Le système concentrationnaire nazi
2. Le camp, symbole du nazisme
Le camp : quelques définitions
Le camp, institution emblématique
La base légale du système
Le système et son sens
Le processus concentrationnaire
Le maître d'œuvre : la S.S.
2.3. La base légale du système
La base légale du système a pour particularité de mêler étroitement l'ordinaire et l'exceptionnel : les mesures d’exceptions se dissimulent dans la routine judiciaire et administrative sous couvert de procédure légale. C'est le RSHA, dirigé par Heydrich qui à la haute main sur les internements en camp et n'aura de cesse de s'assurer la collaboration des organes « normaux » de la justice, qu'il y ait procès en bonne et due forme, procès expéditif, ou pas de procès du tout. Le processus démarre « légalement » le 14 octobre 1933 avec l’instauration de la « détention de sécurité » et code d'internement dans les camps. C'est le début de la promulgation de lois et décrets sur la détention de sécurité, qui seront cascade. Le 25 janvier 1938 la « détention de sécurité » est dévolue à la seule Gestapo, marquant ainsi la mainmise définitive de la SS sur la « gestion » des camps… Puis à dater du 23 mai 1939, les détenus peuvent être transférés de la justice à la police (SS) pour application de la peine ou après l'avoir purgée en prison : le camp devient le prolongement logique de la prison… l’étape suivante est le transfert des détenus de « droit commun » du ministère de la justice (Thierack) à la SS (Himmler), le 18 août 1942…
Ces mesures organisent en fait la compromission et la complicité de l'appareil législatif et judiciaire qui renonce totalement face au « Führerprinzip » qui peut se résumer à éviter au maximum les ennuis résultant d’enquêtes interminables destinées à trier « entre les honnêtes gens et les gens nuisibles, entre les innocents et les coupables » (Hitler, propos de table rapportés par Rauschning « Hitler m'a dit »). C'est le renoncement total du droit à lui-même. Le 13 octobre 1942, le ministre le la justice écrit à Bormann : « Afin de libérer le peuple allemand des Polonais, Russes, Juifs et Tziganes et de rendre les territoires de l'Est qui ont été incorporés au Reich disponibles pour l'établissement de ressortissants allemands, j'ai l'intention de confier la compétence pénale sur les Polonais, Russes, Juifs et Tziganes au Reichsführer-SS. En agissant ainsi, je me fonde sur le principe que l'administration de la justice ne peut qu'apporter une contribution minime à l'extermination de tous ces peuples ».