerstein
Odilo Globocnick, par Breitman

10.6. Le rapport Gerstein

« ... En janvier 1942, je fus nommé chef des services techniques de désinfection de la Waffen-SS, comprenant aussi une section de gaz sévèrement toxiques.

En cette qualité, je reçus le 8 juin 1942 la visite du SS Sturmführer Günther du R.H.S.A., habillé en civil. Il m'était inconnu. Il me donna l'ordre de lui procurer immédiatement, pour une mission ultra secrète, 100 kg d'acide prussique et de les amener en un lieu qui n'était connu que du chauffeur de camion. Quelques semaines plus tard, nous partîmes pour Prague. Je pouvais m'imaginer à peu près à quoi l'acide prussique devait servir, et de quel genre était cet ordre, mais j'acceptai car le hasard me donnait l'occasion attendue depuis longtemps de pénétrer au fond de toutes ces choses. Je possédais d'ailleurs, en tant qu'expert pour l'acide prussique, une telle autorité et compétence qu'il m'était facile de déclarer, sous un prétexte quelconque que l'acide prussique était inutilisable : décomposé, ou quelque chose de ce genre, et d'empêcher son utilisation pour l'extermination. Nous prîmes avec nous, plutôt par hasard, le professeur médecin Pfannenstiel, SS-Obersturmbahnführer, titulaire de la chaire d'hygiène à l'Université de Marburg-sur-Lahn.

Nous partîmes ensuite avec le camion à Lublin (Pologne). Le SS-Gruppenführer Globocnik nous y attendait. A l'usine de Collin, j'ai laissé entendre exprès que l'acide était destiné à tuer des êtres humains. L'après-midi, un homme montra beaucoup d'intérêt pour notre camion. Il se sauva à toute vitesse lorsqu'il se sentit observé. Globocnik nous dit : « C'est une des affaires les plus secrètes qui soient et c'est même la plus secrète. Celui qui en parlera sera fusillé aussitôt. Hier, encore deux bavards furent fusillés. » Il nous expliqua alors :

« Actuellement - c'était le 17 août 1942 - il existe trois installations :

  1. Belzec, sur la route de Lublin-Lwow. Maximum par jour 15.000 personnes
  2. Sobibor (je ne sais exactement oĂą) 20.000 par jour.
  3. Treblinka, à 120 kilomètres NNE de Varsovie.
  4. Maïdenack, près de Lublin (en préparation).

Globocnik dit : « Il vous faudra faire de la désinfection de très grandes quantités de vêtements provenant de Juifs, Polonais, Tchèques etc. Votre autre devoir sera d'améliorer le service de nos chambres à gaz, fonctionnant par échappement d'un moteur diesel. Il faut un gaz plus toxique et fonctionnant plus vite, tel que l'acide prussique. Le Führer et Himmler m'ont prescrit d'accompagner moi-même tous ceux qui doivent voir l'installation. »

Le professeur Pfannenstiel lui demanda: « Mais que dit le Führer ? »" Globocnik répondit : « Le Führer ordonne d'accélérer toute l'action. » Le docteur Herbert Lindner, qui était avec nous hier lui a demandé : « Mais ne serait-il pas plus prudent de brûler les corps au lieu de les enterrer ? Une autre génération jugerait peut-être ces choses d'une autre manière ». Je répliquai : « Messieurs, si jamais, après nous, il y avait une génération si lâche, si molle qu'elle ne comprendrait pas notre oeuvre si bonne et si nécessaire, alors, messieurs, tout le national-socialisme aura été pour rien. Au contraire, il faudrait enterrer des tables de bronze, mentionnant que ce qui fut nous, nous qui eûmes le courage de réaliser cette oeuvre gigantesque ! » Le Führer dit alors : « Oui, mon brave Globocnick, vous avez raison. »

« Le lendemain, nous partions pour Belzec. Globocnick me présenta à un SS. (Wirth ???) qui me fit voir les installations. Ce jour on ne vit pas de morts, mais une odeur pestilentielle recouvrait toute la région. A côté de la gare, il y avait une grande baraque « vestiaire », avec un guichet « valeurs ». Plus loin, une salle avec une centaine de chaises, « coiffeur ». Ensuite, un couloir de 150 mètres en plein vent, barbelés des deux côtés, et affiches : « Aux bains et aux inhalations. » Devant nous, une maison genre établissement de bains ; à droite et à gauche, grands pots de béton avec des géraniums ou d'autres fleurs. Au toit, l'étoile de David. Sur le bâtiment, l'inscription : « Fondation Hackenholt. »

« Le lendemain matin, peu avant 7 heures, on m'annonce : « Dans dix minutes, le premier train arrivera ! » En effet, quelques minutes plus tard, un train arrivait de Lemberg : 45 wagons, contenant plus de 6.000 personnes. 200 Ukrainiens affectés à ce service arrachèrent les portières et, avec des cravaches de cuir, chassèrent les Juifs de l'intérieur des voitures. Un haut-parleur donna les instructions : enlever tous les vêtements, même les prothèses et les lunettes. Remettre toutes valeurs et tout argent au guichet « valeurs ». Les femmes et les jeunes filles, se faire couper les cheveux dans la baraque du « coiffeur ». Un Unterfführer-SS de service me dit : (« c'est pour faire quelque chose de spécial avec les équipages de sous-marins »).

