La taille et la forme des baies sont dépendantes de la maîtrise des forces. Jusqu'à l'époque carolingienne, la taille des baies dépend faiblement de la structure de l'édifice, car les voûtes concrètes de type romain ou les charpentes à entrait des églises préromanes n'exercent pas de force d'écartement. Les murs, n'ayant pas de poussée à contenir, peuvent être percés de grandes baies (le plus souvent en plein cintre et non ébrasées), dont l'emplacement n'est pas strictement soumis aux règles architecturales.
Par contre, à l'époque romane, le choix de voûter les églises conduit les bâtisseurs à épaissir les murs afin qu'ils ne versent pas sous la poussée des voûtes, et à doter l'église de toute une structure de résolution des forces. Les risques sont tels que les fenêtres hautes du vaisseau central sont supprimées. Quant aux murs des collatéraux - où les risques sont moindres que dans le vaisseau central - ils ne sont jamais percés de grandes ouvertures. L'étroitesse et la rareté des baies (dans la majorité des cas, une à deux seulement par travée de collatéral, et aucune directement dans le vaisseau central) assombrissent donc considérablement l'édifice.
Barth'>Barthélemy. L’intérieur après restauration'> | Farges-lès-Mâcon (Saône et Loire) : l’église saint Barth'>Barthélemy. L’intérieur après restauration |
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 | Le Mans, cathédrale saint Julien. La nef romane |
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 | Come : Sant’Abbondio. La nef et le bas côté. Art lombard, XIè |
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 | Cologne : l’église Gross Sankt Martin : la nef vue vers la façade occidentale |
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Plusieurs procédés sont alors employés pour pallier ce manque de lumière :
- L'ébrasement : par une taille en biais de l'embrasure de la baie, les bâtisseurs romans réussissent - tout en conservant une ouverture extérieure étroite - à faire pénétrer plus de lumière dans l'édifice, sans risque pour la construction. Utilisé systématiquement dans de nombreuses églises, il devient l'une des caractéristiques de l'architecture romane.
 | Saint Guilhem le Désert. Absidiole du chevet et ses remarquables ébrasements de fenêtres |
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 | Murato (Haute Corse) : l’église San Michele. Nef nord : fenêtre est |
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- Les baies aveugles : la diminution du nombre des baies entraîne un accroissement des surfaces murales. Les baies aveugles ne remédient pas au manque de lumière mais constituent un décor de fausses baies qui rompent la monotonie des surfaces nues. Elles se multiplient à l'époque romane.
 | Saint Saturnin (Puy du Dôme) : l’église saint Saturnin. Flanc nord |
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 | Rétaud (Charente Maritime) : église saint Trojan. Décor de la corniche du chevet |
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 | Saint Benoît sur Loire (Loiret) : abbaye saint Fleury. Elévation de la nef |
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