Les châteaux d’Alsace
2.3. Les châteaux d’Alsace dans l’histoire
Introduction
Origine des châteaux
Sous les saliens
« Querelle des investitures » et guerre en alsace
Le système castral des Hohenstaufen :
Les châteaux des Landgraves et les Hohenstaufen
Le petit interrègne :1197-1214
Frédéric II et la création du front ouest
Puissance et chute de l'évêque de Strasbourg
La lente agonie des châteaux
La « grande mort » des châteaux
2.3.4. « Querelle des investitures » et guerre en alsace
2.3.4.1. La querelle des investitures
En 1049, Bruno d'Eguisheim, fils de Hugues IV, évêque de Toul, est élu pape grâce au soutien actif de l’empereur Henri III. Il prend le nom de Léon IX. Mais rapidement il se heurte à l'empereur en décidant de revenir à l'élection du pape par les seuls dignitaires de l'Eglise. La « querelle des Investitures » est ouverte, et les Eguisheim prennent le parti du Pape, représentant dès lors un danger, certes encore confus, aux limites sud des biens impériaux du Palatinat.
A la mort de Léon IX en 1054, la noblesse romaine fait de la réforme électorale son cheval de bataille et, lorsque Henri IV accède au trône en 1056, un synode avait mis fin au privilège qui lui aurait permis de désigner le nouveau pape, désignation désormais soumise à la « préférence du choix » du clergé romain. En réaction, le clergé allemand se range aussitôt du côté du roi. Le conflit s’envenime lorsque Grégoire VII est porté au trône pontifical par la foule de Rome en 1073. Il se fait le champion de la Réforme de l’église et de l'indépendance du Saint-Siège. Henri IV déclare illégale l'élection de Grégoire VII. Le pape réplique en l’excommuniant... Chaque clan en profite pour nommer, l'un un antipape, l'autre un anti-empereur ! La guerre est désormais ouverte entre les partisans de l’Empire et ceux du Saint Siège. Elle va diviser tout le Saint Empire.
2.3.4.2. La guerre en Alsace
En Alsace, la guerre oppose les évêques de Bâle et de Strasbourg aux Eguisheim, fervent défenseurs de la cause papale. Chaque camp compte ses alliés et fourbit ses armes. Les Eguisheim sont bien implantés en Alsace où ils disposent d’importants points d'appuis, leurs châteaux forts dont l’existence de 4 est attestée avant 1100 : Eguisheim, Thanvillé, Guirbaden et Haguenau. Leurs alliés tiennent le Lutzelbourg au-dessus d'Ottrott, le palais mérovingien de Hohenburg, le Saint Ulric au-dessus de Ribeauvillé. En 1081, par un coup de main audacieux, le noble Diemar, parent des Eguisheim prend le château de Trifels, qu’il remet aux mains de l’anti-empereur Hermann de Salm.
Henri IV, qui guerroie alors en Italie, se doit de réagir. Il nomme en Alsace « le plus courageux parmi ses chevaliers », Frédéric von Büren « le jeune », auquel il avait donné sa fille Agnès et mariage ainsi que sa belle dot, le duché de Souabe. Par une ironie de l’Histoire, la mère de Frédéric est Hildegarde d’Eguisheim… Frédéric ajoute à son titre le nom de duc d’Alsace et rebaptise son nom en Frédéric von Hohenstaufen, du nom de son château ancestral de Staufen. L'empereur lui donne pour mission de contrôler l'Alsace et de mettre au pas la famille de sa mère, menée de’une main ferme par le comte Hugues IV.
Frédéric de Hohenstaufen s'appuie sur son rôle d'avoué de la puissante abbaye de Wissembourg. Il possède un tiers de la forêt de Haguenau, des biens à Sélestat, Hochfelden, Schweighouse, Marlenheim et sans doute d'une partie de l'avouerie de l'abbaye de Munster. Il reçoit enfin une aide appréciable avec la nomination par l’empereur à la tête de l’évêché de Strasbourg de son frère Otton en 1082.
Les armes sont favorables à Hugues d'Eguisheim. Mais le 4 septembre 1089, lors d'une tentative de réconciliation, Hugues IV d'Eguisheim est assassiné à Niederhaslach dans une demeure de l'évêque Otton par l'échanson épiscopal. Cet assassinat arrange bien les affaires des Hohenstaufen qui rapidement prennent le contrôle du et vont s’employer a y affirmer leur pouvoir et à édifier à leur tour un système castral bien organisé.