Le système concentrationnaire nazi
4.3. Le quotidien du camp
Une journée au camp
Les commandos
La sélection
Classification et règlement
4.3.3. La sélection
La sélection est toujours un tri, arbitraire et rapide, entre ceux qui survivront provisoirement et ceux qui vont mourir. Il en existe deux formes, de nature cependant assez différente.
Le premier type de sélection est celui qui a conduit à la mort le plus grand nombre de détenus, presque tous Juifs, a lieu dès la descente des wagons, sur la « rampe » d’Auschwitz. Après une séparation par sexe (tous les enfants demeurant avec les femmes), les gens passent devant un officier SS, souvent assisté d'un médecin, qui les oriente, à gauche ou à droite. D'un côté, le plus petit nombre, composé d'hommes en bonne santé manifeste (selon les époques, de 16 à 50 ans, ou bien de 18 à 45 voire 40 ans : cela ne dépend ni du camp ni de l'humeur des SS, mais tout simplement de l'ampleur des besoins et des places disponibles) et de quelques femmes. Ceux-ci sont affectés en camp de travail ou aux « Sondercommandos » des camps de destruction. De l'autre côté, l'immense majorité : vieillards, femmes, enfants. Aucune femme portant un nourrisson ou tenant un enfant par la main n’est épargnée. Les blessés, infirmes et nourrissons isolés sont chargés sur un camion pour être transportés à « l'hôpital » : derrière une haie ou un rideau d'arbres, une fosse où on les expédie d'une balle. Les autres sont conduits au gazage. Le sinistre Dr Mengele s'enorgueillit d'avoir, à Auschwitz, procédé à la sélection de dizaines de milliers de Juifs.
La seconde forme de sélection est celle qui est opérée régulièrement à l'intérieur du camp de concentration, pour réduire les effectifs en se débarrassant de ceux considérés comme « inaptes » : elle peut toucher le camp entier, le ou les Blöcke d'une catégorie, ou encore l'infirmerie (le « Revier »). A cette occasion, chaque déporté doit se présenter complètement nu et marcher devant l'officier ou le médecin, et est orienté d'un côté ou de l'autre. Dans la journée ou le lendemain, les sélectionnés, dont le numéro a été noté, sont emmenés. Dans les camps ne disposant pas de camion ni de chambre à gaz, ils sont tués d'une piqûre de phénol (on s'aperçut vite que l'effet était beaucoup plus rapide si on l'injectait directement dans le coeur). Sinon ils sont gazés sur place ou par envoi dans un camp de destruction.
Ces deux sélections aboutissent au même résultat. Mais, dans les camps, les déportés savent de quoi il s'agit, alors qu'à l'arrivée sur la rampe les gens ne comprennent pas l'immédiateté de l'issue.
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