Le Rhin
2.2. Le régime hydrologique
Le régime hydrologique du Rhin est relativement harmonieux, car ses différents apports sont complémentaires. D'amont en aval, les variations saisonnières se transforment progressivement sous l'influence combinée des conditions topographiques, hydrographiques et climatiques : d'un régime typiquement nivo-glaciaire avec des hautes eaux d'été au débouché des Alpes, le Rhin acquiert après les confluences du Main et de la Moselle, des caractéristiques plus océaniques avec des hautes eaux d’hiver. Mais ce régime harmonieux est aussi dû aux multiples aménagements réalisés sur l'ensemble de son cours depuis le XIXè siècle.
En amont de Bâle, le régime hydrologique du Rhin est conditionné par la topographie tourmentée et le climat qui en découle. La répartition saisonnière des précipitations se caractérise par un maximum d'été et un minimum d'hiver. Ces précipitations tombent essentiellement sous forme neigeuse en saison froide et s'écoulent donc très peu, et sous forme liquide en été sur plus de 90% de l'aire de drainage. Ainsi, durant la belle saison, toutes les conditions se trouvent réunies pour engendrer des hautes eaux. L'isotherme 0° remonte progressivement en altitude jusque vers 3000 mètres en juin et juillet, libérant d'importants stocks d'eau de fonte de neige et de glace, tandis que les fortes précipitations profitent de leur côté directement de l'écoulement. Les régimes fluviaux du domaine alpin évoluent donc essentiellement selon les conditions thermiques, l'altitude moyenne des bassins et le mode d'alimentation prépondérant : régime glaciaire, régime nivo-glaciaire et régime nivo-pluvial…
| Tomassee : le Vorderrhein forme un superbe canyon dans les Alpes des Grisons |
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| Le Rheinwaldhorn (3402m) et le Hinterrhein |
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A Bregenz, le Rhin traverse le lac de Constance, ce qui atténue considérablement sa vitalité. A Waldshut, le Rhin est grossi par l'Aar, rivière davantage marquée par l'empreinte glaciaire, mais au régime pondéré par de nombreux lacs. L'Aar apporte est moyenne 560m3/s au Rhin qui voit ainsi son débit multiplié par 2,5. A Bâle, le régime du Rhin conserve ses caractéristiques alpines. Sur la période 1808-1980, le fleuve débite en moyenne 1 030m3/s (1 522m3/s en juin et 689 m3/s en janvier), soit près de la moitié du débit de l'embouchure, alors qu'il draine à peine 20% de la surface totale du bassin.
| Rheinfelden en Bade : la centrale sur le Rhin |
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| Rheinfelden en Bade : passe à poisson sur le Rhin |
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| Stein am Rhein : le Rhin au sortit du lac de Constance |
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A partir de Bâle, les caractéristiques hydrologiques de la haute montagne s'estompent progressivement pour céder la place aux domaines de la moyenne montagne et de la plaine. (1493m, au Feldberg en Forêt Noire). Les principaux affluents prennent leur source entre 600 et 900m, de sorte que l'influence de la neige (rétention et fonte) devient négligeable. En moyenne, cette seconde partie du bassin rhénan reçoit environ 800mm de pluie par an, valeur bien inférieure à celle du secteur alpin. En outre dans de nombreuses régions, les quantités d'eau prélevées par évaporation durant la saison chaude entraînent un fléchissement marqué des débits, même dans les zones présentant un maximum pluviométrique d'été. En conséquence, le régime est un régime pluvial océanique à hautes eaux d'hiver et basses eaux d'été. Cette caractéristique devient dominante sur le Rhin lui-même au fur et à mesure qu'il s'éloigne de ses sources.
| Munchhausen. Plan d’eau |
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| Le Rhin à hauteur de Neuhaeusel, près de Fort Louis |
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Entre Bâle et Strasbourg, les débits du Rhin n'augmentent pratiquement pas, faute d'affluents. Plus à l'aval, les apports des Vosges et de la Forêt Noire élèvent quelque peu le débit moyen et commencent à rehausser sensiblement les débits d'hiver. C'est à Andernach, dans le Neuwied, que les débits moyens d'hiver dépassent pour la première fois les débits maxima classiques d'été : 2 540 m3/s en février, contre 2 090 en juin, le minimum se plaçant en octobre avec 1 480 m3/s.
Jusqu'au débouché en mer du Nord, le débit ne s'accroît que modérément et les derniers petits affluents ne font que renforcer l'influence prédominante de la Moselle. A Cologne, le fleuve charrie en moyenne 2 100 m3/s, et à Lobith (à l'amont de la partition du Rhin en plusieurs bras) environ 2 200 m3/s.
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Le Lek, un des deux grands bras du Rhin à son embouchure en Hollande |
Il y a donc complémentarité entre les différents régimes, et établissement d'une remarquable compensation. Mais cette régularité n'exclut pas des événements hors de la norme, crues et étiages, en fonction des vicissitudes des conditions climatiques.
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