Le Rhin
3.3. L'aménagement du cours supérieur du Rhin
Etat du cours d'eau au début du XIXe siècle
La correction du Rhin avant 1840
Les travaux de Tulla
Les projets de régularisation
Le grand canal
3.3.1. Etat du cours d'eau au début du XIXe siècle
Au début du XIXè s, dans la plaine constituée par l'effondrement du massif des Vosges et de la Forêt Noire, le Rhin coule en de nombreux méandres, de multiples bras et faux bras, créant et détruisant des îles et des presqu'îles, alimentant des marais insalubres, changeant à chaque crue, sur plusieurs kilomètres de largeur.
Les villages riverains, protégés par des moyens dérisoires et sans continuité contre les atteintes des eaux en crue, étaient fréquemment inondés et dévastés, et leurs habitants souvent contraints de reconstruite leurs maisons ou de s'établir ailleurs. Les endiguements locaux construits par certains villages pour se protéger contre les hautes eaux aggravaient parfois les effets des crues pour les villages voisins : ces derniers allaient jusqu'à détruire les endiguements préjudiciables à leur sécurité.
Le Rhin à Mannheim. Gravure du XVIIIè |
Jusqu'à la Révolution, les riverains du Rhin furent mis à contribution pour participer à la lutte contre les inondations du fleuve, par le versement à la charge des communes d'un impôt spécial dit « Imposition des épis du Rhin », institué en 1648 et fixé à 30 000 livres annuelles. Cette imposition était employée à la construction et à l'entretien de certaines digues et épis principalement nécessaires à la défense du territoire. De plus, jusqu'à leur suppression en 1786, les corvées fournirent également la main-d’œuvre nécessaire aux réparations des digues les plus urgentes.
La forteresse de Huningue édifiée par Vauban sur le Rhin au nord de Bâle |
Mais la construction de digues de protection sur l'une des rives du fleuve entraînait le rejet des eaux sur l'autre rive : chaque amélioration locale entraînait une aggravation de la situation en temps de crue sur la rive opposée, provoquant ce qu’on nommait à l’époque la « guerre des fascines ». Maladies, épidémies, disette, famine étaient les séquelles habituelles des inondations et des crues du Rhin. Les plus grandes causaient la disparition de villages entiers.
Plan de la ville forte de Benfeld au XVIè. On peut se faire une petite idée de ce qu’était autrefois le Rhin et ses multiples bras… On distingue le village d’Ehl, ancien vicus d’Helvetum sous les Romains |
Un autre usage attribuait au seigneur local la propriété des îles émergeant du Rhin, et celle des bandes de terre que le fleuve détachait de la rive. Les seigneurs n'avaient donc aucun intérêt à empêcher les ravages du fleuve ; en conséquence, ils faisaient consolider au moyen de plantations les Îles ainsi formées, obligeant le fleuve à se chercher de nouveaux passages. On a vu là une des raisons qui ont empêché longtemps la réalisation d'une véritable protection des riverains contre les inondations du Rhin. Enfin, en ce qui concerne la navigation, l’absence de chemin de halage continu obligeait à des portages et à d’incessants changements de rive, et la perpétuelle transformation du chenal se déplaçant après chaque crue rendait difficile pour les bateliers l'exploitation commerciale du Rhin.