Le camp de concentration de Jasenovac, l’Auschwitz des Balkans
1. Le régime oustachi
Le 6 avril 1941 les troupes du Reich, d’Italie, de Bulgarie et de Hongrie envahissent la Yougoslavie. Les vainqueurs se partagent le pays et créent le 10 avril à partir de la Croatie et de la Bosnie l’état indépendant de Croatie « Nezavisma Drzava Hrvatska » Salué par la grande majorité des Croates, cet état compte à côté des 3,5 millions de Croates, environ 2 millions d’autres personnes, en grande majorité des Serbes.
Le mouvement Oustachi au pouvoir a été fondé en 1929 par l’avocat de Zagreb Ante Pavelic (1889-1969). Pavelic est un fidèle adepte du « père de la patrie », Ante Starcevic (1823-1896) dont les radicaux vantent la pensée très proche des principes fondamentaux du fascisme, principalement l’idée de la race telle que la concevait Hitler. Mais même les journaux pro fascistes décrivent les Oustachis comme des gardes incultes et incapables qui mesurent leur patriotisme à l’aune du nombre de Serbes et de Juifs massacrés.
Très rapidement sont édictées des lois et décrets fascistes ressemblant trait pour trait aux lois nazies : loi pour la protection du peuple et de l’état (17 avril), loi sur l’appartenance à la race (30 avril), loi sur la protection du sang aryen et de l’honneur du peuple croate (30 avril). La manière dont il faut traiter les minorités fait l’objet d’un discours le 22 juillet 1941 à Gospic de Mile Budak (1889-1945) fêté par les Oustachis, représentant « doglavnik » du chef de l’état et ministre du culte : « Le mouvement oustachi est basé sur la religion. Pour les minorités –Serbes, Juifs, Tziganes – nous avons 3 millions de cartouches : un tiers des Serbes, nous les tuerons, un second tiers, nous les déporterons. Ceux qui resteront seront enrôlés de force dans l’armée croate catholique et romaine et deviendront de bons Croates. Ainsi notre nouvelle Croatie sera vidée de tous les Serbes et sera d’ici à 10 ans à 100% catholique. »
Effectivement, les méthodes employées sont fort éloignées des principes nazis : les Oustachis n’emploient ni les gaz ni les fusillades pour massacrer systématiquement Serbes, Juifs et Tziganes (dans cet ordre). Ce qu’il accomplissent à la hache, à la masse et au couteau finit par provoquer les réactions et les protestations des émissaires allemands comme le général Edmund Glaise von Horstenau et l’ambassadeur Hermann Neubacher. Ils s’élèvent contre la folie meurtrière débridée et la « croisade croate de la destruction » des Oustachis. L’armée italienne réagit beaucoup plus directement en reprenant possession le 5 septembre 1941 de l’Herzégovine afin de protéger les Serbes et les Juifs de la folie meurtrière des Oustachis.
Parmi les premières lois du nouvel état croate il est prévu en mai 1941 d’interner dans des camps tous les opposants au régime. Rapidement sont érigés les camps de Jasenovac, Dakovo, Sisak, Stara Gradiska, Lepoglava, Lobor… Jasenovac est de loin le camp le plus important. Le 25 novembre 1941 Pavelic et son ministre de la justice Mirko Puk signent l’ordonnance permettant l’internement en camp de tout opposant pour motifs « racistes, religieux, nationaux ou politiques… »
Chapitre précédent | Chapitre suivant |
Le camp de concentration de Breendonk
Le camp de concentration de Lackenbach
Le camp de concentration de Lichtenburg
Le camp de concentration de Moringen
Le camp de concentration de Neue Bremm
Le camp de concentration d'Omnen
Le camp de concentration de Plaszow
Le camp de concentration de Radogosz
Le camp de concentration de Sonnenburg
Le camp de concentration de Vught (Hollande)
Le camp de concentration de Westerbork
Le camp de concentration de Langenstein
Le camp de concentration de Grini
Le camp de concentration de Poniatowa
Les camps de concentration de Lublin
Le camp de concentration de Blechhammer
Le camp de concentration de Budzin
Le camp de concentration de Hinzert
Le camp de concentration de Lwow Janowska
Le camp de concentration de Varsovie
Le camp de concentration de Pustkow
Le camp de concentration de Risiera di San Sabba
Le camp de concentration de Trawniki