Le Rhin
3.2. Le Rhin dans l’Antiquité
Eridanos, le « Vater Rhein » ?
La traversée de 406
3.2.1. Eridanos, le « Vater Rhein » ?
Dans les textes antiques et dès Hésiode (VIIè avant J.C.), on parle d'un dieu - fleuve d'Occident, « Eridanos », fils des dieux « Océan » et « Thétys »… De nombreux auteurs et critiques voient dans l'Eridanos le Rhin (plutôt que le Rhône, le Don ou le Pô) : l'importance du Rhin dans les voies sud - nord européennes, particulièrement sa relation avec les routes de l'ambre, plaident en faveur du Rhin.
Sous les Romains, le fleuve est divinisé, comme bien des cours d'eau, mais il est probable qu'il était déjà vénéré comme dieu par les Celtes qui en auraient fait le père mythique de leur race. Plusieurs inscriptions d'époque romaine attestent l'existence d'un culte au dieu Rhin, notamment à Chur (Coire) sur le Rhin supérieur, ou à Strasbourg, dont témoigne l’inscription « RHENO PATRI/OPPIVS/SEVERVS/LEG AVG » (« au Père Rhin, Oppius Severus, Légat d'Auguste »), inscription découverte lors de la fouille de sauvetage de la rue du Puits en 1968 et qui remonte à environ 130 de notre ère.
La stèle au « Père Rhin » d’Oppius Severus. Strasbourg, musée Archéologique |
Le fait qu'un légat d'Auguste, « gouverneur militaire » de la ville, voire de toute la « Germania Superior », consacre un autel au Père Rhin est un geste significatif de l’importance du fleuve, dont le nom déifié est sans doute en rapport avec celui de Neptune, auquel de nombreuses dédicaces, autels et statues sont consacrées dans la région rhénane. Il est attesté que le Rhin a figuré à diverses reprises dans des cortèges triomphaux à Rome, sans doute sous la forme d'un grand vieillard barbu (image habituelle des fleuves), « patron » tutélaire des nautes et bateliers…