Le Rhin
6. L’économie du Rhin
L’énergie hydroélectrique
La navigation sur le Rhin
L’agriculture
Autres industries
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L’aménagement du Rhin en Alsace |
Lieu naturel d’installation des populations, un fleuve apporte l’eau, les fruits de la pêche, les terres fertiles ainsi qu’un axe de communication. Aujourd’hui, la concentration démographique de l’espace rhénan est l’une des plus fortes d’Europe. De Bâle à Strasbourg, de Cologne à Rotterdam, les grandes cités marchandes du bassin rhénan sont des ports européens importants qui tissent un réseau économique et industriel dense et dynamique, au fil du Rhin.
Le Rhin tient une place économique importante en Alsace, principalement avec :
- la production d’électricité, assurée par la centrale nucléaire de Fessenheim et les centrales hydroélectriques de Kembs, Ottmarsheim, Fessenheim, Vogelgrün, Marckolsheim, Rhinau, Gerstheim, Strasbourg et Iffezheim.
- le trafic fluvial, toujours important au fil des âges, assuré aujourd’hui par les ports de Bâle, Mulhouse-Ottmarsheim, Colmar et surtout Strasbourg, second port fluvial de France.
- Le Rhin attire par ailleurs de plus en plus de touristes alléchés par les sites industriels et les croisières sur le Rhin, de Bâle à Rotterdam.
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Lauterbourg : l’entreprise Rohm and Haas |
Jadis, le Rhin fournissait de l’or, cet or dont Wagner s’inspira pour créer sa Tétralogie. Le Rhin permettait aussi d’abondantes pêches : carpes du Rhin, brochets, truites, esturgeons, saumons, perches, tanches, anguilles... Ces activités n’existent plus aujourd’hui, notamment la pêche, victime de la pollution.
6.2. La navigation sur le Rhin
6.2.1. Les écluses
En même temps que l’exploitation de l’hydroélectricité, le traité de Versailles en 1918 a fixé, au titulaire de la concession, la mission d’assurer la navigation.
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Schéma du fonctionnement d’une écluse sur le Rhin |
Chaque centrale est donc associée d’une écluse à 2 sas permettant le franchissement d’une chute variant entre 10 et 16 m de hauteur. EDF exploite et entretient les 8 écluses de Kembs à Strasbourg. Au-delà , pour les sites franco-allemands de Gambsheim et Iffezheim, la gestion des écluses relève de la responsabilité des Etats français et allemand. Chaque écluse est généralement équipée de 2 sas parallèles de même longueur (de l’ordre de 190m) et profondeur (18m), mais de largeurs différentes (24m et 12m). A chaque éclusée, le sas large reçoit environ 60 000m3 d’eau et un passage d’écluse dure une vingtaine de minutes.
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Kembs : l’écluse |
Aux écluses de Marckolsheim, Rhinau, Gerstheim et Strasbourg, en rive gauche, un petit groupe de type « hélice » de 1 100 kW turbine le débit d'eau minimum de 15 m3/s réservé au Rhin naturel.
Les écluses de Gambsheim et Iffezheim sont équipées de 2 sas larges avec une longueur plus importante de 270m. Ce sont les plus grandes écluses d’Europe. Chaque éclusée dure de l’ordre de 14 minutes, dont 7 minutes pour le remplissage ou l’évacuation des 70 000m3 d’eau nécessaire. Le trafic journalier est d'environ 100 bateaux avec des convois poussés pouvant atteindre 14 000 tonnes.
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Gambsheim : écluses - Porte aval du sas en position haut |
Périodiquement, tous les 3 ans en moyenne, les services de la navigation allemand, français et suisse décident de l’arrêt coordonné du fonctionnement d’un des sas qui sont alors entièrement vidés pour procéder à l’entretien et aux éventuelles réparations de leurs structures et de leurs mécanismes.
E moyenne, il passe par les écluses du Rhin entre 18 et 20 000 bateaux chaque année. A Kembs, avec plus de 10 millions de tonnes, le fret fluvial représente 15% du commerce extérieur de la Suisse et 40% de ses importations en hydrocarbures. A proximité de l’écluse d’Ottmarsheim se trouve le Port autonome de Mulhouse-Ottmarsheim, le 3è port fluvial français après celui de Paris et de Strasbourg. A Strasbourg, plus de 24 000 bateaux passent ces écluses chaque année pour un trafic de marchandises approchant les 10 millions de tonnes. Strasbourg est le deuxième port fluvial français.
