Les châteaux d’Alsace
2.3. Les châteaux d’Alsace dans l’histoire
Introduction
Origine des châteaux
Sous les saliens
« Querelle des investitures » et guerre en alsace
Le système castral des Hohenstaufen :
Les châteaux des Landgraves et les Hohenstaufen
Le petit interrègne :1197-1214
Frédéric II et la création du front ouest
Puissance et chute de l'évêque de Strasbourg
La lente agonie des châteaux
La « grande mort » des châteaux
2.3.9. Puissance et chute de l'évêque de Strasbourg
C’est compter sans l’ambition dévorante des évêques de Strasbourg. Gertrude d’Eguisheim Dabo est entre temps remariée en 1220 avec Thiébaud IV de Champagne contre le gré de Frédéric II, mais en 1222 le divorce est prononcé sous prétexte de stérilité de l’épouse et l’année suivant Gertrude se marie avec Simon de Linange pour décéder en 1225 sans descendance au château de Herrenstein. L'évêque de Strasbourg, Berthold de Teck, revendique aussitôt l'héritage, déclanchant une longue guerre de succession entre les prétendants à l'héritage, parmi lesquels les comtes de Ferrette ne sont pas les moins puissants. Le conflit va durer 15 ans : l’évêque Berthold de Teck se fait céder par Simon de Linange le Guirbaden, rachète également les parts du Haut-Eguisheim aux margraves de Bade et en 1228 bat le comte Frédéric II de Ferrette à Blodelsheim avec l’aide d’Albert de Habsbourg, son bailli.
De son côté l’empereur Frédéric est considérablement affaibli par sa politique italienne, car il ne tient aucune des promesses faites au pape pour obtenir son soutien et veut absolument rattacher l’Italie à la couronne. Bientôt tout l’empire entre en révolte (même son propre fils Henri) et à partir de 1245, sa puissance s’éffondre. Lorsqu’il meurt en 1250 en Sicile, c’en est fait de la puissante dynastie. Dès 1245 Henri de Stahleck, nouvel évêque de Strasbourg, se proclame administrateurs des biens impériaux en Alsace et se rue sur le domaine castral des Hohenstaufen.
En peu de temps, le réseau fortifié de l’évêque de Strasbourg est extrêmement puissant : Haut-Barr, Dachstein, Molsheim, Guirbaden, Bernstein, Rouffach, Kaysersberg, Ringelstein, Illwickersheim, Zellenberg, Jungholtz, Rhinau, Soultz, La Petite-Pierre, Wineck, Honack, Thann... Le Kronenburg est rasé. En 1251, le comte Ulrich II de Ferrette renonce définitivement à la succession des Dabo-Eguisheim.
En 1260 Walter de Géroldseck devient évêque de Strasbourg. Aveuglé par l’ambition, il rêve de se constituer un puissant territoire constitué de l’Alsace et des territoires badois de ses parents de l'Ortenau... Son ambition va le perdre.
Dans l’empire, la bataille fait rage pour le pouvoir durant ce « Grand interrègne ». L’un des prétendants, Rodolphe de Habsbourg, Landgrave de Haute-Alsace, ajoute en 1258 à ses maigres possessions alsaciennes par mariage le Val de Villé pour le contrôle de laquelle il fait construire le superbe Ortenbourg.
Par ailleurs les villes, gagnées par l'esprit d'indépendance et enrichies par le développement économique, n’entendent pas céder aux ambitions de l’évêque et rêvent d’indépendance… En 1261 et 1261 l'évêque fait construire Birkenfels et Kagenfels par Beger et Kagen, ses ministériels, en plein territoire impérial de la ville d’Obernai ; Dicka de Stahleck, frère de l'évêque construit le Spesbourg et Ollwiller près de Soultz est érigé contre Rodolphe de Habsbourg. L’évêque, de son côté veut contraindre les villes à la soumission. Mulhouse, Colmar et Strasbourg en appellent à Rodolphe qui accepte de devenir leur chef de guerre. L’affaire se termine sur le champ de bataille de Hausbergen en 1262 où les milices strasbourgeoises gagnent l’indépendance de la ville et mettent fin aux rêves de gloire de l’évêque qui, dit-on, en mourra de rage l’année suivante.
Rodolphe aurait pu élever d'autres châteaux et se constituer une puissance castrale mais, devenu roi des Romains en 1273, il tourne son regard vers la vallée du Danube où il fonde la grande maison autrichienne. Il doit cependant faire face lors de la dernière année de son règne à la révolte d'Adolphe de Nassau, dont il doit combattre en Alsace les partisans, les « Landvögte » (baillis) Bergheim et Ochsenstein avec l’aide de son allié l’évêque Conrad de Lichtenberg. Un grand nombre de châteaux surgissent encore dans cette deuxième moitié du XIIIè siècle : le Wasenbourg, les deux Ramstein (près de Baerenthal et près de l’Ortenbourg), le Lichtenberg en 1286, siège familial de l'évêque.
Les Habsbourg restent attachés à l'Alsace qui est leur berceau et en 1324, ils reçoivent par mariage les terres des comtes de Ferrette. Mais déjà , en ce XIV° siècle, le château n'est plus l'indispensable forteresse pour contrôler un pays. Les villes sont devenues les centres de décision et, derrière leurs murs, s'accumulent les véritables richesses et le pouvoir économique.