Strasbourg : la ville au Moyen Age (Alsace)
4.2. Le XIIè : l’âge roman
Architecture
Sculpture
Peinture
Vitrail
Littérature
Après un Xè siècle troublé l'Alsace connaît un renouveau intellectuel et artistique, qui ira s'amplifiant jusqu'à l'épanouissement du XIIIè. Cet essor de la civilisation demeure essentiellement l'œuvre des clercs. A partir du XIIè, l’histoire de l’art est donc bien mieux connue à Strasbourg et fournit des témoignages biens plus riches.
4.2.5. Littérature
Le plus grand poète alsacien de cette époque est sans conteste Gottfried de Strasbourg, auteur du « Tristan », l'œuvre la plus remarquable que l'Alsace ait jamais produite. La vie de l’auteur est inconnue ; tout au plus le titre de « Maître » qui lui est souvent appliqué, permet-il de penser que ce fut un bourgeois de Strasbourg, mort vers 1210. Son poème compte près de 20 000 vers, et est inachevé. Gotfried dit lui-même qu'il effectua de longues recherches dans des ouvrages français et latins, et qu'il découvrit la « vraie relation » dans le poème de Thomas de Bretagne. L'élégance de ses vers, parsemés de mots et de locutions françaises, son talent de conteur, son art de la progression dramatique sont admirables. Son génie se remarque surtout par deux traits, qui le séparent des Minnesänger :
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- Gottfried fait appel à la nature pour rendre plus sensible et amplifier la passion des deux amants, par l’évocation des fleurs, des arbres, de la rosée, du chant des oiseaux, du murmure de la forêt, du vent et des sources.
- Surtout il substitue à l'amour courtois et conventionnel la passion irrésistible, implacable, si folle que seule peut l'expliquer l'absorption d'un philtre magique. « Tristan, comme un captif, cherche à se délivrer. Il voudrait diriger son esprit d'un autre côté et changer de désir ; mais il est toujours retenu dans les mêmes liens et, lorsqu'il interroge son cœur, il n'y trouve que deux choses, l'amour et Iseut, inséparables ».
C'est cet accent de profondeur et de vérité qui a maintenu jusqu'à nos jours la résonance de l'œuvre de Gottfried. Le poème est tant admiré qu’Ulric de Türheim et Henri de Freiberg l’achèveront entre 1230 et 1290, mais sans le bonheur de leur maître.