Le Rhin
3.3. L'aménagement du cours supérieur du Rhin
Etat du cours d'eau au début du XIXe siècle
La correction du Rhin avant 1840
Les travaux de Tulla
Les projets de régularisation
Le grand canal
3.3.2. La correction du Rhin avant 1840
Dès 1765, le directeur des Ponts et Chaussées d'Alsace, De Clinchamp présente un projet pour contenir les débordements du Rhin sur la rive française ; il y prévoit l'emploi de main-d’œuvre militaire. En 1789, le général d'Arçon (1733-1800) présente un mémoire tendant à corriger le cours du Rhin. Ce projet analyse les divers avantages à en attendre au point de vue de l'agriculture, de la salubrité, de la' défense contre les crues, de la fixation des frontières et de la navigation.
Le projet d'Arçon fixe un lit d'une largeur de 400m environ, adopte un tracé naturel s'adaptant au cours du fleuve en évitant un tracé trop rectiligne et recommande « de flatter les penchants du fleuve ; de ne jamais heurter les directions qu'il affecte ; de profiter de tous les creusages déjà opérés par le grand courant, et dans les parties à redresser, de solliciter le courant lui-même à creuser le nouveau lit auquel on se propose de l'assujettir ; d'aboutir aux points nécessaires par des arrondissements moelleux, extrêmement doux ; enfin d'aider toujours la nature et de ne contraindre l'inconstance du fleuve qu'en l'invitant à suivre ces routes plus faciles ». Cette citation car elle porte en germe certains des principes qui seront ceux de la régularisation, un siècle plus tard. Mais la Révolution et ses conséquences ne permirent pas la réalisation du projet d'Arçon.
Travaux de correction du cours du Rhin au XIXè : comparaison entre l’état du fleuve en 1820 et en 1880 |
Les premiers pourparlers entre les Etats riverains du Rhin sont entrepris en 1804, dans le cadre de la « Convention de l'octroi du Rhin », en vue d'un aménagement du fleuve pour, entre autres, lutter contre les inondations désastreuses pour les populations des deux rives du Rhin.
Le 27 octobre 1808 par Napoléon I créé le « Magistrat du Rhin » et précise que la mission de cet organisme est de « se concerter, toutes les fois que la chose sera nécessaire, avec les administrateurs et officiers des princes et souverains possessionnés sur la rive droite, tant à raison des travaux à faire sur la rive gauche que ceux faits ou à faire sur la rive droite ». Une convention est même signée le 29 avril 1813 par la France et les Etats rhénans de Bade, Hesse, Nassau et Berg en vue de soumettre à une Commission spéciale les projets de travaux à entreprendre sur le fleuve. La chute de l'Empire met un terme provisoire à cette heureuse initiative.
Le Rhin aux environs de Chalampé |
Les pourparlers sont repris en 1817 dans le cadre de la Commission de reconnaissance de la frontière, créée par le Traité de Paris (1815), puis d'une Commission mixte pour la rectification du cours du Rhin entre la France et le Grand Duché de Bade. L'accord est loin d'être unanime : le colonel badois Johann Gottfried Tulla, présente un projet de tracé trop rectiligne aux yeux des ingénieurs français qui préfèrent un tracé plus sinueux, aux courbures plus fortement prononcées. Le projet Tulla est finalement adopté par la Convention du 5 avril 1840 signée par Louis Philippe et le Grand Duc e Bade.
Johann Gottfried Tulla (1770-1828) |
Colonel des Ponts et Chaussées du Grand Duché de Bade, Johann Gottfried Tulla (1770-1828), consacre sa vie et son talent au fleuve rhénan. Né près du Rhin, à Karlsruhe, il est d’origine hollandaise, pays de l’embouchure de ce fleuve européen. C’est lui qui, dès 1812, conçoit le projet de la correction du Rhin de Bâle à Mannheim mais il meurt sans voir les travaux qui débuteront en 1842. Il repose au cimetière de Montmartre à Paris.