Alsace : l’Alsace au temps des « malgré nous »
8.4. Tambow
Prisonniers alsaciens « Malgré nous » au camp de Tambov (U.R.S.S.) : distribution de soupe. Les nombreux Alsaciens incorporés de force dans la Wehrmacht sont envoyés, pour une grande partie, sur le front russe. Ceux qui sont faits prisonniers par l'Armée Rouge sont regroupés pour la plupart dans le camp de Tambov (U.R.S.S.). Ce dessin d'un ancien montre la distribution de la soupe aux prisonniers abrités dans les baraques souterraines. |
Le camp ressemble à tous les autres camps des dictatures, avec ses 4 rangées de barbelés, ses 5 miradors, ses baraques surpeuplées, destinées chacune à recevoir en principe 120 prisonniers, mais en comptant jusqu’à 350…
Prisonniers de guerre alsaciens au camp de Tambov. |
La guerre finie, débute la lente et difficile procédure de rapatriement. Malgré l'accord franco-soviétique signé en 1945 et l'envoi d'une mission française à Moscou, les blocages se multiplient, qu'ils soient liés à la complexité du dossier pour les Soviétiques (comment trier les Alsaciens-Lorrains des Allemands, les « Malgré-Nous » des collaborateurs ?), à la rétention d'informations, aux réticences à se séparer d'une utile main d'oeuvre quasi gratuite, ou aux enjeux diplomatiques. Moscou exige en effet le rapatriement réciproque des citoyens soviétiques (mais bien souvent émigrés « blancs » ou originaires de territoires récemment annexés par l'URSS, baltes et polonais notamment) qui se trouvent en France ou dans la zone française d'Occupation en Allemagne et en Autriche, et qui, s'appuyant sur une résolution de l'ONU, refusent ce retour forcé. D’autre part, à la Libération, le Général de Gaulle n’intervient que mollement en leur faveur, ne voulant mécontenter ni les communistes français très puissants, ni Staline avec qui il envisage certaines alliances politiques.
Le camp de Tambov. |
Des « malgré nous » ont également été faits prisonniers par les Américains, Anglais et Français des Forces Françaises Libres. Certains ont été prisonniers au camp de La Flèche dans la Sarthe, dans des conditions difficiles mais qui n'avaient rien à voir avec les camps Soviétiques.
Ceux qui ont survécu aux camps et sont rentrés en France subirent, en plus, une terrible humiliation, étant assimilés par certains aux volontaires de la LVF, donc à des traîtres, et surtout diffamés par le parti communiste qui ne tolérait pas qu'ils puissent dénoncer les souffrances subies dans les camps soviétiques !
Il faut enfin signaler les 3.000 jeunes filles alsaciennes, elles aussi incorporées de force comme auxiliaires dans les formations allemandes de la DCA. Près de 1.000 d’entre elles, enrôlées comme opératrices radio dans les villes allemandes soumises aux bombardements alliés, ne sont pas revenues.
