Maly Trostinec
6. Les victimes
Dans son rapport du 23 mars 1943 à Himmler, le SS Richard Korherr, membre de la section « statistique » du RSHA résume l’état des déportations vers l’est au 31 décembre 1942 : Allemagne : 100.516 ; Autriche : 47.555 ; « Protectorat de Bohème-Moravie » : 69.677 ; soit un total de 217.748. Si l’on y ajoute les déportations de 1943, on peut parler de plusieurs dizaines de milliers de victimes assassinées à Maly Trostinec.
Dans la forêt de Blagowshtchina à 5km de Maly Trostinec, des massacres en masse ont lieu entre septembre 1941 et octobre 1943 ; on estime le nombre de morts à 150.000 ; En octobre, les sites de mise à mort sont déplacés dans la forêt de Shashkowa où plus de 50.000 Juifs sont massacrés. Des investigations soviétiques faites en 1944 et 1945 avancent le chiffre de 65.000 personnes tuées à Maly Trostinec. L’historien allemand Christian Gerlach estime le chiffre à 60.000. Comme dans la forêt de Blagovshchina environ 100.000 corps ont été enterrés, le chiffre des victimes de Maly Trostinec varie donc entre 100.000 et 206.000. Quoi qu’il en soit, de toutes les républiques soviétiques, c’est la Russie Blanche qui paya le plus lourd tribu à l’idéologie nazie durant la seconde guerre mondiale.
Le Juifs ne sont pas les seules victimes de la barbarise nazie : des milliers de civils de Biélorussie, des Partisans et surtout des milliers de prisonniers de guerre soviétiques ont été abattus à Maly Trostinec. Mais contrairement aux déportations venant de l’Europe de l’Ouest, il ne reste aucune « trace » administrative, aucun document officiel, aucun rapport… De ce fait les chiffres dénombrant ces victimes varient énormément : Pour l’ensemble de la région de Minsk, entre 206.000 (W. Benz) et 546.000 (conclusion d’une étude de 1995).
Dans les procès qui se déroulent après guerre en Allemagne, on condamne Otto Erich Drews, Otto Hugo Goldapp et Max Hermann Richard Krahner à la prison à vie, pour avoir exécuté des membres du « Sonderkommandos 1005 ». D’autres SS sont condamnés à diverses peines pour leur participation aux massacres de Minsk ou de Maly Trostinec. D’autres procès eurent lieu en Union Soviétique, mais dans l’ensemble seule une petite partie des meurtriers sera condamnée.
De tous les lieux de massacre de Pologne et de l’ex Union Soviétique, Maly Trostinec est le moins connu. Contrairement à Auschwitz ou Majdanek il reste très peu de traces de l’endroit et encore moins de témoins survivants. Enfin la recherche actuelle dispose d’encore trop peu de sources ; avec l’ouverture des ex pays de l’est, il faut espérer qu’un apport de nouveaux documents permette à Maly Trostinec de retrouver sa véritable place dans l’histoire de l’holocauste.
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