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Le Rhin avait autrefois de terribles colères... aujourd’hui seules l’agitent quelques vaguelettes au passage des chalands |
La plupart des écluses sont équipées d'une passe à poissons et d'un tube à anguilles pour favoriser la remontée des poissons et ainsi régénérer le fleuve.
6.2.2. Les canaux secondaires
Si le Rhin reste la voie majeure pour le transport des marchandises avec d’importantes zones portuaires, les 175km de canaux alsaciens sont aussi utilisés pour le transport des marchandises et jouent un rôle de plus en plus important pour les activités de tourisme … et également pour le développement local et le cadre de vie.
Le réseau alsacien de voies navigables à petit gabarit comprend aujourd’hui :
- Dans le Bas-Rhin :
- le Canal de la Marne au Rhin de Strasbourg à Saverne qui franchit les Vosges grâce au plan incliné de St Louis-Arzviller pour atteindre le plateau lorrain. Ce curieux et impressionnant ascenseur à bateaux a été construit en 1969 pour remplacer un jeu long et pénible (quasiment une journée) de 17 écluses pour gravir le dénivelé de terrain de 45m ! Cet ouvrage fonctionne comme un funiculaire : les bateaux entrent dans un chariot-bac de 43m de long qui va monter ou descendre pour leur faire franchir le dénivelé existant (soit une pente de 41%, ce qui frise la limite du possible !), le tout en 4 minutes. Seuls deux autres réalisations similaires existent en Europe, une en Belgique et l’autre en Russie. Cet ouvrage étonnant fait partie des 10 sites fluviaux de France les plus visités.
- le canal du Rhône au Rhin branche Nord a un parcours parallèle au Rhin, de Strasbourg jusque vers Rhinau, où son cours navigable est interrompu.
Rhinau - Diebolsheim le canal du Rhône au Rhin se jette dans le fleuve - Dans le Haut-Rhin :
- le canal du RhĂ´ne au Rhin assure la liaison entre le Rhin Ă Vogelgrun et le canal de Colmar.
- le canal du Rhône au Rhin branche Sud est aménagé à grand gabarit entre le Rhin à Niffer et le port de Mulhouse-Ile Napoléon, puis retrouve son statut de petit canal pour conduire vers la Franche-Comté et la Bourgogne.
Erstein : le canal du Rhône au Rhin dans la plaine d’Erstein
6.2.3. Le trafic fluvial
6.2.3.1. Le transport des marchandises
Aujourd’hui, la voie d’eau apparaît chaque jour davantage comme une solution indispensable, dotée d’atouts spécifiques par rapport aux autres modes de transport : ses prix compétitifs (10 à 30 centimes la tonne-km transportée), ses réserves de capacité et ses délais fiables au moment où ses concurrents – route et chemin de fer – sont très encombrés, sa faible consommation d’énergie, ses risques d’accident faibles et son intégration dans les paysages … Le transport fluvial est particulièrement économique, sûr et écologique. Par ses qualités, il se situe au cœur du développement durable.
Le Rhin permet le transport de 300 millions de tonnes de marchandises par an. A Lauterbourg, ce sont 35 millions de tonnes qui franchissent la frontière chaque année. La navigation sur le Rhin est entièrement gratuite depuis 1868 et ouverte nuit et jour, 365 jours par an. Il s'avère particulièrement adapté au transport en toute sécurité des matières dangereuses et encombrantes. Grâce au développement des conteneurs, il est devenu très intéressant pour toute sorte de marchandises. A noter une liaison express entre Mulhouse et Rotterdam en 3 jours. Une formule particulièrement attractive pour le transport des marchandises le week-end, alors que la circulation routière des camions est limitée. Le trafic moyen se situe entre 60 et 110 bateaux par jour selon les écluses.
Si les grands ports du Rhin totalisent un trafic global de plus de 17 millions de tonnes en 2000 (en hausse de 14% par rapport à 1999), les petits canaux ont également vu leur activité globale augmenter, les crues de 1999 ayant fortement impacté la navigation. Du simple maintien pour le canal de la Marne au Rhin (de l’ordre de 65 000t à l’écluse de Vendenheim), on observe une belle croissance pour le canal du Rhône au Rhin ( 22% avec plus de 100 000t pour la branche nord ; pour la branche sud, 75% avec presque 21 000t à l’écluse de Mulhouse et 124% avec 17 300 t à l’écluse de Bourogne). Ces résultats restent néanmoins modestes par rapport au potentiel de transport offert.
