L’Alsace au XVIIème siècle
2.4. La guerre de Hollande
En 1673 une vaste coalition européenne se forme contre Louis XIV qui décide de prendre des mesures militaires, notamment en Alsace : En novembre 1672, les troupes françaises démolissent le pont entre Strasbourg et Kehl.
En juin 1673, après que le prince de Condé, chef des troupes du Rhin se fut plaint au roi de l'incapacité du duc de Mazarin, Le Roi décide d'agir en personne et se porte vers l'Alsace avec des milliers d'hommes, afin de briser la résistance de la Décapole et surtout celle de Colmar. Louvois fait savoir à la cité que le roi, se rendant à Brisach serait offensé par la vue des canons sur les remparts de la ville. Peu de jours plus tard, le 28 août, le marquis de Coulanges pénètre dans Colmar par ruse et l'occupe. Les bourgeois doivent livrer leurs armes, et dès le 30 août 1673, 6 000 soldats, paysans du Sundgau et mineurs de Sainte Marie démolissent les remparts. Par la suite, Louvois ordonne la destruction des remparts de Sélestat, Haguenau, Wissembourg, Munster, Obernai, Rosheim.
En 1674 les Français tentent d'interdire aux Impériaux le passage du Rhin. Vaubrun occupe à cet effet le territoire neutre de Strasbourg. Le Magistrat fait alors reconstruire le pont de Kehl, et le 29 septembre 1674 le Duc de Lorraine et le Duc de Bournonville entrent clans la ville à la tête des Impériaux.
Aussitôt Turenne, commandant en chef des armées royales, se porte à l'ennemi. Le 4 octobre il livre bataille à Entzheim. Le terrible combat reste indécis et fait 6 000 tués et blessés. Frédéric Guillaume arrivant en renfort avec ses 22 000 Brandebourgeois, Turenne se replie sagement en Lorraine et les Impériaux établissent leurs quartiers d'hiver, pillant et saccageant les villages.
Turenne marche alors vers le sud par Épinal et Remiermont. Il atteint Belfort le 19 décembre et débouche en Alsace du sud ; les Impériaux, totalement surpris, attaqués à Brunstatt le 28 décembre, refluent en désordre vers le nord. Ils créent en hâte une ligne de défense entre Colmar et Turckheim. Prévoyant l'échec d'une attaque frontale, Turenne passe par le flanc de la montagne, débouche dans la vallée de Munster et s'empare de Turckheim le 5 janvier 1675, menaçant de déborder l'ennemi. Brandebourgeois et Impériaux évacuent l'Alsace en désordre. Turenne réduit les nids de résistance comme Dachstein (30 janvier), occupe toute l'Alsace mais offre à Strasbourg la réconciliation avec la France, ce que le Magistrat accepte avec empressement, promettant de s'en tenir à une stricte neutralité. En juin, le Maréchal passe le Rhin, mais est tué peu après à Sasbach (27 juillet). Les troupes françaises refluent en Alsace, poursuivies par les Impériaux.
Entre 1676 et 1677 aucun belligérant n'emporte de succès décisif en Alsace, mais le pays est ruiné du nord au sud comme aux plus sombres jours de la guerre de Trente Ans. Louvois ordonne de détruire les châteaux et villes fortifiées pour qu'ils ne servent pas de point d'appui à l'ennemi. En 1677 Haguenau est rasée ainsi que Wissembourg ; Saverne et Bouxwiller perdent leurs remparts. La plupart des châteaux des Vosges du nord sont démantelés. En 1678 encore les troupes passent et repassent dans le pays, semant mort et dévastation; Louis XIV peut cependant tenir tête à la coalition.
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