Strasbourg : la ville au Moyen Age (Alsace)
4.3. L’époque gothique : XIII-XVè
Le rôle croissant des corporations et des bourgeois
L’architecture
Sculpture
Peinture
Vitrail
Les lettres
4.3.5. Vitrail
4.3.5.1. La cathédrale de Strasbourg
Après la magnifique série, encore romane, de la « galerie des rois et Empereurs du saint empire romain », sont réalisés, jusqu’à environ 1240, les ensembles apparentés à l'atelier de l'Eglise et de la Synagogue : reine de Saba, rose de l'Ancien Testament, Christ, Jean-Baptiste, saint Christophe dans le transept, demi médaillon de la Vierge au trône de Sapience provenant des toutes premières travées de la nef, reléguées aujourd'hui, à l'envers, dans la dernière fenêtre haute de la nef, côté nord.
Puis arrive, dès après 1240 l'atelier porteur du « Zackenstil », désigné aussi comme westphalo-saxon, dont témoignent encore les réseaux des bas-côtés, quelques bustes du triforium, premières travées et de figures en pied de papes et de diacres de la première fenêtre haute, côté nord. Style volontaire, aux étoffes tendues, brisées de jeux ornementaux anguleux, aux traits lourds et aux anatomies souvent athlétiques quand elles ne sont pas effacées par l'amas des draperies.
Début du XIVè sont réalisés les petits sujets sous des arcs en accolade dans les écoinçons desquels apparaissent souvent les prophètes en buste. Arcs, boutons et enroulements d'écoinçons (ou médaillons secondaires) sont combinés dans la verrière de la Genèse, fenêtre nord du narthex de la cathédrale.
Dans les années 1340 est réalisé le grand œuvre du bas-côté méridional de la cathédrale, série de cinq verrières consacrées à la Vie de la Vierge, à l'Enfance et à la Vie publique du Christ, à sa Passion et à sa Vie surnaturelle, enfin au Jugement dernier, datation dictée par des raisons de style et aussi d'implantation de la chapelle Sainte-Catherine entre 1332 et 1349, au droit des deux premières travées. Ces cinq verrières, où l'on suit une évolution stylistique manifeste et constante, dans l'écriture, dans le coloris et dans l'espace scénique, ont remplacé la série des prophètes antérieure et constituent l'une des plus riches illustrations des thèmes mariologiques et christologiques inspirés par la Bible des Pauvres. Elles furent vraisemblablement précédées, du côté est, par les Combats allégoriques des Vertus et des Vices, logés aujourd'hui dans la dernière fenêtre haute de la nef, côté nord.
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Il semble aussi qu'avant même l'achèvement de la série, vers 1350 du côté de l'Ouest, les verrières de la chapelle Sainte Catherine aient été menées à bien autour de 1340, avec leur baldaquins vertigineux sur des fonds rouges et bleus où scintillent des pastilles bleues et rouges, qui couronnent la théorie des apôtres égrenant les termes du Credo.
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : verrière de la chapelle sainte Catherine, du XIVè |
Strasbourg, cathédrale Notre Dame : chapelle sainte Catherine : verrière avec les saints Jacques le mineur, Jean et Thomas |
Vers 1350 est aussi réalisée la haute verrière du Jugement de Salomon, dans la 6è fenêtre méridionale de la nef de la cathédrale de Strasbourg, dont les personnages monumentaux se répartissent dans les quatre lancettes, sous de hauts baldaquins que bordent les inscriptions commentaires de la scène ; art assez conventionnel qu'anime un coloris un peu trop soutenu dans le contexte général des verrières de la haute nef.
4.3.5.2. Autres Å“uvres
Le style « Zackenstil » caractérise les vitraux de la première église des Dominicains, entre 1254 et 1260 : scènes de la vie du Christ, arbre de Jessé, vie de Saint Dominique avec des nuances, vie de Saint Barth'>Barthélemy, patron de l'église. Il apparaît encore, et toujours aussi vigoureux, mais assoupli dans le chœur de l'église Saint-Thomas : scènes de l'Ancien Testament, de la légende de saint Thomas, médaillon de l'Incrédulité du saint patron, au centre de la rose en façade occidentale, refaite, il est vrai, mais fidèlement dans le style de son dessin, donc copié sur le médaillon original.
Du premier tiers du XIVè datent les panneaux à sujets christologiques de la façade nord-ouest de l'église Saint Guillaume à Strasbourg, qui sont à leur place d'origine. Des Dominicains (avant 1345) proviennent les séquences de la vie et de la Passion du Christ, transférés dans la chapelle Saint Laurent de la cathédrale.
Après 1380 vraisemblablement, le chœur de l'église Saint Pierre le Vieux de Strasbourg (détruit en 1869) est décoré d'un magnifique ensemble de vitraux à thème christologique, dont le baron de Schauenbourg, a laissé une description en 1865 (fragments au musée de l'Œuvre Notre Dame). Cet ensemble culminait dans la Crucifixion, entre Saint Jean, conservé, et la Vierge, disparue ; il comprenait un Gethsémani, une Résurrection, une Adoration des mages. Art vigoureux, sévère, d'un coloris profond, adouci par la calligraphie propre à l'écriture du siècle.
Il est plus difficile de situer les vitraux (ou ce qu'il en reste) de la dernière campagne de vitrerie de l'ancienne église des Dominicains de Strasbourg, achevée sans doute en 1417. La verrière du Jugement dernier peut le mieux en rendre témoignage, annonçant à la fois l'art d'un maître de Boucicaut et, sous de grandes architectures peintes à la manière de celles de la chapelle Sainte Catherine, mais d’une facture plus large, des apôtres assis, aux traits puissants, aux draperies amples et affirmées, environnent le Christ de physionomie presque michelangélesque (le Moïse) de la Déisis. Composition centrale classique, mais étonnante de monumentalité.
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