Alsace : la maison alsacienne
3.4. Le toit et la couverture
Le toit
La couverture
Les tuiles décorées
3.4.3. Les tuiles décorées
Le tuilier est avant tout un artisan. Mais souvent il aime à décorer une tuile, en principe la dernière d'une longue journée de travail, le « Fihrhowezijel » (« tuile de fin de journée »). Cette habitude se systématise rapidement : chaque cinquantième tuile d'un lot est signalée par un décor au poinçon. Cette habitude de marquer les tuiles remonte dans la nuit des temps : puisque la VIIIè légion romaine avait déjà l'habitude d'apposer son poinçon sur les tuiles que fabriquait pour elle l'atelier situé à Koenigshoffen, dans la banlieue de Strasbourg.
Les décors des « tuiles de fin de journée » sont de plusieurs types :
- dessins en creux réalisés à l'aide d'estampilles en bois gravé (motifs géométriques),
- dessins au doigt (ou moulages de mains),
- dessins gravés au stylet et reprenant les motifs traditionnels de l'art populaire : soleils ou fleurs stylisés, personnages, dates...
- dessins plus élaborés appliqués avec un moule gravé dans le bois. Le tuilier J. Kenzel bâtis, Alsace Bossue (fin XVIIIè début XIXè siècle) a laissé une impressionnante variété de motifs où figurent souvent le coq, les fleurs stylisées, les dates de fabrication et les initiales du tuilier « I.K. ».
Les tuiles portent aussi, très fréquemment, des motifs religieux : croix, trigramme christique « IHS », coeur planté des clous de la passion ou porte-bonheur comme l’arbre de vie, le soleil irradiant, le triangle équilatéral... Leur fonction n'est plus simplement de mettre la maison à l’abri des intempéries mais, en plus, de la protéger contre les influences malfaisantes, la grêle et la foudre, en la plaçant sous la protection divine.
Cette habitude de disposer sur son toit des tuiles de fin de journée ou des tuiles protectrices se retrouve d’ailleurs en Allemagne et en Suisse.