L'opération Reinhard
6. Aspects économiques de l’opération Reinhard
La lettre de Globocnik à Himmler
Lublin, centre économique de l’opération Reinhart
L’instruction Frank du 26 septembre 1942
Le travail de récupération du Sonderkommando
Le partage des biens
Corruption
6.1. La lettre de Globocnik à Himmler
Odilo Globocnik écrit le 5 janvier 1944 de Trieste une lettre à Heinrich Himmler, dans laquelle il se confie sur les « aspects économiques » de l'action Reinhard. Il estime de manière très précise le bénéfice brut pour le Reich à plus de 178 millions de Reichsmarks (71 millions de dollars US), ce qui correspond aujourd’hui à environ 760 millions de dollars US. La lettre de Globocnik se réfère au bilan fait à Lublin le 15 décembre 1943, par le quartier général de l'Opération Reinhard. Il fait une évaluation des sommes d'argent, de l'or, et des biens pris aux Juifs des camps d'exterminations dont il était responsable. Les chiffres sont cités en marks allemands (à l'époque un dollar valait 2,5 marks). Le rapport contient le détail de différentes catégories : monnaies américaines, environ $1000.000 en liquide et $250.000 en pièces d'or ; autres monnaies étrangères de plus de quarante-huit pays ; d'autres pièces d'or de trente-quatre pays ; 2.910 kilos de lingots d'or ; 18.734 kilos de lingots d'argent ; des diamants pour un total de 16.000 carats… Le rapport se termine sur le total des biens juifs récupérés :
Liquide, zlotys polonais et marks allemands RM : | 73.852.080,74 |
Métaux précieux : | 8.273.651,60 |
Liquidités étrangères : | 4.521.224,13 |
Pièces d'or étrangères : | 1.736.554,12 |
Pierres précieuses et autres biens précieux : | 43.662.450,00 |
Textiles : | 46.000.000,00 |
Total en Reichsmarks : | 178.645.960,59 |
Cette somme ne constitue toutefois qu'une fraction des biens volés aux juifs européens. Il laisse naturellement dans l’ombre que ces rapines sont le résultat du massacre de plus de 2 millions de Juifs au cours de l’action Reinhard… Globocnik s'efforce de souligner la précision de sa comptabilité : Il y tient en effet beaucoup, car des rumeurs courent sur son manque d’ordre et de méthode dans le domaine économique… Il a d’ailleurs de quoi être inquiet : lorsqu’il était gauleiter de Vienne, il y avait eu une affaire de trafic illégal de devises, qui lui avait valu sa mise à l’écart… Il est d’autant plus inquiet qu’une grosse affaire de corruption au sein de la SS venait d’être mise à jour par le juge SS Konrad Morgen en 1943.
Himmler pouvait-il vraiment compter sur la précision des chiffres présentés par Globocnik ? Comme Globocnik l’avoue lui-même l’ensemble de la collecte des biens repose d’abord sur l'honnêteté des hommes de la SS et de leurs supérieurs impliqués directement da l’action Reinhard. Comme il n’y avait pas un véritable contrôle strict de toutes les valeurs, objets et autres biens récupérés sur les victimes dans les camps, personne ne se gênait pour se servir… Comme de plus l’idéologie nazie avait formé ces hommes à des valeurs de force, de domination, de brutalité, l’appropriation personnelle des objets de valeurs pris aux « Untermenschen » passe de loin avant le service de l’Etat…
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