Le Rhin
2. Le fleuve
Le cours du Rhin
Le régime hydrologique
Les crues
Les Ă©tiages
2.1. Le cours du Rhin
Le Rhin, long de 1 350 km, naît dans le massif du St Gothard et se jette dans la Mer du Nord. Il court le long de l’Alsace sur 180 km entre Bâle et Lauterbourg et forme aujourd’hui frontière entre France et Allemagne.
On subdivise le cours du Rhin en cinq tronçons principaux, bien différenciés :
- le Rhin alpin, des sources au lac de Constance ;
- le haut Rhin de Constance à Bâle ;
- le Rhin supérieur entre Bâle et Bingen ;
- le Rhin moyen de Bingen à Cologne ;
- le Rhin inférieur entre Cologne et le delta où il est rejoint par la Meuse.
2.1.1. Le Rhin alpin et le haut Rhin
Le Rhin alpin naît en Suisse de la réunion de deux branches, le « Vorderrhein » (Rhin antérieur) et le « Hinterrhein » (Rhin postérieur). Le Rhin antérieur, le plus long, naît au lac de Toma à 2 344m d'altitude, dans le massif du Saint-Gothard.
| Tomassee : le Vorderrhein forme un superbe canyon dans les Alpes des Grisons |
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| Tomassee : le Vorderrhein |
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Le Rhin postérieur, grossi de l'Averserrhein, est issu du massif de l'Adula, à 2 216m au pied du Rheinwaldhorn. Les deux torrents se joignent à Reichenau à une altitude d'environ 600m. Les pentes sont très fortes, de l'ordre de 15 à 25 mètres au kilomètre.
| Le Rheinwaldhorn (3402m) d’où sourd le Hinterrhein |
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| Le Rheinwaldhorn (3402m) et la vallée du Hinterrhein |
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Après 170 km de parcours, le Rhin pénètre dans le lac de Constance à Bregenz, à 394m d’altitude. Dans ce grand lac de 542 km², les eaux se clarifient et s'apaisent y déposant par an 3 à 4 millions de tonnes de matériaux. Le fleuve se dirige alors vers l'Ouest et dévale sur les calcaires du Jurassique aux célèbres chutes de Schaffhouse.
| Vaduz-Sevelen : le pont de bois sur le Rhin entre Suisse et Lichtenstein |
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| Constance : pont sur le Rhin |
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| Constance : le lac |
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| Schaffhouse : les chutes du Rhin |
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| Schaffhouse : les chutes du Rhin |
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En rive gauche, le haut Rhin est grossi des rivières dévalant des Alpes de l'Unterwald et des Alpes bernoises : la Thur et surtout l'Aar. L'Aar, et ses affluents, la Reuss et la Limmatt, drainent la haute chaîne alpine dominée par le Finsteraarhorn (4274m) et dont le domaine glaciaire y est beaucoup plus étendu que celui du Rhin alpin. Les débits élevés des ces torrent sont pondérés par plusieurs lacs (Thoune, Brienz, Quatre Cantons, Bienne...).
| Bad Säckingen en amont de Bâle, côté allemand : pont en bois sur le Rhin, 1785 |
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| Tomassee – lac Toma dans les Grisons : le Vorderrhein |
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| Le lac de Thoune et le lac de Brienz, au fond. Entre les deux, la ville d’Interlaken |
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Entre la confluence de l'Aar et Bâle, la pente moyenne tombe à environ 1 mètre par km. De nombreux lacs occupent une surface de 1 219km² et contrôlent 69% du bassin, ce qui entraîne une remarquable pondération du régime hydrologique. La surface totale des glaciers est estimée à 500 km², mais leur extension a considérablement régressé durant le dernier siècle, puisqu'elle était de 663km² vers 1875.
| Laufenburg en Argovie : la centrale sur le Rhin |
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| Le Rhin à Bâle |
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| Le Rhin à Eglisau-Tösseg (canton de Zurich), à quelques kilomètres en aval de Schaffhouse. Une centrale y est aménagée sur le fleuve |
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| Le Rhin Ă Eglisau (canton de Zurich)Â : la centrale sur le Rhin |
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2.1.2. Le Rhin supérieur
A Bâle, le fleuve s'oriente vers le Nord et coule jusqu'à Mainz (Mayence), dans le fossé rhénan, sur plus de 300km de long et environ 40km de large. Le Rhin sert de frontière sur plus de 180km et draine avec la Moselle (qui conflue à Koblenz-Coblence) 23 500km² de territoire français.
| La vallée de la Moselle en Allemagne. Une région viticole et touristique de premier plan |
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| Fessenheim : le vieux Rhin sauvage. Un paradis naturel |
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| Istein en Bade : la barre sur le Rhin |
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| Le Taubergiessen. Un paradis naturel où revit l’ancien Rhin |
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Dans la plaine d'Alsace - Bade, le Rhin coule sur un épais manteau d'alluvions, souvent supérieur à 200m, qu'il a déposé au cours du quaternaire. Cet immense « cône de déjection » constitue un des réservoirs aquifères les plus importants d'Europe. Autrefois, le fleuve divaguait largement dans ce secteur, en étendant son lit majeur sur plusieurs kilomètres de large. Mais à présent, les chenaux ont fait place à un tracé rectiligne, depuis les aménagements menés selon les plans de Tulla au XIXè siècle, et achevés au XXè siècle. Ces aménagements, par suite du raccourcissement de 32km, ont provoqué une forte reprise de l’érosion qui conduisit à la construction du « grand canal d'Alsace » entre 1929 et 1959, doublant le Rhin sur une longueur de 52km.
