Le Rhin
3.3. L'aménagement du cours supérieur du Rhin
Etat du cours d'eau au début du XIXe siècle
La correction du Rhin avant 1840
Les travaux de Tulla
Les projets de régularisation
Le grand canal
3.3.4. Les projets de régularisation
Pour pallier aux inconvénients de la réalisation de Tulla, deux thèses s'affrontent : celle de la création d'un canal latéral et celle de l’aménagement du fleuve lui- même. (un canal latéral de Strasbourg à Seltz avait été construit en 1707 à des fins militaires, mais était en ruine dès 1714)
En 1878, un projet de canal latéral sur rive gauche, de Strasbourg à Ludwigshafen est présenté par l’ingénieur civil Mathias : il comporte 9 écluses normales de 145m x 12,50m, 3 écluses « fluviales » en communication avec le Rhin, à Killstett, Neuhaeusel et Munchhausen, sur les 56km du secteur alsacien et 7 écluses sur le secteur palatin de 69km de longueur. Les Allemands approuvent et font établir en 1882 un projet officiel transmis au Chancelier d'Empire. On n’obtint que des promesses...
Un second projet de canal en rive droite entre Kehl et Karlsruhe (60km environ) est ensuite proposé par le Grand Duché de Bade. Un autre est présenté à la même époque par les villes de Bischwiller et Germersheim pour la réalisation d’un canal entre Strasbourg et Sondernheim. Suit un projet du Crédit Foncier et de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Strasbourg en faveur de la construction d’un canal latéral Strasourg-Spire-Ludwigshafen en 1884, projet « torpillé » en 1890 après que l’Alsace eut envoyé au Reichstag ses 17 députés protestataires. Un dernier projet de Strasbourg en vue d’un aménagement du fleuve lui-même, monté avec le Grand Duché de Bade rencontre l’opposition de la ville de Mannheim et échoue en 1894.
Mais dans toute la vallée du Rhin du Reichsland, la batellerie rhénane réclame l'exécution de travaux de régularisations sur le Rhin. Finalement, après maintes réunions entre les représentants des 3 états intéressés (Reichsland Elsass-Lothringen, Bavière, Grand Duché de Bade), l'ingénieur badois Max Honsell présente un projet de régularisation en 1897, et le directeur des Services hydrauliques d'Alsace-Lorraine, Willgerodt un contre-projet en 1898. Les deux s'inspirent des principes de régularisation des fleuves de l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Henri Girardon expérimentés sur le Rhône. Ce projet consiste à régulariser le fleuve à l'aide d'épis noyés transversaux et de seuils de fonds, technique pratiquée à cette époque sur certaines rivières prussiennes et que Girardon avait mis au point sur le Rhône : par la création d’épis transversaux et de seuils de fond concentrant le débit, on contraint le fleuve à draguer lui-même les hauts-fonds et à entretenir un chenal régulier.
Travaux de régulation du Rhin au XIXè : mise en place de « saucissons » de pierres et de fascines qui seront immergées pour la construction des épis noyés |
Les exigences financière badoises font capoter le projet après un premier accord entre les trois Etats, ratifié le 6 mars 1902 par le Gouvernement du Reichsland. On en revient alors à l'idée de canal latéral : sous l'impulsion de L. Ungemach, président de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Strasbourg, est créée à Strasbourg en avril 1903, la « Société d'Etudes pour la construction du canal alsacien-lorrain », soutenant le projet de création d’un canal latéral de Strasbourg à Lauterbourg, reprise d’un ancien projet de L. Baumann conçu en en 1897, le premier qui envisage l'utilisation du débit du fleuve pour la production d'énergie électrique.
Mais le 6 février 1905, le Statthalter fait savoir que le Gouvernement du Reichsland s'en tient au projet de régularisation et qu’il s’engage à les faire financer par les divers partenaires. Les travaux, qui comprennent la réalisation d'un chenal navigable sinusoïdal d'une largeur de 75 à 90m commencent en 1906 sur le secteur Sondernheim - Strasbourg (85km) et s’achèvent en 1924. Les conséquences ne se font pas attendre : le trafic rhénan du port de Strasbourg passe de 700 000t en 1905 à 2 millions de tonnes en 1913 et atteint 5,7 millions de tonnes en 1930.