6.2.3.2. Quelques ports rhénans
- Le Port autonome de Strasbourg
- A partir du XXè siècle, les ports rhénans du tronçon franco-allemand ont beaucoup développé leur activité. Ainsi, en 1905 (avant la régularisation) le trafic du port de Strasbourg représentait 700 000 tonnes. En 1930, il représentait déjà 5 millions de tonnes, pour dépasser 10 millions en 2000, ce qui place le Port Autonome de Strasbourg (site principal à Strasbourg et plusieurs sites portuaires entre Marckolsheim et Lauterbourg) au 2è rang des ports fluviaux français, après Paris.
- Le port de Mulhouse-Rhin
- Le port de Mulhouse-Rhin est gestionnaire de trois sites : Ottmarsheim, Ile- Napoléon et Huningue. Avec 5,6 millions de tonnes en 2000, il présente également une activité en hausse, notamment dans le domaine des conteneurs ( 74,4% en 2000). Il est le 3ème port fluvial français.
- Le port de Bâle
- La Suisse transporte par voie fluviale 15% de son commerce extérieur dont 40% de ses hydrocarbures grâce à Bâle, qui se place parmi les 5 premiers ports fluviaux européens. Ce trafic fluvial s’est développé essentiellement après la construction de Kembs qui a permis de contourner les rapides d’Istein. Pour mieux répondre aux besoins du transport fluvial du XXIè s, des travaux conséquents pour agrandir et moderniser l’écluse de Kembs ont été financés à 60% par la Suisse et 40% par la France.
6.2.4. Le tourisme fluvial
Il est très fréquent de croiser sur le Rhin de majestueux bateaux de croisière. Battant pavillon de différents pays européens, ils offrent la découverte tranquille des régions riveraines des voies d’eau connectées de l’Europe du Nord et de l’Est. En 2000, près de 125 000 personnes ont sillonné le Rhin, soit 32% de plus qu’en 1999 !.
6.2.5. Atouts et perspectives
6.2.5.1. Le CARING, Centre d’Alerte Rhénan et d’Informations Nautiques
Le CARING est une véritable tour de contrôle pour la navigation rhénane. Basé à Gambsheim, cette mission est assurée par le Service de la Navigation français. Ses activités sont nombreuses et variées :
- Annonce et suivi des crues du Rhin, en liaison avec les services allemands et suisses, et EDF.
- Coordination entre services en cas de pollution.
- Information des usagers des bacs rhénans.
- Service d’annonce des hauteurs d’eau sur le Rhin, la Sarre et la Moselle pour l’information de la batellerie.
- Service de messagerie entre bateaux et armateurs.
- Enregistrement et suivi des transports de matières dangereuses.
- Alerte en cas d’accident de navigation.
6.2.5.2. Les atouts des voies navigables régionales
Les voies navigables régionales sont situées au cœur de l’Europe de l’Ouest qui totalise 17 500 km de voies navigables. Des liaisons faciles sont possibles vers :
- Les pays du nord de l’Europe par le Rhin ;
- Les pays de l’est de l’Europe et la Mer Noire par la liaison Rhin-Main-Danube ;
- La Moselle et le Bassin Parisien par le canal de la Marne au Rhin;
- La Sarre à grand gabarit par le canal de la Marne au Rhin, puis le canal de la Sarre ;
- Le bassin RhĂ´ne- SaĂ´ne par la branche sud du canal du RhĂ´ne au Rhin.
6.2.5.3. Les projets de développement pour l’avenir
Les voies navigables à petit gabarit assurent de multiples fonctions : tourisme mais aussi transport de marchandises, développement local, cadre de vie … C’est ainsi qu’une convention a été signée en 2000 (application du Contrat de Plan 2000-2006) entre l’Etat, la Région Alsace et Voies Navigables de France (VNF), pour financer la restauration des voies d’eau et des ouvrages de navigation sur les 175km de canaux alsaciens, avec notamment :
- Un programme de mise en valeur du canal Rhône - Rhin et de ses abords au sud de Mulhouse, suite à l’abandon de la liaison à grand gabarit ;
- La restauration des berges et des écluses pour réouvrir à la navigation la partie déclassée du Canal du Rhône au Rhin située entre Friesenheim (près de Rhinau) et Artzenheim (sud de Marckolsheim). Ainsi un itinéraire nord-sud continu existera entre Strasbourg et Colmar ;
- La fiabilisation et la modernisation globales du réseau à petit gabarit régional (berges, digues, écluses,…).