Alsace : l’Alsace au temps des « malgré nous »
12.4. Le procès de Bordeaux
Lammerding, le bourreau d’Oradour, mourra dans son lit en 1971 |
Au lendemain de la guerre, ces 14 alsaciens (13 « Malgré Nous » alsaciens incorporés de force, et un Alsacien engagé volontaire) sont retrouvés puis traduits en justice. Seul de simples exécutants sont jugés ; aucun donneur d'ordre ne se retrouve sur le banc des accusés, particulièrement le commandant de la division, Hans Lammerding. Le procès est difficile et très controversé : la population réclame un jugement de vengeance, les avocats des Alsaciens invoquent la contrainte qui a pesé sur les incorporés de force, menacés, eux ou leurs familles, de déportation s'ils désobéissaient à leurs ordres d'incorporation.
Procès de Bordeaux : arrivé des « Malgré Nous » alsaciens. |
Ainsi tombe le verdict du jugement rendu le 11 février 1953. Les soldats du rang sont condamnés à des peines de travaux forcées et le procès des Malgré-nous est jugé avec la même sévérité. Le sergent volontaire est condamné à mort et les autres accusés à de lourdes peines de travaux forcés. Le verdict obtient l'assentiment de la majorité de la population limousine, mais déclenche d'énormes protestations en Alsace, à tel point que le spectre de l'autonomie alsacienne se fait ressentir. Des manifestations constituées de militaires, parlementaires et religieux se multiplient dans toute l'Alsace et la Lorraine. Une mobilisation réclamant la réhabilitation des condamnés, et avec eux, de tous les « Malgré Nous » dont le malheur d'avoir été incorporé de force est maintenant renforcé par l'opprobre jetée sur eux.
Suite à ces manifestations qui donnent lieu à d'âpres discussions, le gouvernement est amené à faire voter en urgence une loi d'amnistie, valable pour tous les « Malgré Nous ». Après de nombreux allers-retours au sein du parlement très divisé sur la question, la loi est votée le 21 février, et les « Malgré Nous » libérés.
![]() | ![]() | ||
Chapitre Précédent | Chapitre suivant >>> |
