Fils de Pépin, Charlemagne règne seul à partir de 768 après avoir éliminé son frère Carloman et tente de créer une civilisation européenne unie, du Holstein à Bénévent : même loi, même religion, même culture, malgré de sérieuses résistances. Sous son impulsion, un magnifique mouvement artistique accompagne le réveil de la civilisation dans l’Empire et se prolonge sous ses successeurs immédiats, Louis le Pieux et Charles le Chauve.
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| Monnaie d’or de Charlemagne |
Sur un fond gallo-romain et mérovingien, dans l'ombre des basiliques chrétiennes primitives, l'art carolingien s'enrichit des traditions séculaires de l'Orient. Des rapports étroits, commerciaux et religieux, existent entre le Levant méditerranéen et l'Occident : afflux des marchands syriens, des ermites et des moines de Syrie et d'Egypte, pèlerinages à Rome, à Jérusalem et aux Lieux saints, relations terrestres et maritimes.
 | | Eglise saint Georges d’Oberzell sur l’île de la Reichenau, lac de Constance. Vue de l’intérieur vers le chœur. |
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Byzance et le Proche Orient enrichissent l'Occident de tout ce qu'ils ont de plus somptueux et de plus noble. La liturgie romaine, chargée de traditions grecques et orientales, remplace la liturgie mérovingienne. L'orient est à la mode et fournit maints motifs à la construction et à la décoration. Un des principaux conseillers de Charlemagne, Théodulphe, grand collectionneur d'objets orientaux, se fait construire à Germigny-des-Prés une chapelle de type oriental. Les coupoles sassanides, les arcs tréflés et polylobés, les modillons à copeaux venus de Cordoue et de Kairouan, les monstres de Chaldée, d'autres détails encore, témoignent de la pénétration de l'Orient en Occident.
 | | Ivoire carolingien avec Christ en majesté. Volet d’un diptyque en ivoire proche de l’évangéliaire de Godescalc. IXè. Bruxelles, musée royal d’art et d’histoire |
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Mais les traditions de l'art chrétien primitif ne sont pas pour autant rejetées : aux basiliques à nef et collatéraux terminés par un hémicycle, les Carolingiens ajoutent un transept et une travée droite de choeur, ainsi qu'un massif occidental comprenant un narthex surmonté d'une tribune entre deux tours d'escalier. D'aspect parfois sévère à l'extérieur, elles brillent à l'intérieur d'un riche décor, inspiré en partie par Byzance : mosaïques et peintures, sculptures, marbres, et stucs, courtines et voiles de tissus précieux, soies brochées d'or et ornées de perles, châsses, vases sacrés, lampes, pièces d'orfèvrerie rehaussées de cloisonnés.
 | | Lorsch : la porte triomphale de l’entrée de l’abbaye |
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