STOSKOPFF Sébastien
4. L’œuvre de Stoskopff
Objets de la vie quotidienne « monumentalisés »
Natures mortes avec livres et écrits
La Grande Vanité
Objets de cuisine
Natures mortes avec des personnages
La table mise
Corbeilles de verres et pièces d’orfèvrerie
Toiles avec des coquillages
La série avec carpes et boites en copeaux de bois
Le trompe l´œil
Il reste de l’œuvre de Stoskopff entre 60 et 69 tableaux, selon les critiques. 10 d’entre eux sont datés et entre 26 et 29 signés « StosKopff » de la main du maître. Toutes les œuvres signées sont des natures mortes. Mais des correspondances attestent que Stoskopff était aussi portraitiste, et qu’il a notamment exécuté un double portrait du comte Jean de Nassau-Idstein et de son épouse Anna.
Pour la plupart, les œuvres de l’artiste ont pour thème la représentation d’objets quotidiens, très souvent dans le domaine de la cuisine ou de la nourriture.
4.1. Objets de la vie quotidienne « monumentalisés »
4.1.1. Coupe de fraises
Stoskopff Sébastien : Nature morte à la coupe de fraises. Œuvre signée. Huile sur bois, 21x36cm. Strasbourg, Musée de l’œuvre Notre Dame. (Histoire de l’art) |
Le tableau représente, posée sur une planche de bois, une coupe blanche décorée de motifs bleus, sans doute une porcelaine chinoise de la période Wan-Li (1513-1619). La coupe est bordée de grandes feuilles vertes largement débordantes. Elle est remplie d’une montagne pyramidale de fraises rouges et blanches aux tiges coupées. Elle se détache d’un fond brun olive très neutre. La lumière arrive directement de gauche sur la coupe, éclairant la partie gauche et assombrissant la partie droite. Les fraises blanches se trouvent plus dans la lumière : elle permettent à l’artiste de mieux structurer les couleurs du tableau ; sur la surface des fraises de petites touches de couleurs donnent leur éclat aux fruits.
La coupe emplit tout l’espace, légèrement positionnée vers la gauche, légère asymétrie qui donne une certaine vie au tableau et équilibre l’espace plus lumineux à droite. Autre élément d’équilibre de la composition : les grande feuilles de droite qui débordent largement la coupe répondent à la feuille de gauche, elle aussi largement débordante. C’est donc une composition stricte et très étudiée avec un motif très simple, du quotidien, ce qui confère à l’ensemble une certaine monumentalité, monumentalité accentuée encore par un choix précis des couleurs : rouge éclatant des fruits, bleu légèrement cassé de la coupe de porcelaine, vert foncé des feuilles sur fond sombre…
Le motif de la nature morte aux fruits dans des coupes est un des thèmes préférés de Stoskopff mais aussi des artistes de ce genre de son époque. Les représentations d’objets de la vie quotidienne sont de petits tableaux, de dimensions d’environ 20 x 30cm ou de 50 x 60cm. Les fonds sont en général sombres et le volume est donné uniquement par l’objet représenté qui rempli tous l’espace. La palette de couleurs et les effets de lumière sont chauds et vaporeux et seuls les objets représentés ont des touches de couleurs vives.
Les objets représentés ne sont pas uniquement formels, ils ont beaucoup plus d’importance, car l’artiste fait tout pour qu’ils attirement immédiatement l’œil du spectateur. Ce sont des objets ordinaires, sans valeur et sans aucun exotisme. Leur charme réside donc uniquement dans la « présence optique » que leur confère l’artiste. Ils témoignent de la haute conscience d’un artiste de son talent, tant il est capable de transformer des ustensiles ordinaires et quotidiens en objets exceptionnels…
4.1.2. Nature morte aux assiettes et à l’écrevisse
Stoskopff Sébastien : Nature morte aux assiettes et à l’écrevisse. Œuvre signée. Huile sur toile, 28,5 x 31,5cm. Le Havre, Musée des Beaux-Arts André Malraux. (Histoire de l’art) |
4.1.3. Nature morte aux assiettes et aux fruits
Stoskopff Sébastien : Nature morte aux assiettes et aux fruits. Œuvre signée. Huile sur toile, 28,5 x 31,5cm. Le Havre, Musée des Beaux-Arts André Malraux. (Histoire de l’art) |
Stoskopff utilise bien d’autres objets du quotidien pour ses œuvres : baquets de bois avec poissons, réchaud, miches de pain, choux et pommes avec cruche, coquillages, boîtes en bois avec divers ustensiles ou fruits, assiettes en zinc, planches de bois servant souvent de support à ses natures mortes…
Ainsi en est-il de deux natures mortes aux assiettes et verre, les deux conservées au musée du Havre qui en quelque sorte se correspondent : devant un fond noir, Stoskopff présente plusieurs objets en partie sur des assiettes en étain, en partie sur la planche en bois typique de ses œuvres. La première toile représente sur le bord gauche de la table une assiette reluisante en étain sur laquelle est posée une écrevisse rouge ; à droite, un citron. Au second plan, trois assiettes en étain posées les unes sur les autres : la seconde est posée retournée sur la première, pour garder quelques mets bien au chaud. Dans la troisième, plus petite, une sauce rouge-brun. A gauche, un verre vénitien rempli de vin blanc.
On retrouve le même verre vénitien, mais à la coupe plus élancée, sur l’autre tableau, mais sur la partie droite. A l’avant plan et à gauche, dépassant un peu la bordure de la planche, un petit pain ; juste à coté, une assiette en étain portant une pomme bien mure qu’entourent des noix. En arrière, une assiette un peu plus grande sur laquelle est posée un morceau de fromage.
La composition, les formes et les couleurs se correspondent dans les deux images : grandeur et importance de l’assiette et du verre, traitement des couleurs de la pomme et de l’écrevisse, du citron et du pain, du fromage et de la sauce… Se correspondent aussi les diverses diagonales servant à composer les tableaux.
Dans ces deux compositions Stoskopff utilise à merveille l’espace, sans que les objets représentés perdent leur effet propre. L’objet isolé, Stoskopff lui confère un caractère monumental, qui, par son opulence esthétique transcende sa valeur matérielle.
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