| Marckolsheim : la centrale sur le bief du Rhin |
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| Fessenheim : le canal de navigation |
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| Chalampé. Le Grand Canal d’Alsace |
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En aval de Brisach, les ingénieurs ont adopté la solution des « aménagements en festons » (barrages hydro-électriques de Marckolsheim, Rhinau, Gerstheim, Strasbourg, Gambsheim, Iffezheim). Mais chaque intervention repousse vers l'aval la reprise de l'érosion, et la stabilisation du lit ne sera réalisée qu'après un aménagement complet sur l'ensemble du parcours, ce qui représente une grave menace pour l'équilibre naturel déjà très compromis.
| La Wantzenau : le long de l’Ill |
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| Iffezheim. La centrale et l’écluse vues par satellite |
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| Rhinau : la centrale électrique |
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Entre Bâle et Lauterbourg, la pente du fleuve passe de 1 mètre à 0,5 mètre par kilomètre. Le Rhin reçoit peu d'affluents : l'Ill et de petites rivières issues des Vosges et de la Forêt-Noire (Moder, Lauter, Kinzig, Murg...). Après avoir quitté la France, il poursuit son chemin entre les massifs de la Haardt à l'Ouest et de l'Odenwald à l'Est, alors que la pente ne cesse de diminuer (0,20 m/km). A Mannheim, le fleuve est grossi du Neckar qui draine l'Odenwald. Puis, c'est dans le dernier tronçon du Rhin supérieur que conflue le Main (à Mayence), l'un de ses principaux affluents. A l'aval de Mayence, le fleuve oblique vers l'Ouest dans le Rheingau et son lit s'élargit, enserrant de nombreuses petites îles.
| Lauterbourg : la base Nautique |
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| Ludwigshafen-Mannheim : le pont Schumacher sur le Rhin |
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| Les bras morts du Rhin Ă Leopoldshafen en Bade, au nord de Karlsruhe. |
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| Les bras morts du Rhin Ă Leopoldshafen en Bade, au nord de Karlsruhe. |
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| Le monument du Niederwald près de Rüedisheim dominant le Rhin : « Die Wacht am Rhein » |
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| Le Rhin à Walluf près de Wiesbaden |
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2.1.3. Le Rhin moyen
A partir de Bingen, où conflue la Nahe, le Rhin change brusquement de physionomie et entame sa « Trouée héroïque » à travers le Massif schisteux rhénan, sur une longueur de 113km jusqu'à Bonn. Le lit se rétrécit, la pente s'accélère (3 à 8 mètres au kilomètre par endroits) et les eaux roulent sur un fond rocheux, dangereux pour la navigation. Entre Bingen et Coblence, le fleuve évolue dans des gorges aux versants raides et le plus souvent tapissés de vignes. Il contourne, peu avant Saint-Goar, le célèbre rocher de la « Lorelei ». Au niveau de Coblence, il reçoit successivement la Lahn en rive droite et la Moselle en rive gauche, son principal affluent. A la hauteur de Bonn, les rives s'écartent à nouveau, la pente retombe aux alentours de 0,24 m/km et la plaine d'inondation réapparaît.
| Bacharach sur le « Rhin romantique », entre Bingen et Coblence |
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| Le Rhin Ă Coblence |
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| Le rocher de la Lorelei entre Saint Goar et Bacharach, sur le « Rhin romantique » |
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2.1.4. Le Rhin inférieur
A l'aval de Cologne, le Rhin amorce son dernier tronçon dans la plaine de l'Europe du Nord. Les eaux s'écoulent lentement au coeur de vastes méandres, recevant successivement en rive droite la Ruhr, l'Emscher, et la Lippe. Peu après Emmerich, le Rhin courbe vers l’ouest et entre aux Pays-Bas. Il se divise ensuite en trois bras principaux, l'Ijssel vers le Nord, le Lek et le Waal vers l'Ouest.
Le delta qu’il formait étendait autrefois ses innombrables ramifications auxquelles venaient s'ajouter les bras de la Meuse, multipliant les risques d'inondation. Face à cette menace, les Hollandais ont doté la Meuse d'une embouchure différente, et le fleuve est contraint aujourd'hui de se jeter dans l'estuaire du « Hollandsch Diep ». La plupart des terres environnantes sont situées au-dessous du niveau de la mer, et constituent un paysage de polder très particulier.
| Le Rhin à Nimègue |
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| Le Rhin aux Pays Bas |
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| Le Waal près de son embouchure à Millingen, aux Pays Bas. |
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| Le Rhin à Emmerich, sur la frontière des Pays Bas |
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Articles connexes