Le ghetto de Brody
3. Premières déportations et création du ghetto
Lorsque circulent les premières rumeurs sur la déportation, les juifs engagent de fortes sommes d'argent pour acquérir des cartes de travail. En même temps, ils commencent à construire et à aménager des abris et des caches dans leurs maisons.
La première déportation de Brody à Belzec a lieu le 19 septembre 1942 : les Allemands, sous les ordres du Landkommissar Weiss, la police ukrainienne et quelques civils ukrainiens et polonais rassemblent les Juifs sur la place du marché et fouillent les maisons. Du marché, les Juifs sont emmenés au train. Beaucoup sont tués dans leurs maisons ou dans les rues. Ce jour là , entre 2.500 et 4.500 juifs (les sources ne sont pas très sûres) sont déportés à Belzec. Une seconde déportation a lieu le 2 novembre 1942 : 2.500 à 3.000 juifs, dont les membres du Judenrat et les policiers juifs sont expédiés à Belzec.
Des informations sur le destin des déportés sont rapportées à Brody peu après la première déportation par Rafal Schleger et un garçon de 12 ans : « Les cheminots qui ont transporté les personnes au camp ont rapporté qu'il y avait dans les wagons des planchers de fer sur lequel les gens se trouvaient et sur lesquels ils ont été tués par électrocution »… Les rumeurs au sujet du massacre des juifs par électrocution à Belzec abondent à partir de ce moment dans toute la Galicie Orientale.
Parmi les Allemands de Brody, une famille tente d'aider les juifs. Liselotte Hassenstein et son mari Otto, qui travaille pour le service des forêts, s’activent pendant ces « aktionen » : Otto Hassenstein sauve beaucoup de Juifs en les employant dans la forêt et son épouse cache des juifs dans son grenier. Les Hassenstein sont arrêtés par le Gestapo en 1943 sur dénonciation et sont condamnés à Lwow à deux ans d'emprisonnement. Liselotte Hassenstein est libérée de prison pour mauvaise santé et est expédiée au KZ Ravensbrück... elle survivra et mourra en 2004, presque centenaire.
Après la seconde déportation, un ghetto fermé est établi dans la ville le 1 décembre 1942. Environ 4.000 juifs de Brody et 3.000 juifs des villes et villages voisins comme Sokolowka, Lopatyn, Olesko et Radziechow, sont entassés dans ce ghetto formé des deux rues Browarna et Slomiana. Le bureau du Judenrat est situé en dehors de du ghetto, dans la rue Boznicza. Le ghetto est ceint de barbelés et totalement surpeuplé. Comme il est interdit aux Juifs d’avoir quelque contact que ce soit avec les autres habitants de la ville, la plupart d’entre eux sont condamnés à mourir de faim. Seuls ceux qui travaillent hors du ghetto ont la possibilité de faire de la contrebande de nourriture, mais ils ne sont de loin pas assez nombreux ; de plus, les membres du Judenrat s’approprient la presque totalité de la nourriture passée en contrebande. Officiellement, la part quotidienne de pain par personne dans le ghetto est de 80g par jour... et chacun doit payer sa nourriture : même si les prix sont abordables, la majeure partie des gens ne peut se nourrir, faute d’argent. Seuls quelques riches peuvent se payer un potage à la « soupe populaire »… Durant l'hiver de 1942 - 1943, environ 1.500 juifs meurent de faim, de froid et du typhus qui s’est déclaré à Brody.
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