Struthof, camp de concentration nazi
4.3. Le Kommando Thil
Le kommando de Thil (Meurthe et Moselle) est l’un des moins connus. Il n’en fut pas moins terrible.
En 1942, le général Milch fait une reconnaissance dans le bassin minier de Longwy-Villerupt et en 1943, la mine de Tiercelet (à Thil) est retenue comme site propice à l'installation d'une usine souterraine, en raison de la proximité du réseau ferroviaire de le Deutsche Reichsbahn (Audun-le-Tiche, ville toute proche, est en Moselle, donc en territoire annexé au Reich pendant l'occupation). Par ailleurs, cette mine est moins humide que ses voisines et moins sujette à des éboulements.
Le commando de Thil : vue de l’« entonnoir » ou entrée de la galerie derrière la cité saint Barbe à Thil |
En mai 1944 arrive à Thil un premier contingent de déportés. Le projet nécessite 200 000m² de surface bétonnée. Dès que les « Häftlinge » eurent établi les baraquements et réalisé les premiers 60 000m² de surface utilisable, (début août 1944), ils sont utilisés à la production de matériel d'armement, essentiellement des Fi-103 (V-1), mais aussi des cellules d'avions comme le Focke-Wulf Ta 154.
Erz - Thil est prévu pour devenir une usine aussi importante que Dora. Mais l'avance des troupes alliées ne permit pas aux nazis de mener leur projet à terme. En revanche, la similitude des procédés est identique en tous points. L'usine souterraine Erz-Thil devait recevoir à brève échéance 3 500 déportés du KZ Natzwiller – Struthof.
Le commando de Thil : la galerie des machines outils pour la fabrication des V1 et V2 à la libération |
À partir du 6 août 1944, tout était prêt pour la production « fin de montage » de V-1. Mais à peine l'usine commence-elle à fonctionner qu'elle doit être évacuée. Le 1er septembre, alors que l'armée américaine n’est plus qu'à quelques kilomètres, entre 1 200 et 1 500 survivants sont entassés dans des wagons et entament un long périple qui les mène de camp de travail en camp de concentration.
Il sera difficile d'établir le nombre de corps qui auront été enfouis ou brûlés pendant le fonctionnement de ce camp de travail. À Thil comme à Dora, la méthode d'extermination n’est pas la chambre à gaz, mais le travail forcé jusqu'à la mort. Le four crématoire de Thil provenait des abattoirs de Villerupt (Meurthe-et-Moselle). Il est abrité maintenant dans un mémorial édifié par la population du village dans l'immédiat après-guerre.
Le commando de Thil : éléments des V1 |