« Ensuite, la marche commença. A droite et à gauche les barbelés, derrière, deux douzaines d'Ukrainiens, le fusil à la main. Ils s'approchent. Moi-même et Wirth, nous nous trouvons devant les chambres de la mort. Totalement nus, les hommes, les femmes, les bébés, les mutilés, ils passent. Au coin, un grand SS, à haute voix pastorale, dit aux malheureux: « Il ne vous arrivera rien de pénible ! Il faut seulement respirer très fort, cela fortifie les poumons, c'est un moyen de prévenir les maladies contagieuses, c'est une bonne désinfection ! » Ils lui demandaient quel allait être leur sort. Il leur dit: « Les hommes devront travailler, construire des maisons et des rues. Les femmes n'y seront pas contraintes ; elles s'occuperont du ménage et de la « cuisine. »

« C'était pour certains de ces pauvres gens un dernier petit espoir, assez pour les faire marcher sans résistance vers les chambres de la mort. La majorité sait tout, l'odeur l'indique ! Ils montent un petit escalier en bois et entrent dans les chambres de la mort, la plupart sans mot dire, poussés par les autres qui sont derrière eux. Une Juive de quarante ans environ, les yeux comme des flambeaux, maudit les meurtriers ; recevant quelques coups de cravache de la part du capitaine Wirth lui-même, elle disparaît dans la chambre à gaz. Beaucoup font leur prière, d'autres demandent : « Qui est-ce qui nous donnera de l'eau pour la mort ? » (Rite israélite). Dans les chambres, des SS pressent les hommes : « Bien remplir », a ordonné Wirth, 700 - 800 sur 93 m2 ! Les portes se ferment.

A ce moment, je comprends la raison de l'inscription « Heckenholt » : Heckenholt, c'est le chauffeur de la Diesel, dont les gaz d'échappement sont destinés à tuer les malheureux. Le SS Unterscharführer Heckenholt s'efforce de mettre en marche le moteur. Mais il ne marche pas ! Le capitaine Wirth arrive. On le voit, il a peur, car j'assiste au désastre. Oui, je vois tout et j'attends. Mon chronomètre « stop » a fixé le tout, 50 minutes, 70 minutes, le Diesel ne marche pas ! Les hommes attendent dans les chambres à gaz. En vain. On les entend pleurer « comme à la synagogue », dit le professeur Pfannenstiel, l'oeil à une fenêtre agencée dans la porte de bois. Le capitaine Wirth, furieux, envoie quelques coups de cravache à l'Ukrainien qui est l'aide de Heckenholt. Après 2 heures 49 minutes - la montre a tout enregistré - le Diesel se met en marche. 25 minutes passent. Beaucoup sont déjà morts, c'est ce qu'on voit par la petite fenêtre, car une lampe électrique éclaire par moment l'intérieur de la chambre. Après 32 minutes enfin, tous sont morts !

De l'autre côté, des travailleurs juifs ouvrent les portes en bois. On leur a promis - pour leur service terrible - la vie sauve, ainsi qu'un petit pourcentage des valeurs et de l'argent trouvés. Comme des colonnes de basalte, les hommes sont encore debout, n'ayant pas la moindre place pour tomber ou pour s'incliner. Même dans la mort, on reconnaît encore les familles se serrant les mains. On a peine à les séparer, en vidant les chambres pour le prochain chargement. On jette les corps, bleus, humides de sueur et d'urine, les jambes pleines de crottes et de sang périodique. Deux douzaines de travailleurs s'occupent de contrôler les bouches, qu'ils ouvrent au moyen de crochets de fer. « Or à gauche, pas d'or à droite ! » D'autres contrôlent anus et organes génitaux en cherchant monnaie, diamants d'or, etc. Des dentistes arrachent au moyen de marteaux les dents d'or, bridges, couronnes. Au milieu d'eux le capitaine Wirth. Il est dans son élément, en me montrant une grande boîte de conserves, remplie de dents, il me dit : « Voyez vous-même le poids de l'or ! C'est seulement d'hier et d'avant-hier. Vous ne vous imaginez pas tout ce qu'on peut trouver chaque jour, des dollars, des diamants, de l'or ! Vous verrez vous-même » Il me guida chez un bijoutier qui avait la responsabilité de toutes ces valeurs.

« On me fit voir encore un des chefs du magasin berlinois « Kaufhaus des Westens » et un petit homme auquel on faisait jouer du violon, le chef des commandos des travailleurs juifs. « C'est un capitaine de l'armée impériale autrichienne, Chevalier de la croix de fer allemande ! » me dit Wirth.

« Ensuite les corps furent jetés dans de grands fossés de 10 x 20 x 12 mètres environ, situés auprès des chambres à gaz. Après quelques jours, les corps se gonflaient et le tout s'élevait de 2 ou 3 mètres, à cause des gaz qui se formaient dans les cadavres. Après quelques jours, le gonflement fini, les corps se tassaient. Par la suite, m'a-t-on dit, on a brûlé les cadavres sur des rails de chemin de fer à l'aide d'huile diesel afin de les faire disparaître... »

Kurt Gerstein. TĂ©moignages, avril-mai 1945.


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