Alsace : l’Alsace au temps des « malgré nous »
5. La germanisation
5.1. Les mesures
Timbres-poste surchargés utilisés sous l'occupation ; « Molsheim ville d'Alsace romantique et pittoresque au pied des Vosges » (cachet de l'Administration allemande des postes). Dès juillet 1940, toute l'Administration allemande est en place en Alsace. Les timbres-poste avec "Elsaß" (Alsace) ou "Lothringen" (Lorraine) en surcharge remplacent les timbres français. |
Le 16 août 1940 un décret interdit de parler français. Les populations « welsches » des vallées vosgiennes ont 5 ans pour apprendre et parler l’allemand. En attendant, elles sont munies d’une carte spéciale les autorisant provisoirement à parler patois entre eux…
Les noms des villes et villages sont germanisés, de même que ceux des rues ou avenues : Obernai devient Ober-Ehnheim ; Masevaux, Marmünster ; Lièpvre, Leberau ; Sainte Marie aux Mines, Markirch… La Place Broglie de Strasbourg devient « Adolf Hitler Platz » ; la Place Kléber « Karl Roos Platz » ; la rue du Sauvage à Mulhouse aurait du se nommer « Adolf Hitler Straße », mais devant les rires Mulhousiens, l’occupant choisit un autre nom…
Page d'un livre de lecture utilisé sous l'occupation. À l'école, la seule langue autorisée est l'allemand. La propagande nazie s'infiltre même dans les livres de classe. L'écriture utilisée est celle de la méthode Sütterlin. |
Le 23 novembre 1940 un décret interdit le port de certains prénoms et fait obligation à la germanisation des noms : Roger devient Rudiger ; Jean devient Hans ; Guillaume, Wilhelm ; Claire, Klara… Les Didierjean deviennent Diderhans, les Lagarde, Wachmann ; les Dupont Brückner… Ceci jusque sur les pierres tombales…
En août 1940, la presse est mise au pas : les 14 journaux régionaux sont réduits à 4 quotidiens, tous sous contrôle du Parti Nazi : le « Straßburger Neueste Nachrichten », organe du NSDAP dans le Bas Rhin, le « Elsässer Kurier » à Colmar, le « Mülhauser Tagblatt » et le « Mülhauser Volksblatt » à Mulhouse. L’abonnement à un journal d’opinion nationale-socialiste est rendu obligatoire.
Le 1 octobre 1940, à la rentrée des classes, il n’y a plus aucune école confessionnelle ni aucune école privée en Alsace. Il y a des Volksschulen, des Mittelschulen et des Oberschulen. Innovation : les « Hauptschulen », écoles primaires supérieures à enseignement professionnel. Les enseignants alsaciens enseignent en allemand et ont été formés à se familiariser avec le système éducatif national-socialiste. Ils sont encadrés par des enseignants allemands. A la tête de l’Université est placé un recteur allemand. Les enseignants peuvent être mutés dans tout le Reich.
Affiche « invitant » les Alsaciens à parler « comme le bec leur a poussé… » |
Le port du béret est strictement interdit, car il obscurcit le cerveau et abêtit les gens (« Gehirnverdunkelungskappe »)…
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