Struthof, camp de concentration nazi
4.4. Le « Projekt Wüste »
Généralités
KZ Schörzingen
KZ Bisingen
KZ Schömberg
KZ Dautmergen
KZ Unterriexingen
Evacuation et marches de la mort
4.4.1. Généralités
L’« Opération Wüste » (désert) débute en 1943 lorsque les responsables économiques nazis constatent que les réserves naturelles en pétrole du Reich diminuent sérieusement. Comme l’Allemagne ne possède pas de pétrole sur son territoire, les nazis décident de produire de l’huile de gypse. « Schieferöl ». Lorsqu’au printemps 1944 les sites de production de matières synthétiques de Leuna et Pölitz sont bombardés par les Alliés, les nazis décident de tenter des essais d’extraction du coté de Schömbergen Bade-Wurtemberg et chargent la „D Ö L F“ (Deutsche Ölschiefer Forschungsgesellschaft mbH) d’exécuter le projet, sous la responsabilité de l’organisation Todt.
Kochendorf en Bade-Wurtemberg, camp-commando de Natzwiller – Struthof : dessin du camp |
Il est prévu d’ouvrir des sites d’exploitation de carrières de gypse dans la région située entre Tübingen, Balingen et Spaichingen. 5 000 détenus devaient travailler dans une dizaine d’unité de production, avec des moyens techniques considérables. Mais au début de 1945, seuls fonctionnent 5 sites de production employant plus de 15 000 détenus : Erzingen, Dautmergen, Schömberg, Schörzingen et Bisingen avec un rendement faible (1 tonne d’huile pour 35 tonnes de minerai) au regard de l’investissement et une production atteignant à peine le tiers de l’objectif fixé.
Le camp de Bisingen, kommando de Struthof en Bade, faisait partie des camps de l'« Opération Wüste » |
Les SS transfèrent des détenus des camps menacés par l’avance des Alliés, principalement Struthof, Auschwitz et Stutthof, pour former ces camps - kommandos de l’opération Wüste. Double intérêt pour eux : pratiquement, une main d’œuvre gratuite, et idéologiquement, la réalisation d’un des préceptes du nazisme : « Vernichtung durch Arbeit », « destruction par le travail ». Les politiques et les « NN » sont spécialement marqués du sigle « Rückkehr unerwünscht », « retour non souhaité »…
Vue du site de l’usine expérimentale de la DÖLF de Schömberg |
Les survivants ont décrit les camps de l’opération « Wüste » comme pires qu’à Auschwitz ou Maïdanek… Même si entre les différents camps, le sort des détenus est divers : Schömberg est bien plus supportable que Bisingen ou Dautmergen. Zepfenhahn et Bisingen ont un taux de mortalité effroyable (1/3 des détenus en 8 mois à Bisingen), alors qu’à Frommern - Erzingen il y à relativement peu de victimes, à cause de bonnes conditions sanitaires et du traitement assez humain de la part des gardes.