Les châteaux d’Alsace
2.3. Les châteaux d’Alsace dans l’histoire
Introduction
Origine des châteaux
Sous les saliens
« Querelle des investitures » et guerre en alsace
Le système castral des Hohenstaufen :
Les châteaux des Landgraves et les Hohenstaufen
Le petit interrègne :1197-1214
Frédéric II et la création du front ouest
Puissance et chute de l'évêque de Strasbourg
La lente agonie des châteaux
La « grande mort » des châteaux
2.3.6. Les châteaux des Landgraves et les Hohenstaufen
En 1125, Adalbert de Mayence tient sa revanche : à la mort de Henri V, dernier des Saliens, en 1125, il réussit à faire élire Lothaire de Supplimbourg et ainsi à écarter les Hohenstaufen du pouvoir. Le nouvel empereur (1125-1137) cherche immédiatement à contrôler les régions qui lui sont défavorables : il remplace les comtés du Nordgau et du Sundgau par deux landgraviats et créé la fonction du« Landgraf » qui a pour mission d'assurer à l'empereur les terres contestataires. Il confie le landgraviat de Haute Alsace aux comtes de Habsbourg et celui de Basse Alsace à la famille de Hunebourg à cette fonction. En même temps, il s'empare de la ville de Haguenau (1127) pour bien montrer aux Hohenstaufen qui est le maître.
Les landgraves tentent de se constituer leur propre force castrale. Les Hunebourg possèdent depuis le début du XIIè leur château du même nom ; ils y ajoutent une nouvelle place forte, le Grand Arnsberg. Les Habsbourg sont implantés en Alsace, principalement avec l’accession au siège épiscopal vers l’an 100 de Werner de Habsbourg et du coté d’Ottmarsheim où ils édifient vers 1025 la fameuse rotonde.
Mais l’action des landgraves reste limitée, faute de moyen et faute de temps, car Lothaire de Supplimbourg meurt en 1137. Aussitôt les rivalités se déchaînent. L'Alsace est dévastée lors de la lutte opposant Lothaire III de Saxe à Frédéric II de Hohenstaufen « Le Borgne », duc d'Alsace et de Souabe, tous deux prétendants au trône du Saint Empire Romain Germanique.
Cette situation explique la construction ou l'acquisition d'un certain nombre de châteaux par le Borgne, dont on disait qu'il traînait un Burg à chaque queue de cheval.
Les territoires staufériens à protéger se situent autour de Wissembourg et de Haguenau, dont le château est le centre administratif. Parmi les châteaux, placés en demi-cercle dans les Basses-Vosges du Nord, il y a le Fleckenstein, le Hohenbourg, le Lutzelhardt, le Falkenstein, leWasigenstein. Un deuxième centre stauférien est Sélestat, avec le prieuré de Sainte-Foy et une partie de Kintzheim. Ses châteaux protecteurs sont le Haut-Kamigsbourg et le Ribeaupierre. Les Hohenstaufen possèdent par ailleurs le Hohenbourg (Sainte-Odile) avec Obernai et dans le Haut-Rhin, des fiefs à Munster et Mulhouse.
La levée du siège de la ville de Haguenau voit la victoire de Frédéric II. Cette fois, les Hohenstaufen ne laissent plus échapper leur élection. Conrad III de Hohenstaufen, frère de Frédéric le Borgne devient empereur (1138-1152), et à sa mort son neveu et fils du Borgne, Frédéric I « Barberousse » accède au trône. Il fait transférer les insignes de la couronne du Trifels en sa Pfalz de Haguenau. Le rôle de l'Alsace, au coeur de l'empire, s’en trouve conforté. Le titre de landgrave est enlevé aux Hunebourg et le système des « Burgmänner » est développé : Frédéric I installe à Haguenau des chevaliers fidèles qui veillent sur sa cité préférée et qui, pour de courtes périodes, iront monter la garde dans les châteaux des Vosges du Nord.
Barberousse pousse l'évêque de Strasbourg à fortifier un rocher au-dessus de Saverne, qui deviendra le célèbre Haut-Barr. Sans le savoir, il donne le coup d'envoi à la création d'une nouvelle puissance castrale en Alsace, celle des évêques de Strasbourg, qui moins d’un siècle plus tard, se retournera contre la puissante famille. Mais, vers 1168-1170, Frédéric pense avant tout dresser une barrière fortifiée à l'ouest, face aux Dabo-Eguisheim qui, en 1162, avaient repris l'offensive contre les Hohenstaufen et leurs alliés. Ainsi en 1168 le château de Horbourg, près de Colmar, est détruit par Hugues VIII de Dabo-Eguisheim, provoquant la fureur de Barberousse. En représailles, le château de Guirbaden sera détruit par les troupes de l'empereur la même année.
Entre temps, à côté des deux puissantes familles d’Alsace, apparaissent de nouveaux puissants : dans le Sundgau, les comtes de Ferrette, une branche de la puissante famille des Montbéliard sont les nouveaux maîtres de la région en leurs chateaux d’Altkirch, de Ferrette, du Liebenstein, de Morimont… En moyenne Alsace, les comtes de Frankenburg érigent un splendide château dominant le val de Villé et le val de Lièpvre : le Frankenbourg…
Barberousse meurt en croisade en 1190. Son fils Henri VI le Cruel (1190-1197) lui succède sans difficulté à 25 ans. C'est lui qui séquestre le roi Richard Coeur de Lion dans son château du Trifels (1193-1194) et qui organise son procès à Haguenau ; il y fixe une énorme rançon qui lui permet d’organiser son expédition militaire dans le sud de l'Italie et de conquérir la Sicile où il se montre particulièrement cruel. De son vivant, il doit faire face à la révolte de ses vassaux, particulièrement celle du Welf (Guelfe) Henri le Lion, beau frère de Richard, qui veut récupérer ses possessions dont Barberousse l’avait dépossédé en 1180. En Alsace, Henri VI fait dont de l'abbaye d'Erstein à Conrad de Hunebourg, évêque de Strasbourg, ce qui irrite Albert II de Dabo-Eguisheim dont le père portait le titre d'avoué de l'abbaye.
De nombreuses avoueries et alleux passent sous le contrôle des Hohenstaufen depuis la Forêt de Haguenau jusqu'à Mulhouse et Munster, avec de nouveaux ministériels comme les Girsberg (Ht-Rhin) ou les Hunebourg.