Auschwitz, camp de concentration nazi
4.3. Le quotidien
Le système de contrôle et de gestion humaine
Conditions d’habitation, hygiène et santé
VĂŞtements
Nourriture
Organisation de la journée
Contacts avec l’extérieur
Le Revier
4.3.3. VĂŞtements
Les déportés reçoivent au moment de l'enregistrement le costume spécial des camps fait en treillis à rayures grises et bleues : une chemise, un caleçon long, une veste et un pantalon. Suivant la saison, c’est un « rayé » d'été (« Sommeranzug ») ou d'hiver (« Winteranzug ») qui ne diffère que par l'épaisseur du tissu. En hiver on ajoute un « manteau » en tissu à rayures plus épais, mais sans doublure chaude. Les chaussures sont soit des sabots du type hollandais, soit des « claquettes » de bois à dessus de cuir. Sales et infestés de poux, non ajustés à la taille et durcissant à la pluie, les « rayés » et les « claquettes » sont un supplice supplémentaire.
Mais rapidement, les difficultés croissantes d'une année à l'autre dans l'approvisionnement en tissus et treillis utilisés pour les vêtements du camp, obligent les autorités SS à permettre de porter dans les camps de concentration les vêtements civils. En 1943 on prend les vêtements civils des Polonais et des Russes, gardés en dépôt ainsi que les affaires des juifs directement gazés. Les « rayés » ne sont délivrés qu'aux prisonniers employés en dehors du camp pour empêcher les évasions, ou aux prisonniers qu’in transfère dans d’autres camps.
Etant donné le surpeuplement du KZ, les vêtements des prisonniers sont déchirés, sales, infestés de poux, souvent souillés d'excréments et d'urine, puants et repoussants. Les détenus ne changent pas leur tenue durant des semaines, voire des mois… Les seuls qui portent des « rayés » propres sont ceux qui, pendant le travail sont directement en contact avec les SS, car ces derniers ont une peur panique des poux porteurs de typhus.
Pour désinfecter, on emploie des demi-mesures qui finalement se retournent contre les déportés : les épouillages (« Entlausung ») au cours desquels les détenus, hommes et femmes restent nus toute la journée hors des baraques pendant qu’on désinfecte les baraques au zyclon B et qu’on trempe le linge et les vêtements dans des cuves qui contiennent une solution de zyclon. On imagine sans mal comment se terminent des opérations de ce genre pour des êtres épuisés et malades, surtout quand elles sont menées par temps humide ou froid.
Auschwitz I : détenus derrière les barbelés peu après leur libération. |
Les chaussures constituent un problème à part et touchent particulièrement les prisonniers qui devaient parcourir des distances importantes au cours de la journée. Pendant la marche, les claquettes mal ajustées font aux pieds des écorchures douloureuses. L’avitaminose et l'épuisement général aidant, apparaissent des blessures purulentes qui se cicatrisent difficilement et sont souvent la cause indirecte de la mort de milliers de déportés. Quand les médecins SS font les sélections, les blessures aux membres inférieurs sont souvent prétexte pour qualifier le déporté d'inutile et d'inapte au travail, ce qui signifie pour lui la mort.